Les détenues dans les affaires Talon ont recouvré leur liberté provisoire dans la soirée de ce 19 mai 2014 suite à une audience au Palais de justice à Cotonou. Au-delà de la joie qu’engendrent ces libérations, cette décision interpelle sur l’indépendance de la justice béninoise eu égard à la célérité avec laquelle le dossier a été appelé suite au pardon de la Haute Autorité.
La justice béninoise roule à double vitesse. C’est en substance le point de vue de certains béninois suite à la mise en liberté provisoire des personnes détenues dans les affaires dites de tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat et d’empoisonnement de Boni Yayi.
Il aura suffi de l’historique pardon, du Chef de l’État le 14 mai 2014, pour constater la célérité avec laquelle la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Cotonou s’est réuni pour connaître de ces deux dossiers. Cinq jours après le pardon du Chef de l’Etat, Johannes Dagnon, Soumanou Moudjaïdou, le Dr Cissé, Zoubérath Kora etc. détenus dans les liens préventifs, bénéficient d’une liberté provisoire en attendant le 16 juin où le dossier sera vidé au fond.
Une bonne nouvelle pour les familles certes mais qui interpelle chaque citoyen lorsqu’on sait que bien avant l’affaire Talon, des centaines de dossiers similaires renvoyés par la Cour Suprême devant la chambre d’accusation de la Cour d’Appel ne sont toujours pas traités depuis plusieurs années. Les juges sont indépendants certes mais dans le cas d’espèces, cela peut paraître invraisemblable. Eh ! Oui. C’est bien vrai.
Sacré Ptocureur Général
Après le premier verdict de la Cour d’appel de Cotonou suite aux ordonnances du juge Angelo Houssou le 17 mai 2013, les avocats de la défense étaient montés au créneau pour demander la mise en liberté des détenus malgré l’appel interjeté par le Procureur Général. Cette requête avait été rejetée par le Parquet Général.
Dans sa décision en date du 2 mai 2014, la Chambre judiciaire de la Cour Suprême du Bénin a renvoyé l’affaire Talon à la Cour d’appel avec une Chambre d’accusation constituée autrement. Ce qui prolonge de fait la privation de liberté des détenus.
En terme clair, les faits n’ont pas changé. Mais chose curieuse, c’est ce même parquet qui, contre toute attente a révisé sa position au cours de l’audience de ce 19 mai, en soutenant désormais la position de la défense. C’est à dire la demande de mise en liberté provisoire des prisonniers.
Si tant est que on savait qu’on allait accorder un pardon pour arrêter la procédure judiciaire, pourquoi avoir commis des avocats pour se constituer en partie civile et d’interjeter appel et faire appel en cassation ?