Qui de Jean-Baptiste Alloukpé, Claire Houngan Ayémona et Geneviève Boko Nadjo aura la faveur des députés de la sixième législature pour siéger à la commission électorale nationale autonome (CENA) ? Difficile de répondre pour l’instant à une telle interrogation. Mais, certaines indiscrétions révèlent que des manœuvres politiques sont déjà en cours pour imposer le choix de l’un des trois, notamment madame Geneviève Boko Nadjo. Or, lorsqu’on jette un regard sur le profil décrit par la loi n° 2013-06 portant code électoral en République du Bénin votée le 8 avril 2013 puis corrigée le 27 septembre 2013 et le résultat du vote opéré par l’Assemblée générale de l’union nationale des magistrats du Bénin ayant proposé ces trois candidatures, ce choix parait pourtant facile. En effet, Aux termes de l’article 19 de ladite loi, la Cena nouvelle formule est composée de 5 membres désignés par l’Assemblée Nationale. Ces membres de l’organe en charge de la gestion des élections sont choisis parmi « les personnalités reconnues pour leur compétence, leur probité, leur impartialité, leur moralité, leur sens patriotique et désignées à raison de 2 par la majorité parlementaire, 2 par la minorité parlementaire, et 1 magistrat de siège ». Toujours selon les dispositions de l’article 19 du Code électoral, « pour le choix du magistrat, l’assemblée générale des magistrats propose une liste de 3 magistrats de siège ayant exercé de façon continue pendant 15 ans au moins ». L’Assemblée nationale examine ensuite leurs profils ; afin de choisir l’un d’entre eux pour siéger au sein de la Cena. Plus précisément, ce magistrat sera désigné par un vote des députés à la majorité des 2/3 des membres du Parlement. Dans cette disposition de la loi, il est dit que le magistrat à choisir doit exercer de façon continue pendant 15 ans au moins. Parmi les trois noms proposés, on observe que madame Geneviève Boko Nadjo a été à un moment de sa carrière, nommée à un poste politique, notamment, directrice de cabinet au ministère de la justice sous le ministre Grégoire Akoffodji. Il en est de même avec madame Claire Houngan Ayémona qui a exercé en tant que ministre dans le gouvernement du président Mathieu Kérékou. Mieux, selon les résultats du vote de l’assemblée générale de l’union des magistrats du Bénin, le magistrat Jean-Baptiste Alloukpé, actuel président du tribunal de première instance de Porto-Novo a été plébiscité par ses pairs, avec environ 87 voix, contre 38 et 7 respectivement pour Claire Houngan Ayémona et Geneviève Boko Nadjo. C’est dire que si les députés devraient respecter l’esprit de l’article 19 du nouveau code électoral, seul la candidature du magistrat Jean-Baptiste Alloukpé répond le mieux. Malheureusement, les intérêts politiques en jeux par rapport à cette CENA, nouvelle formule pourraient amener les députés à en décider autrement. Il est pourtant souhaitable que pour une fois au moins, les élus du peuple et la classe politique en général transcendent des calculs politiques, afin de donner un sens aux textes de lois qu’eux-mêmes votent.