Le président Boni Yayi l’accusait d’avoir voulu attenter à sa vie. Réfugié à Paris, l’homme d’affaires Patrice Talon niait en bloc. Après dix-huit mois de rebondissements, le feuilleton a pris fin grâce à une médiation d’Abdou Diouf. Récit.
C’est l’épilogue le plus improbable d’un imbroglio politico-judiciaire qui aura tenu le Bénin en haleine pendant dix-huit mois. Dans la soirée du 14 mai, à la télévision nationale (ORTB), le président, Thomas Boni Yayi, a annoncé qu’il accordait son pardon à Patrice Talon, l’ex-magnat du coton, et à ses coaccusés. "Ce pardon s’adresse à messieurs Patrice Talon, Olivier Boko et à tous les détenus impliqués dans les dossiers d’association de malfaiteurs et de tentative d’assassinat par empoisonnement du président de la République d’une part, et d’attentat à la sûreté de l’État d’autre part", a-t-il expliqué. Soit au total huit personnes, dont six actuellement emprisonnées à Cotonou.
La médiation commence en septembre 2013 à Bamako. En marge de l’investiture d’Ibrahim Boubacar Keïta, le nouveau président malien, le Béninois Thomas Boni Yayi rencontre son homologue français François Hollande auquel il fait part de son mécontentement au sujet de la liberté d’action dont bénéficie en France son "ennemi Talon". Mais aussi du refus des autorités judiciaires françaises de faire droit à la demande d’extradition de l’accusé émise par le Bénin. Après avoir invoqué le principe de la séparation des pouvoirs, qui le prive de toute initiative en la matière, le président Hollande entrouvre la porte d’une solution négociée. Boni Yayi s’y engouffre aussitôt. "On peut comprendre cet empressement. Sur le plan personnel, il a été très affecté par cette affaire. Elle a également nui à l’image du Bénin", analyse un proche du Palais de la Marina.... suite de l'article sur Jeune Afrique