Le jardinage prend de plus en plus d’ampleur à Cotonou et environs. Les produits les plus cultivés sont les légumes. Ils ne nécessitent pas de saison. La culture de ces produits dans les zones urbaines fait appel à beaucoup de moyens et l’aménagement de l’espace revient aussi cher.
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« A combien vous vendez ce tas de Gboman », lance une cliente venue s’approvisionner en légumes. Gontran, jardinier de formation, arrose ses champs de légumes tout en discutant du prix avec sa cliente. Il cultive du Tchagno, concombre, aubergine, Haricot vert, persil, carotte, chou… Chaque culture se fait sur un périmètre de 10m2. Le jardin est installé sur un domaine d’un hectare à Womey. Pour ses produits, Gontran utilise des engrais comme les fientes, l’urée, de sulfate de potassium et le NPK. Il affirme « au début, c’était difficile, le terrain ne répondait pas à la production de piment, de tomate et d’oignon, mais avec le temps, j’ai adopté d’autres productions ». Ses clients sont majoritairement ceux qui sont à côté de son jardin et d’autres commerçants qui viennent de la ville. « L’entretien de l’espace me coûte 250 000 Fcfa le mois, après la récolte je me retrouve à 600 000/ 700 000 Fcfa par mois, chaque plante a ses caractéristiques et ne se traite pas avec n’importe quel engrais et la terre sableuse ne répond pas trop aux engrais », explique-t-il. Il a par ailleurs ajouté qu’il utilise les herbicides pour ne pas laisser pousser les herbes et avec un bon traitement, la laitue est prête à la vente à un mois. Il s’adonne plus à la culture des légumes, car pour lui, c’est plus rentable. Calixte, également jardinier de formation ne dira pas le contraire. « Je fais ce travail parce que ça me permet de me nourrir » a-t-il dit. Il va plus loin « Les semences sont disponibles, mais il n’y a pas d’engrais spécifiques pour les cultures maraîchères au Bénin, j’utilise ceux destinés, a la culture du coton. Nous avons besoin de formation et d’information afin de développer notre activité, car la terre et la volonté existent ». Les consommateurs aiment se ravitailler dans les jardins. « Les légumes produits dans les jardins sont plus présentables que ceux cultivés dans les champs, c’est pour ça que je me ravitaille en légumes et autres produits chez les jardiniers », déclare Nathalie. Contrairement à elle, Georgine trouve que les légumes produits dans les jardins ne sont pas meilleurs à ceux des champs. « Les légumes des champs sont plus doux que ceux des jardins, les seuls produits que j’achète au jardin sont les choux, la carotte, la betterave et la salade » a-t-elle confié. Les maraîchers, pour la plupart, se mettent en association pour bénéficier de l’aide des partenaires techniques et financiers. « Avant, j’utilisais les arrosoirs traditionnels mais avec le projet Grun, j’ai aujourd’hui un forage », révèle Gontran.
Une source de richesse
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Pour préparer, cultiver et entretenir son jardin, Gontran déclare dépenser 250 000 Fcfa le mois. Mais à la fin du mois, la vente de ses produits lui rapporte 600 000 ou 700 000 Fcfa, soit un bénéfice moyen d’environ 300 000 Fcfa par mois. Ses clients, c’est-à-dire les bonnes dames viennent acheter ces produits à bas prix mais les revendent plus ou moins cher. Dame Francine, vendeuse de légumes au marché de Godomey confie que pour une commande de 50 000 Fcfa, elle peut vendre jusqu’à 150 000 Fcfa, soit un prix de vente égal au triple de celui d’achat. C’est donc une très bonne affaire en la matière. Ce qui justifie certainement l’affluence de nombreuses personnes vers ce secteur.
Des difficultés !
Tout n’est pas rose pour les maraîchers. Ils sont parfois confrontés à un problème de la fréquence des saisons. Ce qui entraîne parfois la perte de la production. « Avant, on pouvait identifier les saisons et savoir quel produit cultiver à un moment donné. Mais actuellement, les saisons ne sont plus identifiables. Nous mettons en terre n’importe quel produit à n’importe quel moment et espérons que cela marche », affirme Onell, un autre maraîcher à Fidjrossè. De ce fait, ils sont obligés de faire usage de techniques plus modernes (drainage, méthode du goutte-à-goutte…) et des produits tels que les engrais pour accroître la production. Ce qui leur revient cher. A cela s’ajoute une baisse de la vente. Ceci se justifie par le fait que la production étant devenue chère, les revendeuses également n’arrivent plus à prendre les produits en grande quantité à cause du faible pouvoir d’achat des consommateurs. L’écoulement est aussi difficile. « En période pluvieuse nous n’arrivons pas à vendre comme on vendait en saison sèche », souligne Calixte.