Les personnes détenues dans les affaires tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat ont provisoirement recouvré leur liberté depuis lundi dernier. A leur libération, trois d’entre eux à savoir Moudjaïdou Soumanou, le Dr Mama Cissé Ibrahim et Zoubérath Kora se sont confiés à la presse. Ils ont pour la plupart dit leur déception. Lisez-les plutôt.
Moudjaïdou Soumanou « Je voudrais dire pardon à M. Talon »
« Je suis très heureux de recouvrer ma liberté et je rends grâce à Dieu tout puissant qui est seul le créateur de l’univers. Mais je demeure triste, je demeure triste ; je regrette ce scandale… Je demeure également triste car la méchanceté humaine n’a pas de limite, à travers toutes les manifestations de ce montage, de ce scénario.
Mais je voudrais personnellement dire pardon à monsieur Talon pour tout ce qu’il a subi. Je voudrais également remercier tout le peuple béninois et la manière silencieuse dont il a prié pour nous. Dieu a exaucé ses prières. J’ai aussi une pensée à Me Sambaou qui nous a quittés précocement,… et que Dieu garde sa famille. »
Docteur Mama Cissé Ibrahim : « Le temps des révélations viendra plus tard »
« Je suis le médecin-commandant Mama Cissé Ibrahim, détenu à la prison civile de Lokossa depuis le 20 décembre 2012 jusqu’à hier, 19 mai 2014. C’est des sentiments de joie. Je n’ai rien à déclarer pour le moment. Puisque je suis un militaire.
Le temps des révélations viendra plus tard. Je m’en tiens à ce que j’ai dit. Le temps des révélations viendra plus tard. Je dis merci à tout le peuple béninois, la communauté internationale et notamment mes parents, mes proches, mon épouse, mes beaux-parents. Si je dois tout citer, la liste sera très longue. C’est pour cela que je me contente de ce que j’ai dit. Je risque d’omettre beaucoup de noms. Or, je ne veux pas faire des frustrés »
Zoubérath Kora : « Ce qui a été raconté sur mon nom, c’est méchant »
« Je suis très contente. Mais je suis toujours révoltée. Parce que ce qui a été raconté sur mon nom n’est pas bien, au-delà c’est méchant. Je remercie mon avocat, je remercie mes parents qui m’ont soutenue, je remercie le peuple béninois, je remercie mes amis. C’est tout ce que j’ai à dire. Je vous remercie. »
Déclarations de quelques Avocats de la défense
Me Maxime Sévérin Quenum, Avocat de la défense « C’est une victoire d’étape »
« Je n’étais à proprement parler pas inquiet. J’étais surpris, un peu déçu par la décision qui avait été rendue. Je l’avais dit la fois dernière. Elle préparait une sortie par le haut ; une façon de permettre à quelqu’un de sauver la face. Ce qui vient d’être fait ou ce qui se fait à l’instant est une victoire d’étape pour nous avocats, parce que nos clients ont été remis en liberté provisoire. Il y aura une décision qui va consacrer la cessation définitive des poursuites et c’est en ce moment-là que nous aurons compris que cette affaire est vraiment réglée judiciairement.
La décision qui sera rendue plus tard nous permettra de renouer avec les fondamentaux du droit. Voyez-vous, nos clients sont encore couverts par la présomption d’innocence. La décision qui sera rendue plus tard nous servira de titre pour sceller définitivement le sort de cette affaire… »
Me Mohamed Baré, Avocat de Zoubérath Kora : « C’est un sentiment de satisfaction avec un arrière-goût de regret »
« Je l’ai trouvée contente et un peu triste de quitter les amis qu’elle a pu se faire ici dans cette prison. Et j’ai été ému par l’accueil et la tristesse que j’ai lue sur les visages à sa sortie de prison. Elle a été très malade en prison.
Tout le monde le témoigne et j’avais demandé, tel que la Constitution le permet, qu’elle soit suivie par son médecin ; ce qui a été ordonné par le juge. Mais je ne sais pas quelle mouche a piqué les autorités pour qu’elles envoient 8 éléments du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale l’arracher à 00 heure à son médecin pour la ramener nuitamment en prison (…).
C’est un sentiment de satisfaction avec un arrière-goût de regret en raison de toutes les méchancetés qui ont été dites sur elle, en raison de toutes les violations et immixtions intempestives du pouvoir politique dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire ; toutes choses qui ont retardé cette échéance. Sinon, mon client devrait sortir le 17 mai de l’année 2013. Toutes ces méchancetés nous sont restées au travers de la gorge. Mais nous sommes satisfaits en raison du fait que nos clients sont libres. On attend la décision au fond pour que le calvaire finisse… »