Durant toute l’année 2012, le dynamisme et l’activisme de Monsieur Yayi Boni alors Président de l’Union Africaine, au sujet des drames que vivait le Mali, n’a échappé à personne. Le Président du Bénin a été l’avocat infatigable de l’intégrité territoriale et du retour à l’ordre constitutionnel du Mali, dans toutes les capitales qui comptent dans le monde, dans toutes les instances, tous les foras où la voix de l’Afrique pouvait être entendue. Et elle fut entendue. Grâce à ce volontarisme de bon aloi que » Le Zénith Balé « , votre journal, a fortement salué à l’époque, tout en rendant un hommage mérité à Yayi Boni, le Mali a renoué avec sa constitution, ses partenaires, son intégrité et sa dignité.
Aujourd’hui, Yayi Boni n’est plus le Président de l’Union Africaine, l’opération Serval entre dans sa seconde phase, le Mali s’apprête à organiser l’élection présidentielle en juillet et la MINUSMA va poursuivre son déploiement sur toute l’étendue du territoire. Dans ce contexte quelque peu rassurant, la politique et même la politique politicienne reprend peu à peu ses droits, caractérisée, comme toujours, par ses revirements, ses reniements, ses trahisons, ses alliances et ses mésalliances parfois contre-nature, ses chausse-trappes, bref ses coups dont certains son passés maîtres ici chez nous.
Le cas qui nous intéresse aujourd’hui est celui d’un ancien ministre d’Alpha et d’Att, membre fondateur de l’Adéma et passé maître dans l’art de la combinazione, Soumeylou Boubèye Maïga (SBM).
En effet, ce politicien professionnel vient de lâcher pour la énième fois son parti pour tenter une énième fois l’aventure présidentielle, non pour gagner mais pour apporter sa pierre à l’élection d’un autre. Et cette fois il s’agit d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), le candidat désormais déclaré de la junte militaire et de ses affidés civils, avec à leur tête Oumar Mariko et consorts …, rejoints ces derniers jours, insinue-t-on dans des milieux généralement bien informés, par le Président par intérim Dioncounda Traoré, dont la réconciliation, au domicile de sa mère, avec IBK, a été confirmée par la visite que Dioncounda rendit, samedi dernier, au domicile du châtelain de Sébénikoro, IBK, le cerveau du coup d’Etat raté des 10 – 11 janvier 2013. Acte crapuleux qui a failli emporter pour de bon Dioncounda et toute la République avec lui, n’eut-été l’intervention de François Hollande à travers l’opération Serval. Cette alliance en gestation Sébénikoro-Koulouba-Kati, dont nous parlerons plus tard, ne saurait surprendre pour qui connaît le microcosme politique bamakois où la soif du pouvoir, la duplicité, la versatilité et la cupidité sont les sentiments les mieux partagés.
Ce qui nous surprend, par contre, c’est ce que viendrait faire Yayi Boni dans cette galère ? Cette question vaut son pesant d’or, car tous les Maliens ont suivi sur leur petit écran la signature d’un contrat de fourniture d’engrais pour 15 milliards de F CFA entre le Bénin et l’entreprise malienne Toguna-Industrie, avec une légitime fierté. Selon les propos que l’on prête à SBM, c’est le Président Yayi Boni, en personne, qui l’aurait invité à Cotonou, afin de le charger spécialement de conclure pour le Bénin ce juteux contrat avec Toguna-Industries dont les retombées, pour un intermédiaire de sa trempe, peuvent se chiffrer à plusieurs centaines de millions de F CFA. De quoi se refaire, voir venir et alimenter la cagnotte électorale de SBM et d’IBK ! Un coup assurément gagnant. Merci Yayi Boni !
Ainsi, par une pirouette de l’histoire, dont seule l’histoire a le secret, Yayi Boni le pourfendeur du coup d’Etat du 22 mars 2012 et ses auteurs, le chantre du retour à l’ordre constitutionnel, se retrouverait en 2013 l’allié objectif de ces mêmes putschistes pour porter à la tête du Mali leur homme-lige, IBK, qui n’a jamais rien concédé ni à l’Union Africaine, ni à la CEDEAO dans la résolution de cette crise et qui a sans cesse contesté leur légitimité à prétendre se mêler des affaires du Mali.
En tout état de cause, si la Communauté internationale veut réellement restaurer l’Etat et la démocratie au Mali, elle ne devra pas se borner à imposer des élections et un calendrier, elle doit impérativement les encadrer, les sécuriser et certifier car apparemment une grande mascarade se prépare avec un candidat, l’ami de Laurent Gbagbo ou plutôt un mythe que l’on veut nous imposer comme Président sous le fallacieux prétexte qu’il est le favori de la France qu’ils ont toujours vilipendée, alors qu’il ne dispose d’aucune base populaire et qu’en fait, il est censé retourner l’ascenseur à ses sponsors avec qui il partage l’amitié et l’admiration de Laurent Gbagbo, et qui comptent s’incruster durablement sur le devant de la scène politique.
Après avoir changé tous les préfets, ils s’apprêteraient à nommer de nouveaux gouverneurs à deux mois des élections pour boucler la boucle.
Wait and see. A ce jour ils ont lamentablement échoué dans toutes leurs tentatives de s’imposer à la tête du Mali comme les 10-11 janvier. Que Dieu une fois de plus vienne au secours de ce pays béni !