La majorité présidentielle plurielle est sous les feux de la discorde. Elle aborde un virage qui pourrait la faire voler en éclats. C’est le constat qui découle de la demi-victoire de son chef après la désignation de quatre des membres de la prochaine Commission électorale nationale autonome (Cena) qui, sera fonctionnelle pendant les sept (07) années à venir.
Selon des sources bien informées, des accords entre le chef de l’Etat Yayi Boni et le Parti du renouveau démocratique (Prd) seraient conclus pour faciliter le processus de désignation des nouveaux membres de la Cena, nouvelle formule.
Mais ces négociations faites au détriment de plusieurs partis (Rb, Ubdn, Upr, Rpr…), non Fcbe mais membres de la majorité présidentielle, n’ont pas tenu toutes leurs promesses. Elles se sont heurtées au blocage induit dans les votes, pour la désignation du magistrat. Elles n’ont pas permis à la candidate magistrate d’avoir la majorité qualifiée (2/3) afin que la désignation au Parlement soit bouclée.
Pour cause, ces partis non Fcbe mais, membres de la majorité présidentielle ont été exclus de la répartition des deux sièges dont dispose ce bloc. C’est le cas notamment de la Renaissance du Bénin qui, traditionnellement, a toujours eu un représentant à la Cena. Mais, cette fois-ci elle a été roulée dans la farine par le leader de la majorité présidentielle qui s’est fait seul maître de jeu en transformant les députés Fcbe en godillots.
Sinon, comment comprendre alors l’option faite par le chef de la majorité présidentielle de ne privilégier que la branche Fcbe qui affiche assez clairement un appétit vorace. C’est-à-dire : tout pour elle, rien pour les autres ? Il en a déjà été ainsi lors de la désignation des membres de l’actuelle Cour Constitutionnelle.
Dès lors, l’on se pose des questions sur ce que cache réellement cette volonté du Chef de l’Etat de tout contrôler alors qu’il est clair comme l’eau de roche qu’il est dans son deuxième et dernier mandat constitutionnel.
Pourquoi donc faire la part belle à Fcbe qui pourrait bien ne pas survivre à son départ comme cela a souvent été le cas pour les alliances politiques qui se créent autour d’un chef d’Etat en fonction. A cet effet, l’exemple de l’Union pour le Bénin du Futur (Ubf) de Mathieu Kérékou est encore là, vivace dans les mémoires.
Que Yayi Boni veuille avoir de la présence et de l’influence à travers ses représentants à la Cena, cela se comprend ; d’aucuns diraient c’est légitime. Mais qu’il veuille lui donner une connotation éminemment politicienne comme cela semble être le cas, fait poser des questions sur la suite des événements politiques.
Dès lors, on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les manœuvres de certains membres de la majorité présidentielle contre la Rb de Léhady Vinagnon Soglo à Cotonou, l’Udbn de Claudine Afiavi Prudencio à Abomey-Calavi, le Rpr de Valentin Aditi Houdé à Zè, etc. Déjà, cette propension de Yayi Boni à vouloir tout avoir à lui seul est perçue dans les états-majors de ces partis politiques comme un manque évident de reconnaissance et de gratitude pour le rôle de premier plan qu’ils ont joué dans la stabilisation du pays, surtout au lendemain de l’élection présidentielle à tension de 2011 soldée par un K.O de triste mémoire qui reste encore un os au travers de la gorge du peuple béninois.
Mépris des alliés
Dans ces conditions de nivellement par le bas, les partis politiques concernés ont donc tout intérêt à ne pas servir de faire-valoir ou d’essuie-pieds à Yayi Boni et ses satellites de Fcbe qui se sont royalement joués de leur gueule malgré la légitime protestation de maman Rosine au Parlement.
Qui se le tienne pour dire, dans les tout prochains jours, des positions tranchées risquent désormais d’être affichées. C’est ce qui se susurre des sources proches de personnalités de ces partis politiques roulés dans la farine et qui n’entendent pas être exclus de la conduite du processus électoral au Bénin pendant les sept (07) ans de mandat de la nouvelle Cena. Notamment, l’organisation des deux prochaines élections municipales, communales et locales, des législatives de 2015 et 2019 et des présidentielles de 2016 et 2021.
Le Président Yayi Boni serait bien inspiré de circonscrire au plus tôt, cet incendie qui menace sa majorité présidentielle. Sinon, les prochaines heures voire des jours seront sans repos pour sa majorité présidentielle. Si rien n’est fait au plus tôt pour rassurer les dirigeants de la Rb, du Rpr, de l’Udbn et autres alliés de Fcbe, ça menace de se ruer dans les brancards dans les prochains. Dans le cas échéant, on ne se tromperait pas à dire que c’est Yayi Boni lui-même, qui de sa propre main, a mis le feu à sa maison. Conséquence : les quelques dix-huit (18) mois qui lui restent à gouverner le Bénin seront sans repos ou très agités pour lui. Et, c’est sans risque de se tromper qu’on affirmerait que le leader de Fcbe a choisi de son propre chef de mettre le feu à la poudrière. Et à cet effet, de sources concordantes, des responsables de la Rb, de Rpr et de l’Udbn gardent la main sur la gâchette pour dégainer ! Yayi Boni pourra-t-il résister à la razzia des dames Rosine et Claudine ? Les prochains jours nous renseigneront davantage sur les positions et comportements de chaque camp.
L’avenir de Nago hypothéqué
La désignation des quatre (04) représentants de l’Assemblée nationale pour siéger au sein de la Cena, nouvelle formule, laisse perplexe nombre d’observateurs de la classe politique béninoise. Nombreux sont-ils à s’interroger sur les réelles motivations ayant guidé le comportement qu’a affiché le président du Parlement Mathurin Coffi Nago qui a agi comme un faiblard.
Il n’a pu placer aucune personne favorable à lui parmi le quator désigné, le mardi 20 mai dernier. Les Béninois, qui du reste, sont ses partisans ne comprennent pas que Mathurin Coffi Nago n’a pu dire non à celui qui lui disait, entre temps, piiiiiiii…pour que lui Nago réponde paaaannnn…
Depuis le mémorable discours de Nago au Palais de la République, à l’occasion des cérémonies de présentation de vœux au chef de l’Etat, on a cru que Nago s’est enfin affranchi du « piiiiisant » de Yayi Boni mais, rapidement l’homme de Bopa nous a ramenés de notre sommeil à comprendre qu’il demeure le répondant tout fait de Yayi Boni au palais des Gouverneurs à Porto-Novo. Dans ces conditions, quel avenir se prépare-t-il pour être enfin un grand homme d’Etat ? Seul lui, Nago pourra nous édifier ou nous décevoir. De toutes les manières, l’homme de Bopa se trouve aujourd’hui devant la détermination de son avenir.
Se prépare-t-il à prendre le fauteuil de la Présidence de la République dès, le 06 avril 2016 ou à rester un homme à servir les autres ? C’est à lui de se déterminer dans le temps et dans l’espace et surtout dans l’arène politique béninoise pour s’offrir des horizons nouveaux.