Les députés ont examiné hier jeudi 21 mai une question orale avec débat. Celle-ci est relative aux textes régissant la transhumance au Bénin et les dispositions prises par le gouvernement pour protéger les populations contre ce phénomène.
La réponse à cette question du député Zéphirin Kindjanhoundé a été donnée par le ministre en charge de l’Intérieur, François Houessou. Face à l’importance de la question, les députés ont exhorté le gouvernement à des actions concrètes pour encadrer le phénomène au Bénin.
Le gouvernement est préoccupé par le phénomène de la transhumance des animaux au Bénin. Il est conscient de la gravité de ce fléau. C’est la substance de l’intervention du ministre en charge de l’Intérieur, François Houessou, qui a fait le point hier aux députés des mesures prises par l’Exécutif pour venir à bout de ce phénomène. Une intervention qui s’inscrit dans le cadre de la réponse du gouvernement à la question orale avec débat posée par le député Zéphirin Kindjanhoundé.
Le ministre de l’Intérieur a reconnu la pertinence du sujet. Selon lui, depuis une centaine d’années, le Bénin est devenu une plaque tournante des éleveurs étrangers provenant notamment du Burkina-Faso, du Niger et du Mali. Le phénomène touche plusieurs régions du Bénin dont le Zou, le Borgou, l’Alibori et le Couffo et crée souvent de conflits entre les éleveurs et les populations. La région du Zou est la zone privilégiée pour la transhumance. sensible à ce fléau, le gouvernement a pris une série de mesures pour mieux faire face au phénomène.
Au nombre de celles-ci, François Houessou cite la loi adoptée en 1987 pour encadrer la transhumance pastorale. Cette loi a prévu la période de la transhumance dans l’année en tenant compte des régions. Cette loi a prévu également des sanctions et pénalités à l’encontre des contrevenants.
De 1989 à 2000, rappelle le ministre de l’Intérieur, le gouvernement a sensibilisé les populations du Bénin par rapport au contenu de ce texte. Une commission nationale décentralisée jusqu’au niveau des arrondissements a, par ailleurs, été mise en place pour une bonne gestion des déplacements des éleveurs et leurs bêtes au Bénin.
Mieux, à en croire le ministre, en 2009, il y a eu la signature d’accords et conventions régionaux relatifs toujours à la gestion du phénomène. Ces différentes mesures devraient permettre un bon encadrement de la transhumance. Le ministre François Houessou a relevé que ces règles sont violées, conduisant à des affrontements sanglants, parfois meurtriers.
Face à la persistance du problème, le gouvernement annonce dans les tout prochains jours l’organisation d’une journée sur la transhumance à laquelle participeront des acteurs des zones touchées et autres portes d’entrée des troupeaux au Bénin. Aussi veut-il opter pour la nomadisation des éleveurs pour mettre fin au phénomène au Bénin.
Les avis des députés Mais cette réponse du gouvernement n’a pas convaincu l’auteur de la question. Zéphirin Kindjanhoundé trouve qu’il manque beaucoup d’actions concrètes du gouvernement sur le terrain.
La plupart des mesures évoquées sont restées sur papier. Il a dénoncé la caducité des textes existants avant d’inviter le gouvernement à plus de réalisme. Gabriel Tchocodo montrera que le problème n’est pas un problème de moyens mais plutôt celui d’organisation et de manque de volonté politique. Il propose l’implication de tous, principalement la mise en synergie des Eaux et Forêts, de la police et des militaires pour lutter contre le phénomène. Djibril Mama Débourou a félicité le gouvernement pour tous les efforts énoncés par le ministre.
Car, pour lui, c’est un problème délicat et complexe parce que touchant à des intérêts à la fois des populations mais aussi des éleveurs de l’Hinterland qu’on doit accepter pour ne pas créer un conflit avec les voisinages. Bio Kansi insiste sur l’organisation d’une table ronde nationale sur la transhumance proposée par le gouvernement et qui réunira les populations, les éleveurs, les Forces de l’ordre et les militaires pour crever l’abcès. Karimou Chabi Sika estime que ce phénomène évolue avec la démographie. Il a mis l’accent sur les actes de violence d’une extrême gravité qui s’enregistrent sur le terrain lors du déplacement de ces éleveurs.
Il propose la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour permettre aux députés de toucher du doigt le phénomène. Pour Bida Youssoufou, ces éleveurs constituent un canal potentiel pour l’insécurité notamment de trafic d’armes et de drogue. Il invite lui aussi le gouvernement à aller vite dans la mise en œuvre des stratégies pour maîtriser le phénomène.
L’honorable Gaston Yolou souhaite le vote d’un Code pastoral pour appuyer les textes existants afin d’enrayer ce fléau. Valère Tchobo rappelle que le 6 mars 2012 un atelier régional sur la question a été organisé. Il plaide pour la mise en œuvre efficiente des recommandations de ces assises. Les députés Sofiath Schanou, Daouda Takpara, Nicaise Fagnon, Célestin Goutolou, El Hadj Issa Azizou et Rosine Vieyra Soglo ont également déploré le phénomène et exhortent l’Exécutif à lui accorder une attention soutenue.