Le Président de la République, Dr. Boni Yayi, se trouve comme pris dans un engrenage actuellement. Pendant qu’il s’attend à savourer les délices de son Pardon, le voici sous la menace d’une condamnation pécuniaire ; le Bénin devra verser à Benin Control S.A. à titre de dommages et intérêts, environ 129 milliards FCFA.
La nouvelle est tombée comme une touffe de cheveux sur la soupe. Le Pardon accordé à Talon et consorts produisant ses effets, tout le peuple s’attendait à célébrer avec faste l’événement. Surtout que les effets immédiats de libération de détenus sont évidents.
Le Pardon est pourtant un acte de grandeur. Mais la nature en a décidé autrement. On n’a pas fini de jubiler lorsque cette mauvaise nouvelle surgit et nous enlève la joie.
Mais ignorer la politique que de raisonner ainsi. L’acte de pardon ressemble à une véritable préméditation. Il est vrai, cela peut relever d’une coïncidence. Mais quelle coïncidence ?
La décision du tribunal international de l’OHADA n’a pas obéit à la démarche altruiste de Yayi qui veut que la tension entre lui et Talon soit du passé. Il veut pourtant oublier que quelqu’un a attenté à sa vie, soit par tentative d’empoisonnement, soit par coup d’Etat déjoué. Oui, on pardonne mais on doit payer des dommages pour ce pardon.
Ce qui étonne, c’est que la décision du tribunal est intervenue au lendemain de ce pardon. Curieuse coïncidence, n’est-ce pas ? Savait-on déjà la survenance de cet acte du juge et on a anticipé ? Tout porte à le croire. D’aucuns soutiennent que c’est en prévision de la lourde condamnation que la décision du pardon est intervenue.
La pardon étant accordé et ses effets se faisant sentir sur le terrain, est-il possible d’y revenir? Yayi peut-il remettre en cause son pardon et affronter Talon dans un autre style de combat ? Ce serait un aveu de faiblesse et de maladresse si cela se passait ainsi.
Talon voudra-t-il sur la base du pardon, accepter de passer outre cette décision et demander que la question soit réglée à l’amiable ? Souvenez-vous, cette démarche de règlement à l’amiable avait été proposée par le passé mais le gouvernement n’en voulait pas du tout, se voyant au-dessus de cela et ne voulant pas cette forme de règlement qui, semble-t-il, rabaisserait l’autorité.
Mais ce qu’on avait oublié, il ne s’agissait pas d’un combat de gladiateurs mais juste une question de bon sens et de prévision car gouverner, c’est prévoir. Mais on y est allé tête baissée. Et voilà le résultat : le Bénin condamné à payer plus d’une centaine de milliards FCFA à son fils, peut être rejeté. Enfant prodigue ?
Talon serait-il réceptif à ce geste magnanime du Chef de l’Etat ? Voudra-t-il reconsidérer sa position par rapport à cette importante décision qui, somme toute, cause assez de dommages à son pays qui souffre énormément ?
Beaucoup d’interrogations interpellent l’opinion sur la suite à donner à cette décision du tribunal face au pardon de Yayi.
C’est sûr qu’il va se trouver des activistes qui vont monter au créneau pour demander à Talon de pardonner lui aussi en ne donnant pas suite à la décision de condamnation. Attendons de voir comment le dossier va être géré par les deux protagonistes dans ce jeu de « tu me tiens je te tiens ».