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La Nation N° 5994 du 23/5/2014

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Pour vol, assassinat et détention illégale d’arme de traite (9e dossier) : Déhoto Todékon Alla écope de 20 ans de travaux forcés
Publié le lundi 26 mai 2014   |  La Nation




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Le 9e dossier dont la Cour d’assises d’Abomey a connu jeudi 22 mai dernier est une affaire de vol à main armée, assassinat et détention illégale d’arme de traite. Crime imputé au sieur Dèhoto Todékon Alla pour avoir tiré une balle dans le dos de Salomon Lokossou qui en est mort. Au terme de l’audience, il a été condamné à 20 ans de travaux forcés.



Les faits reprochés à Dèhoto Todékon Alla, conducteur de taxi-moto, remontent à courant 2007 dans la commune d’Aplahoué. En effet, dans la nuit du 8 au 9 janvier 2007, aux environs de 20 heures, l’accusé Dèhoto Todékon Alla s’est rendu à Tado où il a sollicité les services de Salomon Lokossou lui aussi conducteur de taxi-moto pour l’amener à Dandjihoué, une autre localité de la commune d’Aplahoué moyennant une somme de 3 500 FCFA. En cours de route, l’accusé a simulé l’envie d’uriner, histoire de l’obliger à marquer un arrêt. Le conducteur lui aussi saisit l’occasion pour uriner. Mais pendant ce temps, Dèhoto Todékon Alla sort son pistolet et tire une balle dans son dos. Salomon Lokossou s’écroule et rend l’âme dans une marre de sang. Aussitôt, il s'empare de la moto de marque Yamaha Y100 qu’il a fini par abandonner à deux kilomètres du lieu du crime à la suite d’une panne mécanique. Cette infraction criminelle est prévue et punie par les articles 295 à 298 et 302 du code pénal. Après le rappel des faits, il sera donné lecture du rapport d’enquête de moralité et le rapport de l’expertise médico-psychologique versés au dossier. L’enquête de moralité est favorable à l’accusé. Quant à l’expertise médico-psychologique et médico psychiatrique, elle indique que Dèhoto Todékon Alla n’était pas en état de démence au moment des faits ; ce qui le rend accessible à la sanction pénale conformément à l’article 64 du Code pénal. Le bulletin n°1 de son casier judiciaire ne porte mention d’aucune condamnation antérieure.

Aveux de l'accusé

La Cour de céans qui devait connaître des faits était composée du président Faustin Anagonou assisté de Angelo Togbé et Justin Agassounon ainsi que de quatre jurés tirés au sort. Christophe Atinmakan représentait le ministère public et Me Ernest Adjafon a tenu le greffe.
A la barre jeudi dernier, l’accusé Dèhota Todékon Alla n’a pas contesté les faits mis à sa charge comme d'ailleurs à l’enquête préliminaire que devant le juge instructeur. Trois chefs d’accusation pèsent contre lui. Il est accusé de vol à main armée, d’assassinat et de détention illégale d’arme de traite. «C’es moi qui ai tué Salomon Lokossou. J’ai été manipulé par le diable car, après mon forfait, j’ai regretté mon acte. Que la cour et les parents de la victime me le pardonnent», supplie-t-il. Malheureusement, c’est un crime qui est commis et pénalement mérite punition. Il ne suffit donc pas de regretter et de demander pardon pour rentrer chez soi. Et l’accusé a eu le temps de le comprendre puisque malgré ses aveux, il a été encore obligé de répondre aux questions de la Cour qui a voulu comprendre les mobiles du drame afin d’établir une relation entre les faits et lui.
A la suite de l’accusé Déhoto Todékon Alla, la partie civile représentée par Marcelin Lokossou, grand-frère de la victime, cultivateur dans la localité de Tado a dit à la cour sa part de vérité. «Après la mort de votre frère, que voulez-vous ?», demande le président de la cour au grand-frère de la victime. Ce dernier n’a pas hésité à se constituer partie civile. Il réclame des dommages-intérêts pour faire face à l’entretien et à l’éducation des quatre enfants orphelins et de la veuve laissés par son petit frère. A ce sujet, le président lui a expliqué que c’est l’accusé qui sortira l’argent de sa poche et non l’Etat. Un peu comme pour lui dire de ne pas exagérer dans ses prétentions. Malgré cette précaution du président, le frère de la victime a réclamé la somme de 10 millions de FCFA pour mieux s’occuper de la veuve et ses enfants.

L'avocat général requiert la prison à vie

En prenant ses réquisitions, l’avocat général Christophe Atinmankan a fait ressortir les éléments constitutifs des trois chefs d’accusation. Il s’agit de l’élément légal, l’élément matériel et l’élément intentionnel avec la situation aggravante de préméditation. Après avoir défini le vol comme étant la soustraction frauduleuse d’un bien d’autrui, Christophe Atinmankan a retenu le vol parce que, selon lui, la moto n’appartient pas à l’accusé. Par rapport à l’assassinat, il a fait remarquer que Dèhoto Todékon Alla a bien l’intention de tuer et cela s’est traduit par la préméditation. Christophe Atinmakan fait savoir par ailleurs que le port d’arme sans permis est une infraction. Selon lui, tous ces éléments rendent l'accusé éligible à la condamnation. Alors, il démontre que l’accusé est bel et bien coupable des faits de vol à main armée, d’assassinat et de détention illégale d’arme de traite. Aussi, demande-t-il à la Cour de le condamner à la peine de travaux forcés à perpétuité.

La défense plaide la clémence

A son tour, la défense assurée par Mes Romain Dossou et Herman Yénonfan plaide la clémence de la Cour. Ceux-ci relèvent des insuffisances et des incohérences dans le dossier. Ce qui pourrait constituer à leur avis, des circonstances atténuantes pour leur client. Selon eux, «l’intégrité et l’enquête de moralité favorable à l’accusé sont des indices qui témoignent qu'il n’a pas agi en toute conscience». En se fondant sur la situation héréditaire et familiale de son client, la défense fait observer à la Cour que «Dèhoto Todékon Alla est issu d’une famille où les troubles mentaux sont fréquents et il a agi donc comme un fou». Les avocats demandent à la Cour condamner leur client au temps déjà passé en prison pour lui de donner une nouvelle chance de réintégrer la société pour se refaire.

De retour du délibéré, la Cour a déclaré Dèhoto Todékon Alla coupable d’avoir volé, assassiné et porté illégalement une arme de traite et l’a condamné à 20 ans de travaux forcés. Ayant déjà effectué 7 ans en détention préventive, l’accusé est retourné en prison pour y passer les 13 ans qui lui restent. En ce qui concerne l’arrêt civil, il a été renvoyé à une session ultérieure pour défaut de preuve de représentativité de la victime.



Par Valentin SOVIDE, AR/Zou-Collines

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