La sortie médiatique effectuée par le Chef de l’Etat, le 14 mai dernier, au sujet des affaires relatives aux supposées tentatives de coup d’Etat et d’empoisonnement pour lesquelles l’homme d’affaires béninois Patrice Talon serait le commanditaire, continue de faire des vagues.
La dernière réaction au discours de pardon prononcé par le Président Boni Yayi est celle de l’honorable Candide Azannaï. Dans une interview exclusive qu’il a accordée, le samedi 24 mai 2014, à nos confrère de Canal 3, le Président du Parti » Restaurer l’espoir » a, lui aussi, appelé à tourner cette lugubre page de l’histoire de notre pays.
Pour lui, et Patrice Talon, et Boni Yayi, et toutes les forces vives de notre pays doivent maintenant se donner la main pour sauver le peuple béninois de la situation catastrophique dans laquelle elle végète. Voici l’intégralité de ses propos sur le pardon de Yayi et sur la décision rendue par la Cour de justice de l’Ohada.
Le Pardon de Yayi vu par Azannaï
» Vous avez tous suivi les propos tenus le 14 mai dernier par M. Boni Yayi, Président de la République. Au-delà de ces propos, ce qui est important à retenir, c’est le message d’appel à réconciliation, d’appel à la restauration de la paix.
C’est la plus importante chose à retenir. Lorsqu’un peuple est dans une situation qui est la nôtre, il faut que le responsable politique, l’homme politique fasse la part du sentiment personnel et la part de l’intérêt général. Je pense que nous devons tous taire nos ressentiments personnels. Je pense sincèrement qu’en ma qualité d’acteur politique, d’ancien ministre et de député ayant un mandat en cours, nous devons taire nos ressentiments personnels et voir l’intérêt général. Vous savez quelle était ma position lorsque ces malheureux événements sont survenus.
Ma position était claire. Mais c’était justement parce que je voudrais éviter des erreurs à notre peuple. J’avais eu une attitude critique, tranchée, mais qui était simplement dans le but d’éviter à notre population, à notre nation des erreurs dommageables. Le message du Président Boni Yayi est un message très important, décisif. Nous devons tous tourner la page.
C’est ce qui est important car devant la misère des populations, nous avons à nous arrêter, à nous regarder, à transcender nos égos, à nous dépasser pour nous parler sur l’essentiel. Cet essentiel qui est l’intérêt général. Voilà un peu le fond de ma pensée car si ces propos sont sincères, si le message est sincère, j’y adhère parfaitement. Quel homme peut refuser l’appel à la paix et à la réconciliation ? Je ne pense pas qu’un être humain puisse refuser l’appel à la paix et à la réconciliation.
Et ce qui est encore heureux, c’est que le Président Boni Yayi a dit qu’il fait cet appel en toute liberté, en toute conscience sans aucune pression et qu’il veut que nous tournions la page et que ces histoires soient derrière nous pour construire ensemble le Bénin…Je pense que s’il est sincère, il doit saisir la balle au bond…Il faut que ces erreurs nous servent de leçon.
Nous avons beaucoup à tirer de ces erreurs pour avancer. Je pense qu’aujourd’hui, il n’est pas bon que nous allions dans un autre sens que de chercher à ce que les Béninois puissent parler avec eux-mêmes. C’est pour cela que je voudrais demander aux responsables de Benin Control SA d’avoir l’humilité, d’avoir le calme, la sérénité, l’ouverture et la disponibilité pour que tout soit repris dans un esprit convivial. Ils sont des Béninois, ils ne sont pas des étrangers. Ils doivent faire preuve de patriotisme « .
La décision de la CCJA laisse des ouvertures
» Lorsque j’ai écouté la sentence arbitrale de la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) d’Abidjan, je me suis directement référé à ce que j’avais l’habitude de dire au début de ces scandales. J’avais prédit que les conséquences de cette décision de la CCJA seraient dommageables pour le Bénin.
Et cela n’a pas manqué. La CCJA a été très clémente vis-à-vis de notre peuple. Elle a regardé la misère de nos populations. Cette cour de l’Ohada a laissé des ouvertures. Elle n’a pas tranché radicalement, mais elle a laissé des portes de sortie. Si vous lisez bien la décision arbitrale, je ne pense pas que nous pouvions avoir une meilleure sentence. Cette sentence nous offre l’occasion de nous parler.
La Cour a dit qu’il faut accepter et exécuter sa décision et c’est seulement lorsque l’Etat béninois ne voudra pas exécuter cette décision que nous aurons à payer 129 milliards de F Cfa et au-delà. C’est colossal ! Je ne peux pas accepter cela. En tant que citoyen béninois, je n’accepterai pas cela. Et en tant que politicien, je ne peux même pas l’accepter parce qu’avec les moments que nous traversons et la misère qui est ambiante, nous avons l’obligation de protéger les populations, mais aussi les générations futures… «
Propos transcrits par Affissou Anonrin
Interview réalisée par Canal 3