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La Presse du Jour N° 2140 du 23/5/2014

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Après la décision de la CCJA : « Le Bénin ne paiera aucun kopeck à Talon », dixit Valentin Djènontin (La main tendue de Yayi compromise)
Publié le mardi 27 mai 2014   |  La Presse du Jour




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Le ministre de la justice, M. Valentin Djènontin était hier, lundi 26 mai 2014, au cabinet du Président de la République. Au cœur des échanges, la décision rendue le 13 mai dernier par la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’Ohada au sujet du contentieux qui oppose l’Etat béninois à la société Bénin Control de Patrice Talon. A sa sortie du cabinet présidentiel, le ministre Valentin Djènontin a été on ne peut plus clair : « l’Etat béninois ne paiera aucun kopeck à la société Bénin Control SA car il ne se sent nullement engagé par cette décision, n’ayant été ni associé à la demande d’arbitrage de la CCJA, ni entendu sur tout le déroulement de la procédure ». Pour le ministre béninois de la justice, les deux dossiers faisant l’objet de la décision rendue par la Cour d’arbitrage sont entachés d’irrégularités. Il s’agit de deux faux dossiers, a-t-il même déclaré. Le contrat qui lie Benin Control SA à l’Etat béninois est un contrat administratif et comme tel, on aurait dû déférer le dossier devant la Chambre administratif de la Cour Suprême, a fait remarquer le ministre de la justice qui a profité de l’occasion qui lui a été offerte pour inviter les Béninois à la sérénité, et la presse à la retenue.

Djènontin a fait économie de vérité (La main tendue de Yayi compromise)
Les déclarations faites hier, lundi 26 mai 2014, par le ministre Valentin Djènontin à sa sortie d’audience avec le Président Boni Yayi ont surpris plus d’un Béninois. Pour les uns et les autres, ces déclarations du ministre de la justice compromettent dangereusement la main tendue par le Chef de l’Etat le 14 mai dernier. Dans le discours qu’il a prononcé à la Nation, le Président Boni Yayi a dit avoir pardonné à son ami Patrice Talon qui l’a offensé. Il lui a même demandé de rentrer au bercail pour qu’ensemble, nous puissions construire le Bénin. « J’exhorte chaque Béninois et chaque Béninoise à tourner définitivement la page de cette affaire et nous atteler ensemble à la résolution des problèmes quotidiens auxquels notre peuple est confronté. Cette affaire doit être derrière nous… », a dit en substance le Président Boni Yayi. Mais lorsqu’on analyse bien ces déclarations et celles qui ont été faites par le ministre Valentin Djènontin, on constate tout simplement que le temps a rapidement eu raison du pardon de Yayi. Mieux, il y a des gens dans son entourage qui travaillent pour que ce pardon ne puisse jamais aller au-delà de la libération des personnes emprisonnées dans les dossiers de tentatives de coup d’Etat et d’empoissonnement. En disant que la décision de la CCJA n’engage nullement le Bénin, le ministre Valentin Djènontin a projeté une dangereuse image du Bénin. Il a tout simplement confirmé tout le mal qu’on dit du Bénin à l’étranger : un pays qui ne respecte pas les législations qu’il s’impose. Pour le moins qu’on puisse dire, les propos tenus par le ministre Valentin Djènontin bafouent l’autorité de la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’Ohada et surtout l’autorité de la chose jugée. Cela est d’autant plus grave que c’est le Président Boni Yayi qui préside en ce moment l’Ueoma dont relève cette CCJA. Ce qui a été dit hier par le ministre Djènontin est suffisamment grave. Ce qui est sorti de sa bouche ne s’inscrit pas dans la droite ligne de l’initiative prise par le Chef de l’Etat. Il a parlé comme si la CCJA est une structure inconnue, montée de toutes pièces dans une rue d’Abidjan. La CCJA est une institution forte voulue par certaines institutions financières et bancaires de l’espace Uemoa. On se souvient des combats menés par le Président Boni Yayi, alors patron de la Banque ouest africaine du développement (BOAD), pour la naissance de la CCJA. Et si c’est le Bénin qui ne doit pas se sentir concerné par les décisions que rendent cette Cour, alors il y a de quoi se poser des questions. Même si deux parties sont en conflit et qu’une décision de justice tombe et favorise un camp, les portes sont toujours ouvertes pour les négociations et non pour des discours va-t-en-guerre. Hier matin sur Canal 3, l’ancien ministre Benoit Dègla, actuel Conseiller technique à la sécurité du Chef de l’Etat, a dit que le Bénin va négocier avec Bénin Control. 72 heures plus tôt, l’honorable Candide Azannaï qui a adhéré à la démarche du Chef de l’Etat en a appelé au patriotisme des responsables de Benin Control SA qui sont avant tout des Béninois. Dans le contexte actuel, c’est de ces propos qu’on a besoin. Et non ceux du ministre de la justice qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu. En tout cas, les déclarations du ministre Djènontin ne sont pas de nature à rassurer les investisseurs privés. Si un investisseur privé sait qu’il ne peut plus se référer à une décision rendue par la CCJA dans un contentieux qui pourrait l’opposer à l’Etat béninois, c’est évident qu’il ne posera jamais ses valises au Bénin. Non ! Je proteste. Ce que le ministre Djènontin a dit compromet non seulement la main tendue de Yayi, mais surtout les efforts qui sont faits pour améliorer la position du Bénin dans le prochain classement Doing-Business et pourquoi pas l’octroi du second compact du Millenium Challenge Account.

Affissou Anonrin

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