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Le Matinal N° 4357 du 26/5/2014

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Les explications du Dst de la mairie de Cotonou
Publié le mercredi 28 mai 2014   |  Le Matinal




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A l’orée de la grande saison pluvieuse qui sévit à Cotonou de mai à juillet, votre journal s’est rapproché des Services techniques de la Mairie de Cotonou, pour en savoir davantage sur les dispositions idoines prises par l’autorité, pour parer au plus pressé. Ce à quoi a accédé le Directeur des services techniques de la Municipalité, Marc Didier Doubogan, en nous expliquant le contenu de l’opération 3CI qui permettra aux Cotonois de passer une période pluvieuse moins ennuyeuse.


Certaines presses portent de graves critiques contre la gestion des problèmes environnementaux à Cotonou, notamment à travers l’opération 3CI. Ces propos ne peuvent laisser indifférente la Municipalité de Cotonou. Nous le ferons en montrant en quels termes se pose la question environnementale à Cotonou et en soulignant les efforts qui sont déployés pour assainir la ville et en faire la digne vitrine de notre pays.

Eléments contextuels

De plus en plus, des attaques verbales et par presses interposées se font sans scrupule sur les actions que mènent depuis un peu plus d’une décennie, les autorités de la ville de Cotonou, notamment en matière d’assainissement. Et il suffit que la saison des pluies commence pour que ces attaques deviennent plus sévères et perverses surtout en ce qui concerne le dégagement des eaux pluviales de la ville.

Est-ce encore nécessaire de rappeler à l’opinion nationale et aux Cotonois en particulier la morphologie du sol de la ville et de ses communes voisines telles que Sèmè-Podji, Porto-Novo, Abomey-Calavi et Ouidah en partie ? La répétition étant pédagogique, nous croyons que oui.
Cotonou et une bonne partie des villes de la conurbation (Sèmè-Podji, Porto-Novo, Abomey-Calavi et Ouidah) sont nées des alluvions qui se sont déposées au cours des ères géologiques. Cotonou est constitué d’une bande de terre de 5km environ de large avec une altitude maximale de l’ordre de 7m.

Elle est constituée d’Est en Ouest d’une alternance de dunes séparées par des dépressions marécageuses, d’où le tiers de sa superficie est entièrement marécageuse.
Enfin, Cotonou avec son ouverture sur l’Océan Atlantique et sa situation de delta est une ville dont le site est globalement exposé à d’autres inondations, notamment celles causées par les eaux venant du septentrion. Dans la sous-région, toutes les villes situées dans le Golfe de Guinée sont soumises à cette dure réalité. Il en est ainsi des villes de Lagos, Lomé, Abidjan, Accra etc.

En dehors de ces facteurs géologiques précités, il faut ajouter les facteurs anthropiques, c’est-à-dire l’action de l’homme sur le milieu. Avec la croissance démographique et l’urbanisation sans précédent qu’a connues la ville de Cotonou, conjuguées avec l’exode rural, les zones fragiles ont été occupées par des habitations précaires avec pour corollaire l’obstruction des chemins d’écoulement des eaux pluviales. Dans le même registre, le plan directeur d’urbanisme n’a pas été respecté et pourtant la ville a bénéficié de quatre documents de planification spatiale à savoir :
- le Plan Directeur de Cotonou de 1951 ;
- le Plan Directeur d’urbanisme de 1961 ;
- le Schéma de Structure de 1985 ;
- le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (Sdau) du « Grand Nokoué » de 2007.
A l’avènement de la décentralisation, la ville a élaboré conformément à la loi, son Plan de Développement Communal.

Cependant, l’occupation inappropriée des marges urbaines a continué. Il s’agit des zones de périurbanisation notamment les quartiers nord de la ville (2e, 3e, 6e, 9e, 12e, 13e Arrondissements). Cette occupation anarchique et illégale se traduit par la parcellisation de zones inondables et des berges du Chenal et du lac Nokoué etc. Elle entraîne comme conséquences :

- de nombreuses difficultés d’aménagement et d’assainissement des sites ;
- des atteintes portées à la santé et au bien-être des populations ;
- l’insécurité résidentielle et immobilière ;
- la limitation des investissements urbains.
Tout ceci nécessite l’arrêt de l’installation des populations dans les zones impropres à l’habitation.

Les mesures en vigueur depuis 1990

Prenant la mesure de ces réalités, notamment l’insuffisance d’une bonne planification spatiale, le Président Soglo en accédant à la magistrature suprême a mis un accent particulier sur l’élaboration d’un schéma directeur d’assainissement de la ville réalisé par Snc Lavalin en 1994. Pour arriver à bout des inondations dues aux eaux pluviales, le rapport de ce cabinet a révélé qu’il faudra investir environ 200 milliards de francs Cfa non dévalués soit 400 milliards de francs Cfa de nos jours. C’est donc pour cela que des projets ont été initiés dans ce sens à savoir :


- Le Projet de réhabilitation et de gestion urbaine d’un coût global de 15 milliards pour lequel Cotonou a bénéficié de plus de 7 milliards de francs Caf pour l’assainissement de 1992 à 1996 ;
- Le premier Projet de gestion urbaine décentralisée d’un coût global de plus de 25 milliards pour lequel Cotonou a bénéficié de plus de 12 milliards de francs Cfa de 1999 à 2004 ;
- Le deuxième Projet de gestion urbaine décentralisée d’un coût global de plus de 30 milliards pour lequel la ville de Cotonou a bénéficié de plus de 10 milliards de francs Cfa de 2006 à 2012 ;
- Le financement japonais pour la construction et la réhabilitation des collecteurs A et B pour un coût global de plus de 7 milliards de Francs Cfa en 1995 ;

- Le financement Afd à travers le Projet d’appui à l’agglomération de Cotonou pour un coût de plus de 2,7 milliards de francs Cfa en 2007 ;
- Le financement Union européenne à travers le 9ème Fed pour l’Aménagement des quartiers inondables de Cotonou-ouest (Aqico) pour un coût de plus de 13 milliards de francs Cfa en 2008 ;
- Le financement en cours actuellement du Projet d’urgence de gestion environnementale en milieu urbain (Pugemu) pour un coût de plus de 12 milliards de francs Cfa.
Ainsi en deux décennies, il a été investi près de 64 milliards de francs Cfa dans l’assainissement de la ville. Cela représente incontestablement un effort louable.

Cependant, les inondations de 2010 ont davantage montré la vulnérabilité de la ville. La forme deltaïque qu’elle prend avant l’ouverture du chenal qui communique le lac Nokoué avec l’Océan Atlantique et sa situation au-dessous de la basse vallée de l’Ouémé, sont autant de facteurs handicapant pour son assainissement. Vous convenez donc avec nous qu’il faudra encore investir beaucoup d’argent pour arriver à bout des inondations et c’est ce qui se fait progressivement. Face à ces conditions difficiles, la ville n’est pas restée les bras croisés.

Elle a opté pour des solutions réalistes en mettant en place un plan de secours qu’est « Cotonou en Campagne Contre les Inondations » (3CI). Ce plan n’a d’autres objectifs que de venir au secours des populations en cas de sinistres. L’opération 3CI est pour la ville, ce que les services d’urgences sont pour l’hôpital.

Comme tout plan de secours, il intègre une phase de prévention avant la saison des pluies, une phase d’intervention active pendant la saison pluvieuse et une phase de réparation des dégâts après la saison pluvieuse. 3CI n’a donc pas vocation à constituer une solution définitive au problème des inondations dans la ville. Par contre, elle ambitionne bien à court terme d’assurer un soulagement indispensable des difficultés, des nuisances de toutes sortes auxquelles les populations sont confrontées en saison des pluies.

C’est ainsi qu’ont été réalisés au cours des dix dernières années :

- Les travaux de rechargement et de reprofilage des voies dans tous les arrondissements soit en moyenne 70 000 mètres linéaires par an ;
- Les travaux d’aménagement et d’entretien de bassins de rétention ;
- Les travaux d’ouvertures et d’entretien de tranchées soit en moyenne 110 000 mètres linéaires par an ;
- La construction d’ouvrages de franchissement dans les zones les plus enclavées ;
- Les travaux d’ouverture de voies dans les zones les plus enclavées (contournement de l’aéroport, liaison Fidjrossè – Akogbato par Yèmicodji etc.)

- Les travaux d’assèchement d’infrastructures socio communautaires ;
- Les travaux de pavage et d’assainissement de la rue du marché Vèdoko.
Les travaux de pavage et d’assainissement de la rue longeant les pylônes à Agla prévus pour cette année, sont à l’étape de démarrage pour désenclaver l’un des quartiers les plus populeux et les plus inondables de Cotonou Ouest.

Nous sommes tous tributaires de l’eau et pour remédier aux dégâts qu’elle peut causer, nous devons adopter désormais des comportements citoyens. Nous devons plutôt apprendre à vivre avec elle en transformant ses menaces en atouts et opportunités de développement à l’instar des Néerlandais. Pour y arriver, il nous faut une gestion judicieuse des territoires et une planification spatiale cohérente.

Le slogan « la ville travaille pour nous », n’est donc pas une incantation creuse. C’est l’expression de la ferme volonté de l’équipe municipale à faire de Cotonou une ville assainie et accueillante pour ses populations et ses visiteurs.

Propos recueillis par Le Matinal

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