Encore une réaction face aux commentaires, en cours de semaine dernière, de certains membres de l’Exécutif le verdict de la Cour commune de justice et d’arbitrage d’Abidjan. Cette fois-ci, c’est le président de Restaurer l’espoir (Re), l’honorable Candide Azannaï qui a, hier au Bénin Marina hôtel de Cotonou, longuement décrypté le verdict en date du 13 mai dernier de la Ccja et le pardon de Boni Yayi 24h plus tard. Autour du thème « Colère et pouvoir d’Etat sous l’ère du changement et de la refondation », le député Azannaï a fait remarquer que les conflits d’intérêts prennent des proportions inquiétantes et ont des conséquences néfastes sur le développement national. Aussi, a-t-il fait savoir qu’il y a un lien entre la sentence arbitrale de la Ccja et ce qu’il a qualifié de fraude de mots dans le discours de pardon de Boni Yayi.
En effet, pour Candide Azannaï, la perversion politique commence avec la fraude des mots. Et selon lui, c’est le cas avec le mot pardon prononcé par Yayi à l’endroit des mis en cause dans les dossiers « tentatives d’empoisonnement du chef de l’Etat et de coup d’Etat ». Car, a-t-il expliqué, tel qu’adressé dans le discours, il est à l’endroit des offenseurs par un offensé. Or, continue-t-il, le juge a prononcé un non-lieu et donc, le pardon n’a plus de sens sans la constitution de l’infraction. Toujours par rapport au pardon, Azannaï a levé un coin de voile sur la médiation qui, selon lui, est une intercession entre les parties qui sont incapables de trouver une solution en vue de la réconciliation. Et dans le cas du Bénin, avec les implications des personnalités comme Hollande, Diouf, Sada, Candide Azannaï a regretté les légèretés notées alors que le processus n’était pas encore à son terme. « Comment se fait-il qu’une partie se lève pour dévoiler les couloirs de la médiation et qu’elle fasse de la fraude de mots ? Le mot pardon est une parure pour Yayi et s’il avait voulu utiliser le mot pardon, il aurait dû utiliser la forme pronominale ‘‘se pardonner’’. D’ailleurs, pendant que certains faisaient voyager des avocats, ils négociaient… », a-t-il déclaré.
L’Etat béninois est-il crédible ?
L’autre point évoqué au cours de la conférence de presse de Candide Azannaï est la sentence de la Ccja. Défendant qu’il y a un lien entre ladite sentence et le pardon qui serait intervenu dès lors que celui qui l’a prononcé en a eu vent, l’honorable Azannaï a signifié que pour ceux qui savent lire les décisions de justice, celle de la Ccja est clémente pour l’Etat béninois. Non seulement, il dit avoir noté que la décision de la Ccja demande à l’Etat béninois de revenir sur le contrat du Pvi mais aussi qu’au cas contraire, qu’il y ait un préjudice à payer à Bénin control. « La sentence de la Ccja ressemble à la sentence du roi Salomon », s’est-il réjoui.
Mais, patatras ! Candide Azannaï ne s’explique pas les dernières sorties des ministres Valentin Djènontin et Marcel de Souza et celle du chef de l’Etat, Boni Yayi et les déclarations qui les ont sanctionnée malgré le ‘‘pardon’’. « Ce que j’ai entendu Yayi dire devant les jeunes du genre : ‘‘Talon a amené son contrat, on le lui a signé et il est rentré avec’’ est grave. L’Etat béninois est-il crédible quand son chef d’Etat dit cela, alors que c’est après un appel d’offres international que le Pvi a été retenu ? », s’est-il interrogé avant de constater que Yayi joue sur les mots.
Azannaï : « on ne refuse pas un appel »
Justement, à propos du mot pardon pour lequel Azannaï, dans un premier temps, avait applaudi, il a justifié qu’il était dans la disposition du pardon quand le ministre Djènontin est venu tout gâter en jetant non seulement du discrédit sur la Ccja et l’Ohada mais aussi en disant que le Bénin ne paiera pas. Pour lui, on ne refuse pas un appel, mais c’est ce qui est derrière l’appel qu’on peut refuser. Et de conclure : « Ils ne reconnaissent pas la Ccja et pourtant, ils font un recours contre sa décision. Ils vous trompent. La responsabilité de Yayi est entière dans l’avenir de notre nation. Il faut qu’il se débarrasse de son ego ».