Le Patron des patrons, Sébastien Ajavon a relevé les faiblesses de l’environnement des affaires au Bénin jeudi dernier lors d’un entretien télévisé. Sa sortie ne sera pas sans conséquences sur la prochaine Table ronde de Paris qu’organise le gouvernement béninois pour, affirme-t-on, mobiliser des financements au profit des « projets de développement » .Le Bénin peine toujours à sortir de ses difficultés socio-économiques. Le chômage est grandissant. Le coût de la vie est de plus en plus cher. Et les jeunes entrevoient l’avenir avec beaucoup d’appréhension. Seulement, les grands maux qui minent surtout l’environnement socio-économique national sont presque connus. Or, il y a un constat qui s’impose : le gouvernement aggrave ces maux ou parfois feint de les nier. La semaine écoulée, le président du Conseil national du patronat du Bénin a rappelé ces grands maux, à quelques jours donc de la Table ronde économique de Paris annoncée depuis quelques semaines, par le gouvernement à grand renfort médiatique. A en croire cette grande voix des milieux d’affaires, au Bénin, l’environnement des affaires est vicié. Un constat qui fait craindre car, si Sébastien Ajavon en arrive à faire ce diagnostic, c’est que la situation est préoccupante. Selon lui, aucun opérateur économique étranger sérieux « ne peut mettre ses sous » actuellement au Bénin car, les investissements ne sont pas sécurisés. Pour convaincre les téléspectateurs, le président Ajavon a déclaré : « Tout le monde voit comment des sociétés sont braquées. Les impôts vous tombent dessus à tout moment, et l’on vous dit qu’on ne veut pas respecter les décisions de justice. Ce qui se passe maintenant est pire que ce qui se passait au temps du Prpb (Parti de la révolution populaire du Bénin, Ndlr) ». Et d’ajouter : « Vous voyez avec notre compatriote Samuel Dossou-Aworêt. Il ne faudrait plus qu’on en arrive à des procès où il faut payer des milliards à cet homme avec sa société Petrolin Trading Ltd. On risque d’ici à là d’avoir à lui payer également des milliards tout simplement parce que l’Etat n’a pas respecté la convention signée avec lui ». Le Patron des patrons béninois attire ainsi l’attention sur l’insécurité dans laquelle baignent les conventions que le gouvernement a signées avec les opérateurs économiques. Il dénonce également l’arbitraire du gouvernement qui s’octroie au détriment de la Justice de pleins droits pour régler ses comptes avec les investisseurs, potentiels créateurs d’emploi qui ont maille à partir avec lui. Ces constats l’ont convaincu à soutenir que la Table ronde économique de Paris reste un gâchis. « Si quelqu’un vous dit qu’on va chercher des investisseurs quelque part, il vous a menti. C’est pour détourner nos sous… Notez quelque part : le montant qui va être dépensé pour cette histoire, il faudra leur en demander des comptes. Comptez le nombre d’années et vous verrez qu’aucune promesse ne sera réalisée », a-t-il prévenu. Sébastien Ajavon ne soutient pas la Table ronde et le Patronat ne la porte pas non plus dans son cœur. « Le Patronat a dit : « nous savons que ce n’est pas une bonne initiative, mais nous l’accompagnons », avait-il informé jeudi dernier. Au Bénin, le monde des affaires se porte mal. Ses acteurs en sont conscients et dénoncent le fait tous les jours. Au lieu de continuer à nier les dures réalités et réagir comme si de rien n’était, le gouvernement doit aussi prendre conscience et travailler à ne pas aggraver la situation. Il faut notamment éviter les décisions saugrenues ayant tout le temps sapé tout l’environnement local des affaires.