Chers amis de « Vendredi au Féminin », l’on ne cessera jamais d’en parler. Car il a de multiples et négatifs impacts sur la santé de la femme. Il s’agit bien de l’Avortement. En effet, vu le taux de plus en plus criard d’infertilité dans les couples en raison de tel ou tel autre dysfonctionnement des organes génitaux féminins, nous avons voulu décortiquer aujourd’hui les conséquences de l’avortement. Pour ce faire, nous nous sommes rapprochés du Docteur François Lahamy, Médecin gynécologue-accoucheur ayant fait près d’une trentaine d’années dans la profession, et actuellement Chef service de la maternité de l’Hôpital de Mènontin à Cotonou. Précisant les types d’avortements qui existent, il donne ici deux principaux conseils en matière d’avortement, tout en mettant en lumière les répercussions de cette pratique gynécologique interdite.
Comment peut-on définir l’avortement ?
Il faut définir l’avortement comme l’expulsion spontanée ou provoquée de l’œuf avant l’âge de six (06) mois, c’est-à-dire 28 semaines. Il y a deux types d’avortements : l’avortement spontané et l’avortement provoqué. Dans le cas de l’avortement spontané, l’œuf va, pour une raison x ou y, s’expulser de lui-même. Tandis qu’en ce qui concerne l’avortement provoqué, le produit de conception (l’œuf) sera provoqué à sortir.
Quelles peuvent-être alors les causes de ces deux types d’avortements ? Sont-elles identiques ?
Non, les causes de l’avortement varient selon qu’il soit spontané ou provoqué. Dans le cas de l’avortement spontané, les causes retenues de façon générale sont de cinq (05) ordres. Le produit de conception peut s’expulser spontanément du fait d’Incompétences cervicales (terminologie actuelle) appelées communément béances cervico-isthmiques congénitales (ancienne terminologie). Elles désignent l’ouverture, à un degré donné, du col de l’utérus. Une ouverture qui fera que le produit de conception va s’expulser de lui-même, alors que la femme n’a même pas mal. Dans ce cas, la femme naît avec cette béance cervicale et on ne peut absolument rien y faire. Hormis cela, il y a des béances cervico-isthmiques dues à des traumatismes du col de l’utérus. Ces types de béances impliquent qu’on a eu à forcer le col de l’utérus au cours de certaines manœuvres. Ce qui va laisser le col béant de sorte que la grossesse peut survenir, mais l’œuf va s’expulser de lui-même. Au titre de ces traumatismes, l’on peut citer un accident de la circulation. Le choc peut traumatiser l’œuf et provoquer un saignement chez la femme. Un saignement qui indique ici que l’œuf s’est expulsé spontanément.
Qu’en est-il des autres causes ?
En dehors des béances cervicales, il y a des causes congénitales qui peuvent provoquer un avortement spontané. Tel un œuf conçu, mais qui, pour des raisons chromosomiques, ne pourra pas aller à terme, et cherchera à s’expulser de façon spontanée. Par ailleurs, il y a certaines maladies de l’appareil génital féminin qui peuvent aussi provoquer des avortements spontanés. Par exemple, un utérus qui porte des fibromes d’une grosseur donnée peut être une cause d’avortement spontané. En dernier lieu, les maladies infectieuses, quelles qu’elles soient, entraînant une fièvre ou non, peuvent aussi être des causes d’avortements spontanés.
Et dans le cas des avortements provoqués ?
Pour ce qui est des avortements provoqués, la cause principale est le fait pour l’être humain d’expulser volontairement l’œuf. Une telle expulsion se fait aujourd’hui par le biais de moyens médicamenteux, de produits et potions traditionnels, de plantes et feuilles, mais aussi par des agents de santé qui utilisent des matériels médicaux pour procéder soit à une aspiration soit à un curetage. En d’autres termes, tout moyen utilisé pour faire partir l’œuf de la cavité utérine par la force est une cause d’avortement provoqué.
Peut-on alors traiter ces causes? Si oui, les traitements sont-ils communs aux deux types ?
Non, les traitements ne sont pas les mêmes. Dans le cas d’un avortement spontané, si c’est une infection, il faut la traiter. Si c’est un fibrome d’une grosseur importante, il faut l’enlever. Et si c’est une béance cervicale, une fois que la femme concernée est enceinte, il faudra procéder à ce qu’on appelle le cerclage… Mais dans le cas des avortements provoqués, la cause étant « la main humaine », le traitement doit être préventif. La meilleure manière de les traiter est donc de les éviter.
Quels sont alors les impacts de l’avortement sur la santé de la femme ?
C’est surtout l’avortement provoqué qui a de graves répercussions sur la femme. Ces impacts sont de 4 types. Dans la mesure où le col de l’utérus a été traumatisé lors de l’avortement provoqué, cela peut laisser des séquelles. Ainsi, après le traumatisme, le col cherchera à se cicatriser. Cette cicatrisation peut fermer l’orifice du col de l’utérus : ce qui donne généralement lieu à ce qu’on appelle les Synéchies. Car, dans la plupart des cas d’avortements provoqués, l’introduction d’instruments médicaux à cette fin est souvent faite par des mains non expertes. Ainsi, quand l’avortement provoqué est mal fait, il peut causer des Synéchies dans la cavité utérine ou au niveau du col de l’utérus. Ce qui sera par ricochet une cause d’infertilité. Parce que du fait des synéchies, les spermatozoïdes n’auront plus par où passer pour aller dans les trompes, pour rencontrer les ovules pondues par l’ovaire. En 3è lieu, en forçant le col de l’utérus lors des avortements provoqués, l’on peut aussi provoquer chez la femme des béances cervico-isthmiques dues à ces traumatismes. Ce qui implique qu’elle risque, à la longue, de faire des avortements spontanés. L’autre conséquence des avortements provoqués, ce sont les infections avec leurs séquelles. Des séquelles d’infections au titre desquelles l’on répertorie les obstructions tubaires communément appelées : trompes bouchées. Elles sont causées par l’utilisation d’instruments non stérilisés lors de l’avortement provoqué, et se matérialisent par des voiles appelés adhérences, entre les intestins et les trompes. De manière à ce que les trompes soient incapables de capter l’œuf pondu par l’ovaire.
Il existe cependant des idées pré conçues selon lesquelles les avortements provoqués seraient à l’origine des cancers du col de l’utérus et des ovaires. Eclairez-nous en la matière.
Ne taxons pas l’avortement provoqué d’être la cause de tous les cancers chez la femme. L’avortement provoqué n’est nullement à l’origine du cancer des ovaires. Je l’affirme et le certifie. Il n’y a absolument aucun lien entre le cancer des ovaires et l’avortement provoqué. Toutefois, l’avortement provoqué peut être un facteur favorisant le développement du cancer du col de l’utérus. En ce sens que ce sont des infections (dues à des microbes) situées au niveau du col de l’utérus qui font le lit du cancer du col de l’utérus. L’avortement provoqué pouvant donner lieu à des infections, il peut donc être considéré comme un facteur pouvant favoriser le cancer de l’utérus. Il est aussi un facteur de risque dans la mesure où les traumatismes subis par le col de l’utérus lors de l’avortement provoqué peuvent causer la transformation des cellules situées au niveau du col de l’utérus, de sorte à ce que cela se cancérise ultérieurement. L’avortement provoqué peut donc être considéré comme un facteur pouvant favoriser le cancer du col de l’utérus, mais il n’en n’est pas une cause directe.
Au regard de ces conséquences très délicates de l’avortement, quelles précautions doit-on alors prendre en la matière ?
S’il s’agit des avortements spontanés, il va falloir chercher les causes exactes de l’expulsion spontanée de l’œuf, et les traiter (fibromes ou maladies infectieuses). A moins qu’il ne s’agisse d’une cause congénitale (béances cervicales ou problèmes chromosomiques) à laquelle l’on ne peut remédier. Quant à l’avortement provoqué, la meilleure des précautions à prendre, c’est de s’en abstenir purement et simplement pour éviter tous désagréments à moyen ou long termes.
Certes, l’on doit s’abstenir de se faire avorter pour mieux se porter gynécolo-giquement. Mais certaines femmes confient le faire parfois dans des situations où l’avortement représente leur seule alternative. Que conseillez-vous alors à celles qui se retrouvent parfois dans cette impasse?
Du haut de ma trentaine d’année d’expériences dans le métier, j’ai deux principaux conseils à donner à toutes les jeunes filles et femmes. Quelle que soit la situation, et que ce soit de son propre chef ou sur assistance des parents (père et/ou mère), l’on ne doit pas faire l’avortement provoqué. Certes, il y a des avortements provoqués qui sont autorisés par la loi. En cas d’inceste, de viol, d’anomalies chromosomiques, de maladies maternelles graves empêchant la mère de porter la grossesse… C’est uniquement dans ces cas que l’on peut s’adresser à des médecins compétents pour pratiquer, dans les règles de l’art et en toute légalité, l’avortement provoqué. Au cas contraire, il est interdit et il faut impérativement l’éviter. Pour ce faire, je recommande, en second lieu, à toutes les femmes béninoises de recourir aux méthodes de planning familial pour programmer leur grossesse. Je les exhorte à davantage adhérer au planning familial qui n’interdit pas les grossesses, mais permet plutôt de bien les espacer afin de préserver sa santé et celle de ses progénitures.