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Fraternité N° 3620 du 6/6/2014

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Loi cadre sur les pêches en République du Bénin : Les députés ont décidé de la réglementation du secteur
Publié le mardi 10 juin 2014   |  Fraternité


Ratification
© Autre presse par DR
Ratification de l’ordonnance relative au budget 2014 : les députés défient Yayi et la Cour»


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Les députés ont voté vendredi dernier la loi cadre sur les pêches en République du Bénin. C’était par 32 voix pour, 00 contre et 02 abstentions.

Il s’agit d’une loi qui règlemente la pêche au Bénin en ce qui concerne les techniques et les engins utilisés par les pêcheurs. En effet, des dispositions prévues dans la loi cadre sur les pêches, il ressort que désormais certaines pratiques et techniques de pêche seront interdites une fois la loi promulguée et les décrets d’application pris.

Il s’agit entre autres des engins de pêche de forme conique et munis à l’arrière-plan d’une poche posée et casée à contre courant en travers des cours d’eau et utilisés en période de crue pour pêcher les poissons et crustacés ; des engins de pêche à plusieurs poches ayant une forme conique faits à partir d’un filet textile et supportés par des cerceaux, utilisés pour la capture des crevettes et alevins ; des engins de pêche faits à partir de nappes de filet, constitués d’un long bras rectangulaire et de poches à chaque extrémité, dans lesquels sont disposés des nappes collectives et des barrages à nappes construits à l’aide de branchages, de bois, de perches de bambou ou autres matériaux végétaux placés au passage des faunes aquatiques et constituant un piège aux poissons et aux crustacés tels que le ‘’Acadja’’.

Par ailleurs, les sanctions prévues par la même loi semblent être véritablement répressives. A titre illustratif, la loi dit que l’utilisation d’une méthode de pêche interdite ou non autorisée est désormais passible d’une amende de 500.000 Fcfa à 3 millions de Fcfa et d’un emprisonnement de 6 à 12 mois.

Les députés présents à la séance plénière n’ont pas manqué de mettre un accent sur les autres problèmes qui minent le sous-secteur de la pêche au Bénin.

Il ont parlé de la faible régulation des activités de pêche, l’insuffisance du dispositif de contrôle fondé sur le système des licences pour la pêche industrielle, la faiblesse au plan technique tenant à un manque de coordination des fonctions de gestion durable des pêcheries, l’absence de moyens pour la recherche ; l’insuffisance des capacités financières et la faible formation des organisations professionnelles des pêcheurs, l’érosion des berges, la pollution des eaux, l’incivisme, l’apparition du phénomène des diguettes, l’envahissement des plans d’eau par les plantes aquatiques, la dégradation de l’écosystème, l’accaparement des plans d’eau au titre de propriété privée, pour ne citer que ces problèmes là.

(Lire ci-dessous les réactions de quelques députés au cours du débat général)
Réactions des députés sur le vote de la loi cadre sur la pêche en République du Bénin

Boniface Yèhouétomè

« …L’opportunité de la loi cadre n’est plus à démontrer. Il est vrai qu’il ne suffit pas d’avoir une loi cadre.

Car, je me rappelle qu’on a voté ici la loi cadre sur l’environnement. Mais est-ce que les dispositions prévues ont ensuite été respectées ? Une chose est d’avoir la loi cadre sur la pêche, l’autre chose plus importante est d’avoir les textes d’application de la loi et surtout le respect des dispositions qui sont prévues (…) Si on a la loi et qu’on ne respecte pas ce qui est dit, ça fait une grande faiblesse à la loi… »

Georges Bada

« …Le débat autour des techniques de pêche ne date pas d’aujourd’hui. Lorsqu’on sait les dégâts que les pratiques malsaines de pêche peuvent causer à l’environnement les années à venir, il faut s’inquiéter. Lorsque nous allons aujourd’hui sur nos eaux, il n’y a plus de poissons jusqu’aux alevins. C’est inacceptable. Il faut nécessairement que nous prenions des décisions (…) Nous voulons que la génération future ait nécessairement du poisson à manger… »

Candide Azannaï

« …Tout n’est pas si mauvais dans nos pratiques ancestrales. Le problème est que nous ne faisons pas l’effort des recherches, d’orienter les jeunes et même les populations vers l’amélioration des pratiques ancestrales. Nous avons dit qu’il y a des techniques qui créent réellement des torts aux richesses de nos eaux et aux populations. Mais nous disons qu’il ne faut pas supprimer toutes les pratiques.

Il faut supprimer les pratiques qui font du tort, mais il faut recenser les autres pratiques pour en faire des éléments de recherche dans les écoles de formation agricole (…) Il y a des populations qui vivent exclusivement des produits des eaux. Il faut aussi faire attention à la politique de substitution des techniques de pêche parce que, qu’on le veuille ou non, nos populations ont besoin d’un temps pour s’habituer aux nouvelles techniques qui vont leur être proposées… »

Bani Samari

« …Je voudrais faire remarquer qu’il y a un grand lien entre les ressources naturelles. Quand on parle de pêche, il faut d’abord de l’eau et quand on parle de l’eau, il y a la pluie. Vu les changements climatiques que nous constatons aujourd’hui, il y a un effet sur la pluviosité qui entraîne une baisse drastique de l’écoulement dans les cours d’eau.

Aujourd’hui, on peut traverser le fleuve Niger à pied à certains endroits. Donc, les cours d’eau sont en train de tarir (…) Ma deuxième préoccupation est relative à l’autorisation des industriels à pêcher dans les eaux du Bénin. Heureusement que nous avons rejeté cela dans notre loi. Nous devons tout faire pour que ça ne réapparaisse pas. En l’acceptant, c’aurait été une manière d’appauvrir totalement les eaux du Bénin… »

Le président Mathurin Coffi Nago

Mathrin Nago remonté contre ses collègues absentéistes

« …A travers les interventions, il a été fait cas du caractère marginal du sous-secteur de la pêche, de son abandon total dans les politiques de développement (…) Si je devais donner mon avis, je dirai que c’est une réalité qui est vécue au quotidien.

Il y a des problèmes qui sont évoqués en commission et qui sont naturellement revenus dans les interventions. En premier lieu, le problème d’interdiction de certains engins qui semblent jouer un rôle dans l’appauvrissement des plans d’eau. C’est des interdictions qui existaient depuis longtemps. Même le Français qui est venu nous coloniser savait que c’est des pratiques malsaines et les avait déjà interdites. Le président Grégoire Laourou a rappelé la multitude d’ordonnances qui avaient été prises.

Ce n’est pas pour rien. C’est parce qu’il y avait des problèmes en matière de préservation des ressources aquatiques. Comment faire pour préserver et développer ces ressources aquatiques ? Cela ne peut pas se faire s’il y a des pratiques qui ont pour rôle de tout détruire. Il est également important de rappeler les plans d’eau qui ne sont pas suffisamment profonds et qui ne favorisent pas l’environnement de reproduction des espèces.

Aujourd’hui, la plupart de nos plans d’eau connaissent un ensablement. Les rives de ces plans d’eau sont complètement érodées du fait du déboisement. Il faut aussi le transport des personnes et des biens sur les plans d’eau. Il y a des plans d’eau où le pêcheur ordinaire ne peut plus jeter son filet. Si vous jetez le filet, vous risquez d’avoir la tête coupée parce que les ‘’Acadja’’ qui sont des barrages à nappes construits à l’aide de branchages et autres, et qui constituent des pièges à poissons sont surveillés par des gardiens. Il y a des propriétés privées sur les plans d’eau (…) Des gens s’entretuent. Il y a eu des troubles sociaux et il n’y a plus de places libres pour les pêcheurs individuels qui constituent 90% des communautés de pêcheurs.

Et les ‘’Acadja’’ sont installés par des opérateurs économiques qui sont dans les grandes villes et qui sont dans d’autres secteurs (…) Il s’agit pour nous aujourd’hui d’améliorer la réglementation et non d’opérer une régression. Le seul moyen d’aider la communauté des pêcheurs et de développer la pêche, c’est de préserver les plans. Ce qui est proposé par le gouvernement est ce qui est fait dans tous les pays développés… »

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