L’initiative de cette formation dite BRIDGE revient à la Division d’assistance électorale de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Elle rassemble à Cotonou, depuis hier lundi 9 juin et ce jusqu’au 13 prochain, les commissions électorales des quinze Etats membres de la Communauté dont les compétences seront renforcées aux fins de promouvoir des processus électoraux crédibles et apaisés dans l’espace.
Justifiant la tenue de cette session de formation, Dr Remi Ajibewa, directeur par intérim des Affaires politiques, représentant la Commissaire des Affaires politiques, de la Paix et de la Sécurité de la CEDEAO, suggère que l’organisation attache une grande importance à la convergence constitutionnelle dans l’espace communautaire, particulièrement en ce qui concerne la séparation des pouvoirs, les pratiques et la gestion électorale crédibles.
La formation porte sur le thème innovateur de «Développement des Ressources en matière de Démocratie, Gouvernance et Elections» (BRIDGE). Et vise, souligne-t-il, à combler chez les participants, le déficit de connaissances dans l’administration électorale en particulier, en ce qui concerne le mécanisme de résolution des conflits électoraux.
En effet, constate Dr Remi Ajibewa, pendant des décennies, les guerres civiles et les conflits, souvent déclenchés par la dictature ou les processus électoraux défectueux et contestés, ont réduit à néant les perspectives de développement économique et de l’intégration en Afrique de l’Ouest, mettant en évidence les liens intrinsèques entre la démocratie et le développement. Mais fort heureusement, relève-t-il, les vingt dernières années ont favorisé un certain enracinement de la culture démocratique, caractérisée notamment par l’institutionnalisation d’élections ordinaires plus ou moins acceptables comme moyen privilégié de choix des dirigeants.
Les cas de pays comme le Sénégal, le Bénin, le Cap Vert, le Ghana, la Côte d’Ivoire l’attestent. Cependant, reconnaît Remi Ajibewa, la fragilité des processus électoraux et démocratiques est devenue évidente au regard des cas alarmants d’élections contestées, de refus d’accepter le verdict des urnes, et de violences post-électorales.
A cela, le directeur par intérim des Affaires politiques de la CEDEAO ajoute les désaccords relatifs à la composition des Commissions électorales ou au mode d’administration électorale qui empêchent la tenue à bonne date des élections. En somme, relève-t-il, les processus électoraux continuent d’être une source importante de conflits et un indicateur clé de la paix, de la sécurité et du développement dans la région.
La formation BRIDGE comme outil pertinent
Au regard de ces constats, la formation BRIDGE apparaît comme une initiative importante de la CEDEAO dans ses efforts pour aider les Etats membres dans leurs processus électoraux comme le recommandent les dispositions pertinentes du Protocole relatif au Mécanisme de prévention, de gestion, de règlement, de maintien de la paix et de la sécurité ; le Protocole additionnel sur la Démocratie et la bonne gouvernance ; ainsi que le Cadre de prévention des conflits de la CEDEAO.
Ce Cadre notamment, demande à la CEDEAO de faciliter la fourniture d’une assistance aux Etats membres et circonscriptions locales, un soutien technique et financier pour la conduite du recensement, l’éducation des électeurs, l’adoption de codes électoraux crédibles, la compilation des listes électorales, et la formation des agents électoraux, des scrutateurs et des observateurs. Sachant que la région CEDEAO a connu des élections controversées ces derniers temps, la formation BRIDGE s’avère donc d’une pertinence certaine.
En effet, soutient Remi Ajibewa, les différends électoraux sont une partie intrinsèque du processus électoral et la crédibilité de ce processus est déterminée dans une large mesure par la capacité de l’organisme en charge des élections dans un pays, à les résoudre efficacement.
En clair, indique-t-il, les problèmes nés des résultats des élections, ou la conduite des élections, ne doivent pas être considérés comme une faiblesse du système électoral, mais signe de sa capacité de résistance.En cela, la formation BRIDGE se veut un apport substantiel pour les experts en charge des élections et pour les observateurs électoraux.
Elle permettra d’élever leur expertise individuelle à l’échelle des normes et procédures professionnelles approuvées au plan international dans l’organisation et la tenue d’élections crédibles, assure Remi Ajibewa.
Pour ce faire, rassure-t-il, des modules ont été spécialement conçus pour faciliter la connaissance et l’appropriation en profondeur, par les participants, des domaines identifiés, notamment les normes et principes de gestion des élections, les acteurs et institutions clés dans la résolution des litiges électoraux, les principes juridiques internationaux pour le mécanisme de résolution des conflits électoraux…La formation est assurée par Thophilus Dowetin, formateur BRIDGE agréé ayant une expérience éprouvée en matière électorale, et par le professeur de droit