Arrivée en retard au parlement pour des questions d’actualité : Des ministres de Yayi éconduits par les députés (La colère de Nago, Rosine Soglo, Aholou-Kèkè, Azanaï et consorts)
La séance plénière de l’Assemblée Nationale convoquée hier, jeudi 2 mai 2013, par le Président Mathurin Nago pour écouter certains ministres du gouvernement sur des questions pour lesquelles ils ont été interpellés, n’a pu se tenir. Las d’attendre les ministres qui mettaient du temps à se présenter, le Président de l’Assemblée Nationale s’est vu dans l’obligation de suspendre la séance. Mais non pas sans manifester sa colère qui a été suivie de celle de plusieurs autres députés.
Des ministres du gouvernement du Dr Boni Yayi ont été éconduits hier à l’Assemblée Nationale par les députés. Le grand retard qu’ils ont observé avant de se présenter au Palais des gouverneurs a suffisamment énervé les députés, à commencer par le Président de l’Assemblée Nationale. «C’est depuis le mois de janvier 2013 que le gouvernement a promis envoyer sa communication. Cette façon de faire gêne les députés. Monsieur le président, si vous avez besoin de notre soutien pour faire entendre notre voix, faites-le », a lancé le président Antoine Kolawolé Idji. Il sera suivi de l’honorable Sacca Lafia pour qui, « Ce qui se passe n’est pas une affaire de relation entre deux individus ou entre deux cabinets ». « Ce n’est pas la première fois que le problème se pose. Il faut lever cette séance et écrire au gouvernement pour dire que tant que le gouvernement n’est pas présent, on arrête tout», a-t-il martelé. « Je voudrais m’assurer que l’administration parlementaire a fait son travail. Qu’est- ce que les députés béninois choisissent d’être ou que notre parlement soit ? A eux de répondre. Est-ce que nous devons rester sans rien faire ? Il faut lire les articles 71,73 et 113 de la Constitution. Aucun pays ne marche si on y met de la complaisance. Pour quelle raison on peut appeler un ministre et il refuse. L’interpellation est comme une question. Il peut venir comme, il peut ne pas venir. Quand on proteste, ce n’est pas une grève. Ils nous empêchent de travailler. Et le peuple avisera. Vous êtes là pour servir la nation et votre personne ne compte pas », a –t-il poursuivi.
Avec la virulence du verbe qu’on lui connaît, l’honorable Azanaï n’est pas allé du dos de la cuillère. « Je pense que dans une démocratie, il y a des règles. Ce n’est pas bon de lever la séance et de ne pas travailler. Je pense que si nous sommes sincères, nous attendons jusqu’à la fin. Et là, c’est l’interpellation pour outrage qui s’offre à nous et nous pouvons traduire ces ministres devant la Haute cour de justice. Aucun gouvernement n’osera plus jamais se comporter de cette façon-là », a-t-il déclaré. : « A mon humble avis, ce comportement du gouvernement qui dure depuis plusieurs mois n’est que dédain. Parce qu’il y a une majorité, on ne veut plus respecter le Parlement. Tout ce que nous faisons est prévu par la loi. Si le gouvernement se comporte comme ça, que fera la population ? J’adhère à la proposition de Rosine Soglo qui veut que nous avertissions en refusant de travailler, avant d’aller aux mesures fortes », a soutenu la Présidente de la Commission des lois, Hélène Aholou-Kèkè. Zéphérin Kindjan-houndé a aussi ajouté sa voix à cette symphonie de colère contre le gouvernement. « J’avais fustigé le comportement de certains membres du gouvernement. D’aucuns ont trouvé que j’étais excessif. Trois ministres viennent de confirmer ce mépris. Ils ont choisi de boycotter notre séance plénière. Nous ne sommes pas dans une monarchie. Nous devons respecter la constitution. Je nous invite à une lecture de certains passages de cette loi fondamentale pour appliquer. Vous pouvez compter sur nous».
Rosine Soglo, Sabi Moussa… très amers
« De prime abord, le parlement ne peut pas être en grève. Nous ne sommes pas des fonctionnaires, mais des élus du peuple. Quelle grève ? On a un mépris souverain. C’est anormal ce qui se passe. Le gouvernement Yayi doit nous respecter encore qu’il a la majorité. La Cour constitutionnelle n’a rien à avoir dedans. Nous passons avant la Cour constitutionnelle. Je refuse qu’on me marche dessus. Personne ne me cogne », a dit la Présidente Soglo d’un ton très amer. « Il y a quelques jours, nous avons dit que le report des élections était du fait du parlement. Le gouvernement est absent et empêche la démocratie. Nous sommes une institution comme le gouvernement. Je suggère que nous saisissons la Cour constitutionnelle. Elle peut nous aider à constater que ce qui se passe est contraire à notre constitution. Deuxièmement, nous pouvons continuer de faire tout ce qui nous concerne sans le gouvernement. Pour la désignation des membres des CCA, on n’est pas prêt. Que nous fassions ce qui est de notre ressort et que la Cour constitutionnelle nous donne son point de vue », a dit Chabi Sika Karimou. « Trop, c’est trop. Les députés sont à bout de patience. A l’ouverture de la session, c’est pareil. Egalement pour la présentation du rapport. Cependant nous ne devons pas perdre la tête. On a toutes les armes et on dit qu’on nous brime. On doit prendre d’autres dispositions pour empêcher des brimades », a conseillé l’honorable Bagana. Pour Boniface Yèhouétomè : « Le gouvernement affiche un mépris vis-à-vis du parlement. Même si on suspend, il faut finaliser les membres des CCA. On adresse à l’Exécutif une lettre pour protester. Il faut un signal, pas de renvoi sine die… ». « Tout se passe comme si les ministres sont au-dessus des députés. Trop, c’est trop. Je souhaite que la plénière soit suspendue jusqu’à l’arrivée du gouvernement », a commenté l’honorable Monhossou Moussou.
Sabi Soulé : « Ce que nous devons faire est connu. Le règlement intérieur est là. L’article 113.2 recommande l’interpellation. Ce qui peut conduire jusqu’à l’article 73 de la Constitution. A défaut de tout, il faut une protestation forte. Nous allons aussi humilier le gouvernement. La prochaine fois, pour la plénière, s’ils sont là, il faut les faire sortir.
Nago coléreux, mais résigné
« Je voudrais dire que le bureau n’a pas besoin d’un appui pour faire son travail. Toutes les dispositions sont prises pour que le gouvernement soit là ce matin. Je suis désolé de constater l’absence du gouvernement. Malheureusement, à l’impossible nul n’est tenu. On a une proposition de suspendre les séances jusqu’à nouvel ordre. En fait, jusqu’à ce que le gouvernement se manifeste. Nous-mêmes, nous avons le quatrième point à faire, à savoir la désignation des membres des CCA. Que faire ? », a dit le Président de l’Assemblée nationale.
Les excuses du gouvernement
Après l’incident de l’Assemblée nationale, plusieurs ministres concernés par les questions d’actualité ont donné un point de presse dans l’après midi d’hier, jeudi 02 mai 2013, au ministère des affaires étrangères pour dire les raisons qui les ont poussés à faire le déplacement de la maison des gouverneurs plus tard que prévu. Voici la déclaration du gouvernement lue par la ministre chargée des relations avec les institutions.
La déclaration du gouvernement
Le jeudi 02 mai 2013, le Gouvernement a été appelé devant la Représentation nationale pour :
- Répondre à une question d’actualité sur l’assainissement des berges lagunaires ;
- Présenter une communication sur le déploiement de contingent béninois dans le cadre de la résolution de la crise malienne ;
- Donner suite à son interpellation sur le protocole d’Etat.
Ces préoccupations de la Représentation nationale ont été programmées pour la plénière de ce jour. Malheureusement cette programmation coïncide avec la tenue dans notre pays du forum inaugural sur le développement rural en Afrique (Fidra) dont le leadership continental a été confié au Président de la République du Bénin.
Tenant compte de l’importance de cet évènement, mais aussi de la haute considération due à la Représentation nationale, des diligences ont été entreprises en direction du Président de l’Assemblée nationale pour solliciter un décalage d’environ deux heures de temps, en raison du retard que la cérémonie d’ouverture du forum pourrait amener les Ministres concernés à observer sur la programmation initiale.
Aussitôt après la cérémonie du lancement du forum, les Ministres se sont immédiatement rendus au cortège à l’hémicycle, munis de leurs dossiers déjà prêts et précédés par les cadres de leur cabinet respectif déjà sur place.
Le retard accusé par les Ministres, malgré toutes les précautions prises, a suscité une désapprobation de la part des députés.
Le Gouvernement, dans sa volonté permanente de recherche de relations harmonieuses avec les autres institutions de la République, et particulièrement avec l’Assemblée nationale, regrette cet incident malheureux qui relève d’un malentendu.
Le Gouvernement, les Ministres concernés en l’occurrence, présentent leurs excuses à la Représentation nationale pour ces désagréments et entendent prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter à l’avenir que pareilles situations ne surviennent à l’avenir.
Lire l’intégralité des débats à l’hémicycle
Antoine Idji Kolawolé : « C’est depuis le mois de janvier 2013, que le gouvernement a promis envoyer sa communication. Cette façon de faire gêne les députés. Monsieur le président, si vous avez besoin de notre soutien pour faire entendre notre voix, faites-le. »
Sacca Lafia : « Ce qui se passe n’est pas une affaire de relation entre deux individus ou entre deux cabinets. Ce n’est pas la première fois que le problème se pose. Il faut lever cette séance et écrire au gouvernement pour dire que tant que le gouvernement n’est pas présent, on arrête tout. »
Candide Azannai : « Je pense que dans une démocratie, il y a des règles. Ce n’est pas bon de lever la séance et de ne pas travailler. Je pense que si nous sommes sincères, nous attendons jusqu’à la fin. Et là, c’est l’interpellation pour outrage qui s’offre à nous et nous pouvons traduire ces ministres devant la Haute cour de justice. Aucun gouvernement n’osera plus jamais se comporter de cette façon-là.
Hélène Kèkè : « A mon humble avis, ce comportement du gouvernement qui dure depuis plusieurs mois, n’est que dédain. Parce qu’il y a une majorité, on ne veut plus respecter le parlement. Tout ce que nous faisons est prévu par la loi. Si le gouvernement se comporte comme ca, que fera la population ? J’adhère à la proposition de Rosine Soglo qui veut que nous avertissons en refusant de travailler, avant d’aller aux mesures fortes. »
Zéphérin Kindjanhoundé : « J’avais fustigé le comportement de certains membres du gouvernement. D’aucuns ont trouvé que j’étais excessif. Trois ministres viennent de confirmer ce mépris. Ils ont choisi de boycotter. Nous ne sommes pas dans une monarchie. Nous devons respecter la Constitution. Je nous invite à une lecture de certains passages de cette loi fondamentale pour les appliquer. Vous pouvez compter sur nous. »
Mathurin Nago : « Je voudrais dire que le bureau n’a pas besoin d’un appui pour faire son travail. Toutes les dispositions sont prises pour que le gouvernement soit là ce matin. Je suis désolé de constater l’absence du gouvernement. Malheureusement, à l’impossible nul n’est tenu. On a une proposition de suspendre les séances jusqu’à nouvel ordre. En fait, jusqu’à ce que le gouvernement se manifeste. Nous-mêmes, nous avons le quatrième point à faire, à savoir la désignation des membres des CCA. Que faire ? »
Aké Natondé : « Je suis d’accord avec les collègues qui condamnent le comportement du gouvernement. Mais de là, à faire black out sur les activités parlementaires, les populations ne nous comprendront pas. Je suggère de ne pas aller en grève. En tout cas, pour ce qui me concerne, je suis contre cette proposition. »
Antoine Kolawolé Idji : « Je m’interroge sur l’utilité du débat que nous devons engager. Nous constatons tous qu’il y a un blocage institutionnel. Même si les ministres arrivent maintenant, nous refusons de les recevoir. Ce que nous voyons est un danger pour la démocratie. Nous ne grèvons pas, mais nous voulons envoyer un avertissement. L’une des formes, nous arrêtions la plénière de ce jour et le bureau avise des suites à venir. Nous ne pouvons nous auto-dissoudre. Nous ne pouvons pas cesser toutes les séances et conditionner la reprise des travaux par le gouvernement. Nous avons besoin de recevoir les ministres quand nous voudrions. »
Karimou Chabi Sika : « Il y a quelques jours, nous avons dit que le report des élections était du fait du parlement. Le gouvernement est absent et empêche la démocratie. Nous sommes une institution comme le gouvernement. Je suggère que nous saisissions la Cour constitutionnelle. Elle peut nous aider à constater que ce qui se passe est contraire à notre Constitution. Deuxièmement, nous pouvons continuer de faire tout ce qui nous concerne sans le gouvernement. Pour la désignation des membres des CCA, on n’est pas prêt. Que nous fassions ce qui est de notre ressort et que la Cour constitutionnelle nous donne son point de vue. »
Bio Kansè : « Il y a eu de bonnes propositions. Nous ne devons pas faire comme le gouvernement. Il faut que nous fassions ce que nous devons faire. »
Firmin Biokou. « Le président Chabi Sika a marché sur ma langue. Mettons de l’eau dans notre vin. Soyons sage et montrons la voie au gouvernement. »
Sofiath Schanou : « Si aujourd’hui, nous avons décidé de suspendre, ce n’est pas la grève, mais un signal au gouvernement. Nous avons envie de travailler.
Grégoire Akoffodji : « Je rejoins mes collègues pour dire qu’il n’est pas bien raisonnable de suspendre tous les travaux de l’Assemblée. Nous devons continuer les travaux en commission pour donner la possibilité au gouvernement de réagir plus tard. Nous pouvons saisir la Cour constitutionnelle. »
Valère Tchobo : « Je veux bien emboiter les pas de mes prédécesseurs. Qu’on travaille effectivement et je constate que le gouvernement est entré dans la salle. »
Gilbert Bagana : « Je comprends que trop, c’est trop. Les députés sont à bout de patience. A l’ouverture de la session, c’est pareil. Egalement pour la présentation du rapport. Cependant, nous ne devons pas perdre la tête. On a toutes les armes et on dit qu’on nous brime. On doit prendre d’autres dispositions pour empêcher des brimades »
Zéphérin Kindjanhoundé : « Il ne sert à rien de répéter les autres. Je souhaite que nous fassions le travail pour lequel la présence du gouvernement n’est pas importante. Nous devons aller à la désignation des membres des CCA. Cependant, restons coller à notre décision. »
Lucien Hounyibo : « Quel est le problème du gouvernement qui brille par son absence persistante ? On a remarqué que malgré tout, c’est la même chose qui continue. Malgré la majorité, on nous brime. C’est un peu flou. En principe, les ministres qui sont absents, Yayi doit les sortir du gouvernement, si leur absence est délibérée ».
Boniface Yèhouétomè : « Le gouvernement affiche un mépris vis-à-vis du parlement. Même si on suspend, il faut finaliser les membres des CCA. On adresse à l’Exécutif une lettre pour protester. Il faut un signal, pas de renvoi sine die. On continue les concertations pour la désignation des membres des CCA ».
Rosine Soglo : « De prime abord, le parlement ne peut pas être en grève. Nous ne sommes pas des fonctionnaires, mais des élus du peuple. Quelle grève ? On a un mépris souverain. C’est anormal ce qui se passe. Le gouvernement Yayi doit nous respecter encore qu’il a la majorité. La Cour constitutionnelle n’a rien à avoir dedans. Nous passons avant la Cour constitutionnelle. Je refuse qu’on me marche dessus. Personne ne me cogne ».
Parfait Houangni : « Nous ne sommes pas des grévistes. Je souhaite que le gouvernement nous prenne au sérieux »
Monhossou Monsou : « Tout se passe comme si les ministres sont au-dessus des députés. Trop, c’est trop. Je souhaite que la plénière soit suspendue jusqu’à l’arrivée du gouvernement.
Orou Sé Guéné : « Dans notre règlement intérieur, il n’y a pas de grève. Je propose que les dossiers qui nous concernent soient traités.
Françoise Assogba : « Tout a été dit et je suis pour qu’on continue les concertations notamment la désignation des membres des CCA, les unités administratives. En ce qui concerne notre protestation, je prie pour que nous appliquions les textes.
Isidore Gnonlonfoun : « L’Assemblée nationale demeure le cœur de la démocratie et donc nous devons rester collés aux textes. Le député ne grève pas et je suis d’accord qu’on envoie un signal fort au gouvernement. Je suggère que nous continuions le travail qui nous concerne »
Sabi Soulé : « Ce que nous devons faire est connu. Le règlement intérieur est là. L’article 113.2 recommande l’interpellation. Ce qui peut conduire jusqu’à l’article 73 de la Constitution. A défaut de tout, il faut une protestation forte. Nous allons aussi humilier le gouvernement. La prochaine fois, pour la plénière, s’ils sont là, il faut les faire sortir ».
Sacca Lafia : « Je voudrais m’assurer que l’administration parlementaire a fait son travail. Qu’est-ce que les députés béninois choisissent d’être ou que notre parlement soit ? A eux de répondre. Est-ce que nous devons rester sans rien faire ? Il faut lire les articles 71,73 et 113 de la Constitution. Aucun pays ne marche si on y met de la complaisance. Pour quelle raison on peut appeler un ministre et il refuse ? L’interpellation est comme une question. Il peut venir comme, il peut ne pas venir. Quand on proteste, ce n’est pas une grève. Ils nous empêchent de travailler. Et le peule avisera. Vous êtes là pour servir la nation et votre personne ne compte pas ».
Mathurin Nago : « Pour la séance de ce jour, l’administration parlementaire a fait son travail et c’est pour cela que je suis désolé. Contrairement à ce que certains pensent, ce n’est pas une question entre deux individus, mais plutôt entre deux institutions. Nous avons fait ce que nous pouvons. La plénière est souveraine et je constate que les décisions sont prises. Tout le monde est d’accord. Deux positions : nous suspendons la séance, nous allons poursuivre les travaux pour ce qui concerne le parlement sans le gouvernement… Par conséquent, la désignation des membres des CCA, Nous allons poursuivre le travail et je vous suggère de nous retrouver demain, pour désigner des CCA. L’essentiel est fait et il ne reste que quelques réglages. La séance est suspendue. »
Dossier réalisé par Affissou Anonrin et Tobi P Ahlonsou