Le jeudi 2 mai 2013, des membres du gouvernement ont été éconduits du Parlement pour grand retard après plusieurs absences aux interpellations de la représentation nationale. Mais les ministres ont effectué une déclaration à la presse pour préciser que le Président du Parlement savait qu’ils viendraient deux heures plus tard.
L’Assemblée nationale perdra encore certainement quelques heures à clarifier un comportement du gouvernement qui frise le mépris. Le jeudi 2 mai 2013, la plupart des députés ont été choqués par l’absence du gouvernement à la séance d’interpellation. Pour certains, le gouvernement méprise le Parlement parce qu’elle-même est devenue une caisse de résonnance majoritaire et assurée pour l’Exécutif. Pour d’autres, la situation est devenue critique et le Parlement ne supporte plus d’être piétiné. Dans cette veine, les plus marqués ont souhaité que soit appliquée la loi tendant vers une déclaration d’outrage à la représentation nationale. Face à l’ampleur du mécontentement des députés et surtout de plusieurs membres de la majorité présidentielle, les ministres se sont repliés sur Cotonou pour effectuer une déclaration dans laquelle le Président du Parlement a été pointé du doigt comme précédemment informé d’un retard de deux heures des membres du gouvernement. Pourtant, le Président du Parlement Mathurin Nago a précisé que cette question dépasse les bornes et ne pouvait plus être laissée sans reproche. Il est allé dans le même sens que plusieurs députés qui ont déploré l’absence du gouvernement.
Mais suite à la déclaration des ministres, le Président du Parlement doit pouvoir clarifier la situation. Il devra dire aux députés s’il avait été informé du retard de deux heures du gouvernement. Il peut aussi préciser s’il s’agit d’une habitude du gouvernement de toujours réclamer un retard et qu’il était désormais fatigué de venir excuser le gouvernement devant ses collègues députés. D’ailleurs, le gouvernement avait été informé longtemps à l’avance de l’interpellation. Et sur 26 ministres, un seul au moins devrait pouvoir venir au Parlement pour faire démarrer l’une des questions en attendant que les autres arrivent. Tout compte fait, il sera bien inutile de continuer à polémiquer sur cette situation pendant qu’il y a assez de dossiers plus sérieux à traiter.
Le Parlement a déjà marqué sa désapprobation du comportement des ministres et ces derniers doivent désormais respecter la représentation nationale en s’organisant au mieux.
Thuriféraires, stop
Les thuriféraires du Chef de l’Etat parmi les députés doivent très vite se ranger et permettre au Président du Parlement de bien conduire le pouvoir législatif qui est au dessus de l’Exécutif. Certains s’agitent déjà laissant croire que le Président du Parlement devait continuer d’accepter la fragilisation de l’institution parlementaire. Or autant les ministres sont occupés, autant les députés le sont. Et puisque selon la Constitution le Parlement contrôle le gouvernement, ce dernier doit tout faire pour se rendre disponible à tout moment afin de répondre aux interpellations. D’ailleurs, le Chef de l’Etat n’a jamais cessé de parler de reddition des comptes. A partir de ce moment, il n’y a plus de raison à vouloir confondre les deux pouvoirs qui sont séparés. La clarté exige que pour être loyale vis-à-vis du peuple qui les a élus, les députés fassent leur travail de contrôleur de l’action gouvernementale, avec rigueur et probité. Ce serait une démission du Parlement dont les membres gagneraient indûment leur salaire payé par les contribuables si les députés ne contrôlaient pas les actions du gouvernement. De ce fait, ceux qui pensent que le Président Mathurin Nago aurait mal fait en permettant que les députés rappellent le gouvernement à l’ordre devront vite se référer à la Constitution pour se ranger et permettre au Parlement de remplir sa mission.
Junior Fatongninougbo