Trente. C’est le nombre qu’ils font en ce moment. Il s’agit bien des députés de la mouvance Présidentielle sollicitée par le pouvoir pour introduire une proposition de loi privant les magistrats béninois du droit de grève. Le texte est presque prêt, avec en bas leurs signatures. Il ne reste qu’à l’introduire sur la table du Professeur Mathurin Coffi Nago, Président de l’Assemblée Nationale.
En attendant que cette étape soit franchie, le Président de l’Unamab, M. Michel Adjaka a choisi d’attirer l’attention de ces députés sur le caractère dangereux de l’acte qu’ils s’apprêtent à poser. Voici les sages conseils qu’il prodigue à ces députés dressés pour assassiner la démocratie béninoise.
« Plutôt que de chercher à violer la constitution du 11 décembre 1990 en son article 31 et à faire reculer l’État de droit, les Honorables députés signataires de la proposition de loi tendant à retirer le droit de grève aux magistrats feraient mieux d’abandonner cette approche liberticide et de conseiller au gouvernement, qu’ils soutiennent contre vents et marrées, de dialoguer, car une justice à la remorque du pouvoir exécutif (celle où les nominations de magistrats dépendent plus du bon vouloir du Ministre de la justice et du Chef de l’État que d’un CSM indépendant) ne sécurise personne, surtout les hommes politiques.
Avec cette trouvaille anti-constitutionnelle, le Gouvernement arrachera à tous les travailleurs, qu’ils soient du secteur public ou du secteur privé, le droit de défendre leur droit contre le silence ou le mépris d’un employeur autocrate.
N’ayons pas une conception personnalisée des institutions de la République, mais plutôt une vue impersonnelle des choses, sinon le risque est grand de se laisser prendre à son propre piège. L’exemple du système judiciaire de certains pays de la sous-région peut nous édifier. En clair, nul ne peut échapper au piège qu’il a tendu aux institutions constitutionnelles, à cause des intérêts immédiats.
En tout cas, n’oublions pas que la roue de l’histoire tourne et, avec une justice fragilisée et abandonnée au désir de l’Exécutif, elle peut tourner aveuglément et dangereusement. A bon entendeur, salut ! ».