Le président de l’Assemblée nationale, le Professeur Mathurin Coffi Nago a reçu plusieurs personnalités hier à son cabinet au Palais des gouverneurs à Porto-Novo. Au nombre de celles-ci, il y a les responsables du personnel du Groupement des Industries Cotonnières Associées. Ces derniers sont allés solliciter l’appui du président Nago, pour que leur souhait de voir renégocier avec le gouvernement les contrats des sociétés d’égrenage de coton aboutisse. A en croire Djèmil Kabirou, porte-parole des hôtes du président Mathurin Coffi Nago, les sociétés cotonnières du Groupement des Industries Cotonnières Associées (Iga-Gie) à savoir la Compagnie cotonnière du Bénin dont l’usine est à Kandi, la Société Cotonnière de N’Dali, la société cotonnière du Bénin (Socobe) dont l’usine est à Bohicon, l’Industrie Cotonnière Béninoise dont le siège est à Péhunco, et l’Industrie Béninoise d’égrenage et de dérivés du Coton (Ibeco) basée à Kétou, ont été écartées cette année de la campagne cotonnière. Toujours selon lui, le gouvernement n’a pas voulu renégocier les contrats d’égrenage conclus la saison précédente avec les usines citées plus haut. Aussi, a-t-il précisé que les prix fixés d’office par l’Etat ont occasionné d’énormes pertes pour les sociétés d’égrenage en question alors que l’Etat béninois en a tiré grand profit. Pour Djèmil Kabirou et ses amis, l’idéal aujourd’hui serait que le gouvernement leur retourne l’entièreté de leurs activités à savoir l’achat de la matière première qu’est le coton, sa transformation dans les usines et la commercialisation de la fibre et de la graine. Car, a-t-il précisé, le plus grave est que plus de 1500 emplois sont menacés tout comme les activités économiques dans les communes abritant les usines en question.
Déclaration de l’Association des égreneurs devant le président Nago
« La situation que nous vivons n’a jamais été connue de mémoire d’égreneur… »
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale du Bénin, nous tenons avant tout, à vous remercier pour avoir accepté de nous recevoir et pour l’opportunité que vous nous donnez de nous exprimer par rapport à la situation des sociétés cotonnières du Groupement ICA (ICA-GIE).
En effet, ICA-GIE est un Groupement d’Intérêt Economique composé de cinq sociétés membres que sont : la Compagnie Cotonnière du Bénin (CCB SA), l’Industrie Cotonnière Béninoise (ICB SA), la Société Cotonnière du Bénin (SOCOBE SA), la Société Cotonnière de N’Dali (SCN SA) et l’Industrie Béninoise d’Egrenage et de Dérivés de Coton (IBECO SA), ayant pour objet, l’égrenage du coton graine et la commercialisation de la fibre et de ses dérivés.
Depuis deux campagnes maintenant, l’Etat s’est auto proclamé égreneur et ces sociétés se sont vues priver de fait, de leur droit d’exercer leur activité. Ainsi, au cours de la campagne 2012-2013, elles ont été contraintes d’égrener pour le compte de l’Etat. Le coût de cette prestation a été unilatéralement fixé par l’Etat à un taux forfaitaire en deçà du coût réel de l’égrenage. Les pertes financières qui en découlent s’élèvent à 2,5 milliards de francs CFA pour le Groupement ICA. Le bilan de cette campagne n’est pas disponible à ce jour. La campagne 2013-2014, nos usines ont été écartées de l’égrenage. Conséquences : non paiement des impôts (patentes, BIC, impôt foncier, CNSS etc…) par nos sociétés, mise en chômage de plus de 1 500 agents, arrêt des nombreuses activités connexes à l’égrenage des populations des communes où sont installées les usines.
Pourtant, nos sociétés sont une référence en matière d’égrenage de coton depuis bientôt 20 ans. Pour preuve, le Groupement ICA-GIE et ses cinq sociétés membres (CCB SA, ICB SA, SOCOBE SA, SCN SA et IBECO SA) sont certifiés ISO 9001-2008 depuis octobre 2013. C’est dire tout simplement que ces sociétés fonctionnent avec professionnalisme et sont dotées d’un Système de Management de la Qualité (SMQ) reconnu par cet organisme comme performant, moderne et en amélioration continue.
Malheureusement, cette décision du Gouvernement d’exclure nos sociétés, a des conséquences pour notre pays et surtout pour nous les employés qui sommes contraints au chômage. Et nous sommes meurtris par cette situation.
La situation que nous vivons n’a jamais été connue de mémoire d’égreneur. Si le Groupement ICA n’avait pas été écarté, rien de tout ce qui arrive ne serait arrivé. Il s’agit notamment :
du stockage massif (plus de 105 000 tonnes de coton graine alors que nos usines ont une capacité de 140 000 tonnes),
de l’égrenage en cette période de pluie, 48 000 Tonnes de coton graine sont encore en stock à l’heure actuelle,
des dépenses supplémentaires (l’estimation de ces dépenses pour cette campagne dépasse largement 12 000 000 000 FCFA).
Nous souhaitons fortement qu’après ces deux années d’expériences du gouvernement dans l’égrenage du coton, les sociétés d’égrenage du coton retrouvent entièrement leurs activités la campagne à venir pour redonner au coton béninois, ses lettres de noblesse.
Que le Groupement ICA retrouve son objet social, car nous demeurons motivé à exercer notre métier dans les règles de l’art.
Il s’agit d’une situation préoccupante et l’économie de notre pays doit prendre le pas sur la politique.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale du Bénin, tout en comptant sur votre implication, le personnel du groupement ICA reste confiant de l’aboutissement heureux de sa démarche. Recevez à nouveau nos sincères remerciements pour votre disponibilité.