S’il y a un continent qui s’amuse depuis plusieurs décennies à faire mentir l’adage selon lequel nul n’est prophète chez soi, il s’agit bien du continent américain. A l’instar d’une citadelle inattaquable, la forteresse sud américaine n’a jamais failli à ses obligations de succès sur ses propres terres. L’Uruguay avait déjà donné le ton en remportant son Mondial à domicile en 1930. La même « Céleste » a par ailleurs poussé le bouchon assez loin en réalisant le hold-up parfait devant le Brésil qui évoluait à domicile. Mieux, depuis 1970, toutes les éditions organisées en Amérique ont été remportées par des équipes du Comenbol, la prestigieuse confédération de football d’Amérique du Sud. Le Brésil de Pelé en 1970, l’Argentine de Kempes en 1978, l’Argentine de Maradona en 1986 et le Brésil de Romario en 1994 ont respecté la tradition. Cette nouvelle édition de la grande fête du football mondial s’annonce donc comme un énième combat fratricide entre frères d’Amérique latine.
C’est du moins ce que pensent de nombreux superstitieux. Sur le papier, l’Amérique part certainement avec la faveur des pronostics. A commencer par le Brésil, pays organisateur de l’épreuve reine du football mondial. Plus de sept décennies après la déception de 1950, les Auriverde rêvent d’offrir à la nation du football spectacle par excellence un trophée acquis à domicile. Solide dans tous les compartiments du jeu avec des individualités aux potentialités qui tutoient parfois l’excellence, la Seleçao a tous les atouts pour aller jusqu’au bout de ses ambitions. Les prestations mi-figue, mi-raisin de cette constellation de stars qui ne fait pas forcément un excellent collectif constituent dans une certaine mesure le talon d’Achille de cette équipe qui peut défier les ogres venus des autres continents avec un peu plus de concentration et moins de pression. L’Argentine de Lionel Messi arrive également en conquistador sur la terre de son ennemi intime. Etiquetés comme étant les successeurs des derniers champions du monde de l’Abicéleste, (Maradona, Passarelle, Burruchaga, Valdano…), les soldats de l’expédition 2014 peuvent compter sur d’excellentes individualités ( Messi, Aguero, Higuain, Di Maria) pour se tirer d’affaire. Attention à ne pas tomber comme d’habitude dans le piège de l’excès de confiance face à des adversaires parfois surprenants. Le troisième larron qui s’annonce et qui veut retrouver son glorieux passé n’est autre que l’Uruguay. Les doubles champions du monde, demi-finalistes malheureux de la dernière édition veulent ramener le trophée à Montevideo. Mais, il faudrait déjà que Suarez, Cavani, Forlan et les autres ne s’essoufflent pas dès le premier tour devant le Costa-Rica, l’Angleterre et surtout l’Italie. Affaire à suivre. Sans trop croire aux grands miracles du football, à moins que l’issue du Mondial ne dise le contraire, la Colombie, le Honduras, l’Equateur, les Etats-Unis, le Chili et le Mexique feront de leur mieux pour réaliser le meilleur résultat possible. En définitive, l’Amérique est plus que jamais prête à confirmer sa suprématie à la maison à moins que l’Europe ne réussisse enfin à vaincre le signe indien.