Priver les magistrats du droit de grève à travers un cadre légal, cest la vision de lExécutif qui, dans son initiative, entend mettre fin aux mouvements de grève sauvage dans le rang des magistrats béninois. Eux qui constituent un maillon essentiel dans larène judiciaire de notre pays. Et depuis la fin de leur moratoire accordé au gouvernement dans le but quil se penche sur leurs problèmes, Michel Adjaka et les siens ont renoué avec les mouvements de grèves.
Après la douane béninoise, les magistrats sont également visés par un projet de loi en étude au Parlement béninois dont lobjectif est de supprimer le droit de grève aux magistrats du Bénin. Cest une initiative des députés Rachidi Gbadamassi et André Okounlola. Depuis le 20 mai 2014, de concert avec le Sintrajab, lUnion nationale des magistrats du Bénin a renoué avec un mouvement de grève de soixante douze heures par semaine, suite à un moratoire de deux mois deux semaines sans véritables discussions>
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Donc du 20 mai 2014 à ce jour, le gouvernement, respectueuse de sa tradition, na pas invité lUnamab à une table de négociation. En lieu et place dun dialogue franc et sincère sur la correction des irrégularités contenues dans les différentes nominations et la sécurité des magistrats, cest le bras-de-fer qui est engagé.
Comment ne pas être interpellé par le fait quen France, au Sénégal, en Afrique du Sud et dans bien dautres pays cités le plus souvent en exemple par les membres du gouvernement béninois, où les magistrats qui nont pas le droit de grève, mais étant mieux organisés, ont toujours observé les mouvements de grève ? Il ne suffit pas de priver ces travailleurs de lEtat de leur droit de grève pour se prévaloir maître de tout, pour espérer mettre fin définitivement aux mouvements dhumeur dans ce secteur. Déjà que linterdiction de ce droit relève dun abus ou tout au moins dun détournement de pouvoir de légiférer selon le président de lUnion des magistrats du Bénin, Michel Adjaka.
A y voir de près, les magistrats ne sont pas encore disposés à laisser les honorables députés voter cette loi. Ils restent fermes, engager et menacent même daller encore plus loin dans leur position de grévistes. Or larticle 31 de la Constitution du 11 décembre 1990 est clair et précis sur la question. Il dispose que « LEtat reconnaît et garantit le droit de grève. Tout travailleur peut défendre, dans les conditions prévues par la loi, ses droits et ses intérêts soit individuellement, soit collectivement ou par laction syndicale. Le droit de grève sexerce dans les conditions définies par la loi. » Le tableau sombre que présente aujourdhui la Justice qui apparemment est frileuse à la modernisation, ne participe pas dune justice de qualité. Il importe que le pouvoir sy penche plutôt que de chercher à supprimer le seul mécanisme par lequel cette situation apocalyptique est dénoncée. Avis à qui de droit !