Après le coup de colère des députés contre le gouvernement jeudi 02 mai 2013, des signes montrent qu’il y a déjà un début de dégel de la tension entre les deux institutions. Cet état de chose fait dire à certains observateurs que le Chef de l’Etat a la main mise sur la majorité parlementaire.
24 heures après avoir vertement critiqué le gouvernement, les députés semblent avoir déjà conjugué au passé leur coup de colère. Ils avaient jeudi 02 mai 2013 renvoyé cinq ministres du gouvernement qui avaient brillé par leur absence à la séance plénière qui devrait être consacrée le même jour à certains dossiers les concernant. Les députés avaient déploré l’absence ou plutôt le grand retard observé par les ministres dans un ton menaçant. Mais contre toute attente, le Parlement a accepté sans grandes difficultés de collaborer avec le ministre de la Décentralisation, Raphaël Edou, vendredi 03 mai, le lendemain donc, à la plénière qui portait sur la désignation des démembrements du Conseil d’orientation et de supervision (Cos) de l’actualisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Un geste que plusieurs observateurs trouvent comme un signe de dégel du climat délétère qui s’était visiblement installé entre les deux institutions. Les députés ont choisi de continuer à travailler avec le gouvernement sans même statuer sur les excuses présentées par les ministres renvoyés de l’Hémicycle jeudi dernier. D’aucuns disent qu’ils ont affiché leur faiblesse en acceptant le ministre Edou à la plénière du lendemain.
Du mépris pour l’institution parlementaire
Plusieurs observateurs affirment également que les élus de la Nation se sont plutôt livrés à un folklore jeudi 02 mai dernier en éconduisant cinq ministres du gouvernement. Ces ministres ont en effet pris l’habitude de s’absenter aux travaux en plénière. Pire, après le coup de gueule des députés, les ministres ont donné de la voix. Lors d’une conférence de presse tenue au ministère des Affaires étrangères, les ministres ont confié avoir sollicité un décalage de deux heures d’horloge de la séance plénière pour prendre part à la cérémonie de lancement du forum inaugural sur le développement rural en Afrique. Une raison qui montre que lesdits ministres ont du mépris pour l’institution parlementaire. Car il est difficilement compréhensible que ces membres du gouvernement imposent leur agenda aux députés. Les députés ont donc loupé une belle occasion de rappeler aux membres du gouvernement l’importance que revêt le Parlement dans le système politique béninois. L’Honorable Candide Azannaï, élu de la majorité parlementaire critique l’a souligné d’ailleurs vendredi à l’hémicycle. Ce comportement des élus du peuple qui étonne plus d’uns, démontre fondamentalement que le président Yayi Boni maîtrise sa majorité. Celle-ci peut revenir du jour au lendemain sur ses décisions à la demande du président de la République. On peut donc sans risque de se tromper affirmer que le peuple avait assisté à une comédie de « tirs croisés » contre le gouvernement. Sinon, ce simple argument avancé par les ministres de Yayi ne saurait suffire pour calmer les nerfs des députés, toutes tendances confondues.