Le quartier Jak à Akpakpa dans la commune de Cotonou continue de céder des centimètres voire des mètres tous les jours, sous les affres de la mer. Ainsi, des maisons et restaurants ne résistent plus à la furie des vagues. Le mur de sécurité d’un restaurant par exemple est déjà emporté et la peur gagne les populations. C’est la psychose généralisée et les commentaires vont bon train. Les sinistrés crient leur ras le bol et accusent le gouvernement de ne pas se préoccuper de leur sort. « Lorsque nous nous sommes retrouvés la fois dernière au cabinet du ministre, nous avions souhaité que le président de la République veuille bien venir constater les dégâts causés par l’océan. C’est énorme, nous avons peur car, il y a assez d’investissements dans la zone. Il y a même la Centrale d’achat des médicaments essentiels (Came) du ministère de la santé qui y est installée. La clôture qui a été faite a été emportée par les vagues », déclare Didier Affoyon, président de l’association de développement du quartier Jak.
Fifadji Houto et Enagnon sont les deux quartiers menacés par cette érosion littorale dans le 4ème arrondissement de Cotonou. Déjà un mois que les populations riveraines tirent la sonnette d’alarme. Les rencontres organisées par le ministre de l’environnement ne laissent encore rien profiler à l’horizon. Et pendant ce temps, les vagues, coincées entre l’épi de Siafato et les travaux de réaménagement en cours dans l’enceinte portuaire se trouvent une autre destination, occasionnant d’énormes dégâts. « C’est quand ils ont fait les travaux du port que le mal a commencé à sévir et je suis sûr que quand les études ont été faites, ils devraient en tenir compte. Mais le plus urgent, c’était le port. Maintenant que ceci est entré en ligne, ils ont pris conscience », renchérit Didier Affoyon. Déjà 15 mètres de terre ferme rognés par l’océan au quartier Jak.
Les premiers assauts de l’Océan Atlantique dans ce quartier datent de très longtemps et font craindre le pire. Au delà des études environnementales menées depuis de longues dates et qui peinent à être actualisées, les habitants dénoncent le défaut d’anticipation. Les quelques rares murs encore debout tiennent à peine. Autant le dire, c’est tout le quartier Jak qui est menacé de disparition. Il y a péril en la demeure et il faut parer au plus pressé.
« Nous avons des photos qu’on peut lui montrer. C’est pour cela qu’on lui demande une audience. S’il vient, tant mieux. Parce qu’il verra et on discutera. Mais s’il ne peut pas venir, on demande une audience, images à l’appui, on lui montrera les dégâts. On a beau protéger l’Ouest, mais à l’Est, on vit la peur au ventre », ajouté Didier Affoyon, président de l’association de développement du quartier Jak.
Pour mémoire, environ 40 milliards de francs Cfa devront être investis pour la réalisation du projet « Epis de Siafato » qui permettra de construire huit nouveaux épis et un mur de revêtement pour arrêter l’avancée de la mer. Le ministère de l’urbanisme, de l’habitat et de l’assainissement a donc d’énormes défis à relever. Le ministre Christian Sossouhounto doit donc se mettre résolument au travail pour alléger la souffrance des populations.
