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Le Matinal N° 4370 du 16/6/2014

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Mobilisation d’investisseurs internationaux pour le développement au Bénin : Echec programmé de la Table ronde de Paris
Publié le mardi 17 juin 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le chef de l’Etat Beninois, Yayi Boni.


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La Table ronde économique de Paris, prévue pour s’ouvrir dès demain mardi 17 et ce jusqu’au 19 juin prochain, afin de mobiliser des investisseurs privés internationaux au profit des projets de développement au Bénin semble déjà être hypothéquée. Des doutes de réussite planent fortement sur ces assises organisées par le gouvernement béninois qui s’y est mal pris, dans la conception ainsi que dans la mobilisation des forces vives économiques béninoises, qui l’ont voué aux gémonies et n’attendent rien de sérieux sortir de cette palabre de trop. Doit-on, d’ores et déjà, dire que la Table ronde de Paris qui s’ouvre demain peut être dénommée Table brisée ou Table gondolée de Paris ? A y voir de près, presque tout concourt à affirmer que la grande kermesse de Paris ne sera qu’une messe de trop dont le Bénin n’avait vraiment pas besoin pour booster son développement.


Pour s’en convaincre, il suffirait simplement de s’en approprier le communiqué du Conseil national du Patronat du Bénin pour mieux appréhender la nature donnée à cette ballade financière.En effet, le communiqué du Patronat béninois informe que : « …le gouvernement du Bénin organise une Table ronde pour attirer des investisseurs au Bénin. Prévue pour se tenir à Paris les 17, 18 et 19 juin 2014, la Table ronde intervient à un moment ou des questions cruciales se posent au monde des affaires du Bénin… » Puis, ce communiqué précise que : « … Le Conseil national du Patronat du Bénin, après analyse de l’environnement juridique des affaires au Bénin, a constaté que :- l’Etat béninois ne respecte pas ses engagements contractuels vis-à-vis des entreprises béninoises,- met à mal par ses actions quotidiennes, l’indépendance de la justice et refuse délibérément d’exécuter les décisions de justice qui lui sont défavorables, et ce en violation de la Constitution du 11 décembre 1990. Le Cnp-Bénin n’en veut pour preuve que la sentence arbitrale récemment rendue par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrale de l’Ohada, dont le traité a été régulièrement ratifié par la République du Bénin. Il est inconcevable qu’un Etat remette en cause un traité qui a une valeur supérieure aux normes juridiques intérieures, y compris la Constitution.- A cela il faudra ajouter les pressions sous diverses formes auxquelles les hommes d’affaires béninois font l’objet, sans oublier le Partenariat Public/Privé dont les conditions de création n’ont jamais été mises en œuvre par le pouvoir exécutif ».A la lecture de ces observations du Patronat du Bénin, on peut sans conteste déclarer que la messe est dite pour la Table ronde de Paris. D’autant que les vrais acteurs qui devraient se mobiliser autour de cette initiative gouvernementale s’en désolidarisent. Et cause !!! Le président Sébastien Ajavon, patron des patrons a été, dans son communiqué, on ne peut plus clair : « … Au regard de ce qui précède, le Conseil national du Patronat du Bénin porte à la connaissance de la Communauté nationale et internationale que la Table ronde de Paris ne saurait être la solution aux problèmes économiques du Bénin dans le contexte actuel. En tout état de cause, les instances dirigeantes du Cnp-Bénin ne seront pas concernées par les présentes assisses ».

Quand Ajavon crucifie Yayi

Qu’attend donc encore le gouvernement de Yayi Boni pour faire amende honorable en faisant la paix avec le Patronat béninois ? Que peut-on espérer des assises de Paris si le Patronat, véritable vecteur ou moteur de développement se désolidarise de l’initiative de Yayi Boni ?Si l’idée est de mobiliser les investisseurs internationaux pour des projets de développement au Bénin, la démarche recommande que, d’ores et déjà, les investisseurs nationaux soient les premiers à être mobilisés. « Comptons d’abord sur nos propres forces ». Telle est la recommandation faite tout le temps par le régime révolutionnaire qui a dirigé le Bénin de 1972 à 1990. Et Yayi Boni qui donne les signes d’avoir particulièrement aimé cette « triste période » de l’histoire politique du Bénin devrait s’en remémorer et en tirer toutes les conséquences de droit pour l’œuvre d’édification d’un Bénin nouveau dont il a aujourd’hui la charge.Choisir de foncer tête baissée vers Paris espérant ramener des devises étrangères, serait se mettre le doigt dans l’œil. Car, pour ceux qui ne le savent pas au sein du gouvernement de Yayi Boni, les investisseurs, de part le monde, se parlent. Ainsi, avant de pouvoir investir ses fonds dans un pays tiers, un investisseur sérieux se doit de s’informer auprès d’un collègue à lui déjà installé dans ce pays. Aucun investisseur ne vient engloutir son argent dans un pays parce qu’il est ami au Président de la République ou non. Celui qui le fait, c’est à ses risques et périls. Car, après la tempête, il y a toujours l’accalmie…Ce Président-ami passera et le pays restera. Dès lors, les règles escamotées hier seront remises au goût du jour pour l’amertume de l’infortuné qui se serait entêté à composer avec la facilité ambiante.

Le feu produit la fumée qui brûle… Si aujourd’hui la Table ronde de Paris semble être enrhumée dans son espoir de réussite, c’est bien à cause des comportements anti-développement et contre-productifs d’un gouvernement ou d’un régime politique aux méthodes alambiquées et sclérosées.Le Président du Patronat béninois, Sébastien Ajavon l’a si bien révélé en informant, d’ores et déjà, les invités à la Table ronde de Paris de se méfier des organisateurs de ces assises. Car, affirme-t-il, le gouvernement de Yayi Boni est un Exécutif non sérieux dans le respect des engagements pris par celui-ci. Lorsqu’un Président de la République signe un décret qui établit un partenariat public/privé avec un investisseur non étatique et que du jour au lendemain, il renonce à sa signature, cela démontre à suffisance le vrai visage de celui-ci ainsi que celui de son gouvernement. En réalité, dans ces conditions, l’investissement privé n’est plus sécurisé et le privé qui se hasarderait à contracter avec de tels individus gouvernementaux, prend le gros risque d’envoyer ses investissements dans un trou d’air.D’où vient cette inspiration du gouvernement de Yayi Boni à aller mobiliser des investisseurs étrangers au moment où ils persécutent les nationaux qui sont même contraints à l’exil ? Comme si cela ne suffisait pas, un juge a été contraint au Bénin de prendre l’exil après avoir rendu une décision de justice défavorable au président Yayi Boni. Si la Justice, l’un des baromètres de la démocratie et surtout de la sécurité dans l’investissement, subit tant l’acharnement et des tentatives de manipulation du pouvoir en place, comment des investisseurs étrangers peuvent être rassurés pour s’engager pour le Bénin ?Le rêve gouvernemental frise à la limite du surréalisme. Presque tous les grands hommes d’affaires béninois sont en mésintelligence avec le Pouvoir de Yayi Boni. Puis, comme si de rien n’était, celui-ci et son gouvernement avec son beau-frère en tête, décident d’aller chercher des fonds étrangers pour venir construire le Bénin.

Quelle intelligence ! Quel toupet ! Le Bénin ou Bénin-Yayi ?

Le Bénin sous la gouvernance de Yayi Boni est ce pays-là où lorsque le gouvernement signe un contrat ou une convention de partenariat public/privé, il suffit que la tête de l’investisseur privé ne plaise plus au chef de l’Etat pour que celui-ci décide de vous arracher votre projet et le confier derechef à un autre opérateur économique qui se montre obséquieux vis-à-vis du demi-dieu. Sinon comment comprendre qu’un chef d’Etat puisse se prévaloir du fait imaginaire qu’un homme d’affaires ne lui a pas faire des civilités pour alléguer que le gouvernement ne va plus respecter un engagement presque formalisé de reversement de Tva prépayée. Comment peut-on aussi de façon légère gérer les affaires publiques d’une nation et prétendre rassurer les investisseurs privés qu’ils soient nationaux ou étrangers ? Si avec des nationaux, le couperet est brandi tous les matins, qu’en serait-il des investisseurs étrangers dont on ne ferait que d’une bouchée quand les intérêts du grand chef ont tourné à l’aune de ses humeurs ? Qui a compris a compris ! Car, si au Bénin en octobre 2012, le gouvernement de Yayi Boni a organisé une Table ronde économique avec le secteur privé national et n’a appliqué à ce jour aucune des décisions issues de ces assises, est-ce celles de Paris (à des milliers de kilomètres du Bénin) qui connaîtront un début d’exécution avant que le locataire du Palais de la Marina ne prenne ses cliques et ses claques pour nous coller la paix impérativement, le 06 avril 2016 ? En réalité, cette kermesse pour laquelle le gouvernement de Yayi Boni a misé près de 1.800.000.000 F. Cfa pour la communication, ne serait qu’un rendez-vous de trop qui n’apporterait presque rien dans l’escarcelle du Trésor. Ils vont simplement distraire les fonds publics. Car, si en réalité les divers projets concoctés pour cette Table ronde nécessitent près de 12 mille milliards F. Cfa pour être réalisés, il n’est pas évident que les organisateurs mobilisent un grand investissement qui ne serait en réalité que des promesses que font souvent les acteurs de la Communauté internationale. Se rendant même déjà compte de leur rêve irréalisable ou qui ne peut être atteint, le gouvernement de Yayi Boni a préféré tenir un discours non véridique au peuple en parlant d’un besoin de près de 6529 milliards qui subitement est mué à environ 3.000 milliards à mobiliser autour de la Table ronde de Paris. Ils prétendent que c’est pour des besoins de la communication qu’ils ne pouvaient pas annoncer dans l’opinion publique cette mirobolante somme de 12 mille milliards F. Cfa qu’il faut en réalité pour les projets prévus pour la Table ronde de Paris. Des rêveurs oui !

Emérico Adjovi

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