Après plus de trois semaines de négociations et de conciliabules, les députés ont fini par désigner le représentant des magistrats au sein de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Un véritable ouf de soulagement aussi bien pour les acteurs que les observateurs du processus de désignation des membres de cette instance, commencé depuis plus d’un mois. C’était au cours de leur séance plénière d’hier mardi 17 juin au palais des gouverneurs à Porto-Novo, sous la direction du président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago et en présence du ministre chargé des relations avec les institutions. En effet, après la désignation des quatre représentants de l’Assemblée nationale le 20 mai dernier et l’échec de la désignation du représentant des magistrats, un groupe de travail avait été mis en place par le président Mathurin Coffi Nago. Ledit groupe composé des députés des différentes tendances à l’Assemblée nationale s’est réuni plusieurs fois et a fait des propositions dont le rapport a été présenté à la conférence des présidents. C’est donc suite à cela que la séance plénière de ce mardi a été programmée. Ainsi, les choses sont allées assez rapidement et le vote pour la désignation de ce dernier membre de la Cena a été lancé. Selon le résultat, c’est Mme Geneviève Boko Nadjo qui a obtenu la majorité qualifiée de voix requise conformément aux dispositions de l’article 19 du code électoral, soit 62 voix, contre 19 voix pour Jean Baptiste Alloukpé, 1 voix pour Mme Claire Houngan Ayémona et un bulletin nul. Avec cette élection de Mme Boko Nadjo, la Cena affiche donc complet du point de vue de sa composition. On retiendra donc que Mme Boko Nadjo, Freddy Houngbédji, Basile Fassinou, Moïse Bossou et Emmanuel Tiando sont les cinq personnalités devant siéger au sein de la Cena pour les 7 prochaines années. Il est important de signaler qu’avant le déroulement de ce vote, même si entre temps, il a été appelé par le président Nago pour un tête-à-tête, le député Candide Azannaï a tenu à se prononcer sur cette procédure engagée par le président de l’Assemblée nationale. Il s’agit, selon lui, d’un passage en force et pour deux raisons. Premièrement, Candide Azannaï a déclaré que le fait de remettre en jeu les trois candidatures envoyées par les magistrats pose un problème de bon sens, en ce sens que lesdites candidatures avaient déjà été éliminées lors du vote du 20 mai. Secondo, il dit ne pas comprendre pourquoi le rapport du groupe de travail n’a pas été versé à la commission compétente pour un rapport qui sera soumis à la plénière, conformément aux dispositions du règlement intérieur du parlement qui exige qu’avant qu’un sujet ne soit débattu en plénière, il faut qu’il fasse l’objet d’un rapport de commission. Malheureusement, ces observations et inquiétudes du député Azannaï n’ont pas empêché le processus d’aller à son terme.
Déclaration de l’honorable Candide Azannaï
« Cette élection a tout l’air d’un passage en force »
« …Je vous remercie pour avoir initié cette concertation avec moi et également pour m’avoir donné la parole comme promis à la suspension. Lorsqu’un vote a été ouvert, et que ce vote comprenait trois candidats et que, étape par étape, vous avez éliminé à la première étape un candidat, à la deuxième étape un candidat et la troisième étape vous avez fait le constat avec toute la plénière qu’aucun candidat n’était désigné, vous aviez clôturé le vote et clôturé la séance. A partir de cet instant, le processus est allé à son terme. Même si le processus n’a pas été fructueux, il est arrivé à son terme. A partir de ce moment et lorsque vous-même, vous aviez dit que les instances de l’Assemblée nationale vont se réunir pour voir la suite, il est bon et je vous félicite, parce que vous aviez mis en place un comité de travail. Ça, il faut le dire pour que le peuple soit au courant. Ledit comité a travaillé et le compte rendu a été fait à la conférence des présidents le 12 juin dernier. Mais la procédure parlementaire exige qu’aucune affaire ne soit débattue en séance plénière si au préalable, elle n’a pas fait l’objet du rapport d’une commission. Deuxièmement, à partir du moment où un processus extra plénière a été engagé, il est bon que le compte rendu de tout cela soit versé à la commission des lois et que celle-ci siégeant en tant que commission compétente au fond sur la question puisse produire un rapport, pour rappeler ce qui s’est passé, comment le travail a été fait et où est-ce qu’on veut aller, et c’est par rapport à ce rapport que la plénière va décider de ce qu’il y a lieu de faire. Mais, ne pas le faire ainsi, pose un problème. Le premier problème, c’est que je me demande par quel processus ces mêmes candidatures vont être reconduites. Comment élaborons-nous l’ordre du jour de nos plénières ? Il est bon qu’à l’avenir, sur des sujets de ce genre, nous ayons un peu de patience pour les envoyer aux commissions compétentes pour examen. Je prends la parole donc pour attirer l’attention sur le fait et pour les archives. Tel que ça se passe-là, ça a l’air d’un passage en force… »