Poursuivant ses œuvres ignobles d’invasion, la mer n’a laissé le moindre répit aux populations d’Agoué et de Hilla-Condji Plage la semaine écoulée. Sans pitié, elle a tiré la plupart d’elles de leur sommeil, les obligeant à aller trouver refuge hors de leurs habitats. Hilla- Condji fut le plus touché.
Hilla-Condji dans l’arrondissement d’Agoué est une localité de la commune de Grand Popo bien coincée entre la lagune et l’Océan Atlantique.
Et au moindre flux marin, les populations installées sur le littoral de ce village frontalier sont envahies par la mer dans leur maison. Le phénomène, alors qu’il n’a pas encore atteint son paroxysme devient très inquiétant au regard des dégâts enregistrés, mercredi 11 juin dernier où des dizaines de maisons ont subi la rage des vagues marines. Ce fut tout un cauchemar.
Que de sinistrés !
Et les sinistrés n’ont eu que leurs yeux pour pleurer. Mais à défaut de pleurer, faisant sienne la maxime de Alfred de Vigny selon laquelle, « pleurer, gémir est lâche », un nonagénaire a préféré se blottir, pensif dans un coin de sa pauvre case décoiffée.
Sans daigner décliner son identité, l’homme en détresse interpelle sèchement notre équipe de reportage: «Qui vous a invité jusqu’ici? Mais rendez compte fidèlement aux autorités de notre misère ici».Dépité, l’homme dont le poids de l’âge le fait désespérer, préfère finir tranquillement le restant de ses jours sur terre dans sa’’ sympathique‘’ case décoiffée, à la merci de la pluie et du soleil.L’octogénaire Noboué Houndolo, lui est plus courageux.
Au milieu des gravats que la mer a bien voulu lui laisser comme reliquats, il se rappelle «qu’il y a environ un demi siècle, la mer était à mille lieues de sa case. «Puis, tous les cinq ans, elle ronge, ronge et ronge jusqu’à nous déloger pour nous obliger à aller nous refugier sur la berge de la lagune, sans la moindre commodité», se désole-t-il.Sinistrée, la septuagénaire Victorine Mathey l’est également.
Pendant qu’une partie de sa famille s’affaire à refaire la toiture de leur maison que la mer n’a pas encore démolie, une autre l’aide à ranger dans un coin de la cour les effets qu’ils ont pu sauver.
Et que dit le chef de village de Hilla- Condji ?
Face à ce drame qui frappe ses administrés, le chef du village de Hilla-Condji, Laurent Atta-kpa avoue que demain n’est pas la veille de la solution à ce phénomène qui remonte à bien des années, mais qui s’aggrave au fil des ans.
« On a beau tirer la sonnette d’alarme, alors que le pire reste à venir en juillet-août et septembre. Nos appels au secours semblent tomber dans l'oreille d'un sourd», assène le chef de village. Il plaide pour qu’à défaut d’aider Hilla-Condji Plage à contrer les assauts répétés de la mer, le gouvernement fournisse aux sinistrés des tentes.
Laurent Attakpa comme d’ailleurs ses administrés attribue ce phénomène non seulement aux violents et mortels flux saisonniers des vagues, mais aussi à l’enrochement à Sanvee Condji, de l’autre côté de la frontière, en terre togolaise. C’est dire qu’un problème résolu d’un côté, et voilà un autre suscité de l’autre.
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