Le gouvernement a soumis, hier jeudi 19 juin, à la diaspora béninoise un pacte de développement lors de la Table ronde de Paris. Il s’agit surtout de mobiliser les Béninois de l’Extérieur autour des nouveaux enjeux de développement.
La contribution de la diaspora à l’effort national de développement socioéconomique est connue de tous. Mais le gouvernement entend mobiliser davantage les Béninois de l’Extérieur autour des nouveaux enjeux portés vers les investissements structurants et l’objectif de croissance à 8%. Symbole de la nouvelle donne : la conclusion d’un pacte de développement, un moment charnière de la session de la diaspora à la Table ronde de Paris. «C’est à un nouveau départ que je vous convie à travers la conclusion de ce pacte. Le gouvernement est déterminé à reconnaître à sa diaspora sa place dans la vie nationale et à l’aider à jouer pleinement sa participation dans le processus de transformation économique», indique le président de la République.
Le contenu du pacte
Le document est articulé autour des questions liées à l’amélioration du cadre institutionnel de dialogue, la participation de la diaspora à la vie politique, le renforcement de la protection des droits des Béninois de l’Extérieur. Le pacte devra favoriser le recensement et la structuration en groupes professionnels, l’accès à l’information, la mise en place d’un cadre incitatif pour l’investissement de la diaspora, la création d’outils de financement au profit de la diaspora, les attentes du gouvernement ainsi que le cadre de mise en œuvre et de suivi des engagements. Pour le président de la République, la diaspora qui représente environ 40% de la population constitue sans aucun doute un moteur de développement. Elle dispose des compétences variées et pointues pour être de partenaires efficaces pour la relance socio-économique du pays. «Nous avons la responsabilité de vous intégrer dans le processus de construction du pays. Les réformes ne peuvent pas se faire sans vous», insiste-t-il. Boni Yayi a rassuré les Béninois de l’extérieur de la détermination de son gouvernement à poursuivre les réformes pour non seulement capter les investissements annoncés par les Partenaires techniques et financiers (PTF) et le secteur privé mais aussi créer les conditions d’une meilleure intégration de la diaspora dans le système national de production économique. Il souligne qu’il sera mis en place un cadre de suivi évaluation et de test de risques pour assurer l’efficacité des mesures engagées.
Réponse idoine !
«Impliquer la diaspora dans la recherche de ressources est devenu une approche indispensable vu l’importance des flux financiers. La participation des Béninois de l’extérieur au choix du développement est nécessaire. Le pacte est une réponse idoine à nos préoccupations actuelles», précise Gabriel Kotchoffa, président du Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur. Pour lui, il est nécessaire de rétablir une relation de confiance et de solidarité réciproque et de surtout procéder à des réformes pour faire bénéficier la diaspora d’opportunités incitatives pour contribuer au développement de leur pays. « Le Bénin doit prendre des dispositions pour que l’extérieur soit représenté au parlement. L’ambition d’inscrire les actions de la diaspora et la mise en œuvre du pacte nécessitent la mobilisation de tous au sein d’un creuset. Il est indispensable d’avoir un seul interlocuteur crédible et responsable», assure-t-il. «La diaspora a la volonté, les moyens et la possibilité d’investir. Nous prenons la main tendue et prête à accompagner le gouvernement dans sa nouvelle vision», conclut Gabriel Kotchoffa. Abdoulaye Mar Dieye, directeur du bureau régional Afrique du PNUD salue la démarche innovante que constitue la signature d’un pacte de développement avec la diaspora. «La participation de la diaspora au développement revêt plusieurs formes dans le domaine socio-économique. Il importe que toutes les interventions soient désormais mieux articulées aux priorités stratégiques de développement du pays», indique-t-il, arguant que la diaspora peut aisément jouer le rôle d’agent catalyseur pour le Bénin et les pays d’accueil. Pour lui, la diaspora peut être un acteur essentiel pour tirer profit des accords préférentiels accordés aux pays en développement, notamment concernant l’exploitation et l’exportation des potentialités en ressources naturelles et agricoles du pays. «Le PNUD est pour sa part prêt à accompagner le Bénin dans cette démarche innovante, surtout apporter sa contribution au niveau du mécanisme de suivi de ce pacte», ajoute-t-il.
4,5 millions de Béninois à l'étranger
Il est estimé à plus de 4,5 millions le nombre de Béninois vivant à l’Etranger dont plus de 2,5 millions personnes au Nigeria. Le pacte vise à faire de ceux-ci un partenaire intégré dans la stratégie de développement économique et social et un acteur actif dont le savoir-faire, les compétences et les relations sont mis au service de la nation. Il s’agira de créer un ensemble de véhicules susceptibles de faciliter et de mieux orienter les investissements de la diaspora, d’ouvrir des perspectives de réformes politiques permettant une meilleure intégration de la diaspora dans la vie de la nation. Et aussi de magnifier le modèle d’organisation qui accorde le même attachement à la diaspora qu’aux autres sources de financement !