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Le Matinal N° 4376 du 24/6/2014

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Lutte contre la corruption :Yayi doit reconsidérer ses déclarations
Publié le mercredi 25 juin 2014   |  Le Matinal


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© APA par Saliou Amah
Visite d`amitié et de travail du président Yayi Boni à Abidjan
Mardi 11 Mars 2014. Abidjan. Dans le cadre de la visite d`amitié et de travail, qu`il effectue en Côte d`Ivoire, le président béninois Yayi Boni a été reçu en audience par son homologue ivoirien Alassane Ouattara. Ph : Yayi Boni


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Malgré les déclarations du chef de l’Etat de demander des comptes à ses ministres et collaborateurs à qui on reproche des méfaits portant sur des actes de corruption dans l’exercice de leurs fonctions, tous sont toujours laissés tranquilles. La réalité est là et Yayi Boni devrait reconsidérer ses déclarations faites lundi dernier sur Rfi.
Juste après la Table de ronde de Paris organisée du 17 au 19 juin 2014 par le gouvernement béninois pour mobiliser des capitaux étrangers au profit des projets de développement du Bénin, le chef de l’Etat a été reçu sur Radio France Internationale.


Au cours de son intervention où il a fait le point sur cette rencontre de Paris, le journaliste de Rfi Christophe Boisbouvier lui avait demandé ce que fait son gouvernement pour lutter contre la corruption, un fléau qui a joué contre le Bénin pour son éligibilité au Millénium Challenge Account, un programme des Etats-Unis. Yayi Boni l’air perplexe lui rétorqua entre autres : « Nous avons pris beaucoup de mesures.... En dehors de cela, je dois vous dire, en ce qui me concerne, lorsque je constate qu’un ministre a posé un acte qui frôle la corruption, je dis : allez vous expliquer devant la Haute cour de justice ! J’en ai donc envoyé cinq qui étaient mes collaborateurs, j’ai même demandé qu’on lève leur immunité parlementaire. C’est aujourd’hui introduit au niveau de la justice : plus de 200 dossiers de l’œuvre du comportement qui frise la corruption des agents de l’Etat… » Pour conclure sur cette question, il a déclaré ceci : « Pour réussir, il faut que la justice soit au rendez-vous.. ». Comme l’a soulevé, Christophe Boisbouvier, journaliste d’investigation qui est souvent bien renseigné sur les affaires au sein du continent africain, la corruption est un fléau au Bénin. Il s’est enraciné sous la gouvernance Yayi et le pays subit de plein fouet ses conséquences. Les affaires Icc-Services, Cen-Sad, machines agricoles, construction du siège de l’Assemblée nationale, Port sec de Torri, Réfection de l’avion présidentiel, les marchés gré à gré signés au mépris des textes encadrant les marchés publics ont aggravé la misère des populations, appauvri de nombreux citoyens, décimé des couples. L’Administration publique est tout aussi affectée. Le pays en général ploie sous le poids de la corruption. Le sujet revient fréquemment parce qu’en réalité, les mesures à prendre par le chef de l’Etat pour exprimer sa volonté politique à y faire face ne sont pas réellement au rendez-vous.

La responsabilité du chef de l’Etat

Aujourd’hui, alors que beaucoup de Béninois attendent de voir la suite de ces affaires, le président de la République évoque sans s’y attarder, le cas de cinq de ses anciens collaborateurs à qui il aurait demandé d’aller s’expliquer devant la Haute Cour de justice. Pour le prendre au mot, il faut lui rappeler que ce discours qu’il tient n’est pas nouveau. On ne peut pas affirmer que cinq ministres ayant travaillé sous Yayi Boni ont été envoyés devant la Haute Cour de justice. Exceptés les cas Rogatien Biaou et Kamarou Fassassi, ce dernier ayant été blanchi, ils ne sont que trois anciens collaborateurs de Yayi Boni à attendre la suite des débats. Il s’agit de Soulé Mana Lawani, François Noudégbessi, et Armand Zinzindohoué. Trois pour une série de scandales, on est encore loin des chiffres attendus. C’est pourquoi, on parlera de la responsabilité de Yayi Boni. La procédure devant cette juridiction qui a compétence pour juger les membres du gouvernement n’est pas exclusivement du domaine de l’institution en question. Ce sont les députés qui en prennent l’initiative selon la procédure prévue par le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Le chef de l’Etat disposant d’une majorité parlementaire, a obtenu l’autorisation des députés pour que des poursuites soient engagées à l’encontre de quelques anciens collaborateurs. La vraie question qui se pose est celle de la responsabilité du chef de l’Etat dans l’ensemble de Ces affaires et le sort qu’il réserve aux autres. Sur Rfi, le président de la République a donné l’impression d’avoir pris ses responsabilités face à toutes les affaires de corruption. Ce n’est pas exact. Sa responsabilité doit être d’actualité sur tous les dossiers au lieu de sélectionner quelques uns et demander à la justice d’être au rendez-vous. S’il est vrai que l’instruction devant conduire à établir la responsabilité de tel ministre dans un dossier est menée par les magistrats de la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel ayant juridiction sur le lieu du siège de l’Assemblée nationale, il est aussi vrai que ce n’est qu’en cas d’actions illégales prouvées que le mis en cause peut être déchu et l’on lui demandera des comptes. Mais ce n’est pas le cas sous Yayi Boni. Sans prouver la culpabilité des mis en cause, le chef de l’Etat lui-même les accuse de tout avant de les livrer. Dans cette façon de gérer, il fait du deux poids deux mesures en protégeant certains.

La preuve de laréticence

A l’heure actuelle, tout le monde sait que le Parlement et son bureau sont aux ordres de Yayi Boni. Pour quoi tous les dossiers qui ont éclaté sous ce régime ne sont pas envoyés à l’Assemblée nationale ? A partir de ce moment, la vraie question est de se demander si le président de la République est vraiment prêt à faire le ménage. La réponse, c’est non. Engager des poursuites à l’encontre d’un ministre de son gouvernement comporte de gros risques d’implication du chef. Yayi Boni a compris avec les premiers dossiers qu’il a livrés. Après avoir promis de faire ci et çà pour montrer sa bonne volonté à lutter contre l’impunité et à donner une leçon de bonne gouvernance, la réalité est qu’on est encore loin du compte. En absence de prise de responsabilité, personne ne peut croire à sa sincérité à envoyer ses anciens collaborateurs et amis de même obédience religieuse à répondre de leurs méfaits devant la Haute Cour de justice. C’est pourquoi, ses déclarations sur les ondes de Rfi, manquent de sincérité. En demandant à la justice d’être au rendez-vous, il sait que les textes actuels de la Haute Cour ne sont pas adaptés à la réalité du temps. Il est alors à considérer ses propos comme un semblant de détermination dans la lutte contre la corruption. Selon des indiscrétions, les ministres mis en cause en cas d’interpellation promettent de faire des révélations qui risquent d’éclabousser d’autres personnalités. Une chose est sûre, quand on évoque ces sujets, on fait trembler tout un système. Ce serait suicidaire que ce même système enquête sur les forfaits présumés de ses barons. Et parier sur la possibilité qu’ont les ministres et les Hauts fonctionnaires cités dans les différentes affaires de contracter des assurances au sommet de l’Etat afin de se prémunir contre des poursuites, n’est pas faux. Dans ces conditions, il vaut mieux parier sur le fait que rien ne bougera quelles que soient les mesures que prendra le chef de l’Etat. Pour l’instant, la communauté internationale a un regard très critique sur le Bénin quant à l’état de la corruption. La faute à Yayi Boni qui n’arrive pas à combler les attentes sur les termes clés de sa campagne.

Fidèle Nanga

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