La nomination récente à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) 5ème mandature, de Gracia Noutais Holo, épouse du président de la Cour Constitutionnelle illustre le degré de connivence et de copinage entre ce dernier et le chef de l’Etat.
Gracia Noutais Holo fait donc partie de cette fameuse liste des personnalités devant siéger à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la Communication (Haac), 5ème mandature. Elle a été choisie par le chef de l’Etat. Ainsi, le débat sur sa désignation porte sur les motivations qui ont poussé le président de la République à lui faire confiance. Avocate de formation, elle est l’épouse du président de la Cour constitutionnelle, Théodore Holo. Ce dernier détail constitue une bonne aubaine pour démontrer que le couple Holo et le chef de l’Etat est une affaire du genre « tu arranges mes affaires, je te donne ta part du gâteau ». Cela ressemble fort à un jeu de donnant-donnant, ou pour exploiter la meilleure formule chère à Yayi Boni, il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant. Cette nomination de Gracia Noutais Holo ne tombe pas comme un simple cadeau. C’est une récompense pour tous les services que le président de la Cour constitutionnelle rend au chef de l’Etat. Personne ne doute des compétences de cette personnalité de très bonne renommée. Mais, sa nomination révèle le degré de proximité et d’entente entre Yayi Boni et le couple Holo. Gênant à tout point de vue et sujet à polémique, cet acte éveille à nouveau des soupçons portant sur Théodore Holo l’accusant souvent d’asservir les intérêts de la démocratie béninoise à ceux du chef de l’Etat. Autrement dit, le président de la Cour constitutionnelle apparaît aux yeux de nombreux observateurs comme « une personnalité aux ordres » qui approuve les méfaits du président de la République. Bien qu’excessives et parfois injustes, ces accusations sont malheureusement illustrées par des faits de plus en plus évidents aux yeux de l’opinion publique.
Le couple Yayi-Holo en question
Les nombreuses prises de positions de Théodore Holo, à la limite des éloges, envers le chef de l’Etat n’échappent pas à la mémoire des Béninois. On se souvient encore des déclarations fracassantes du président de la Cour constitutionnelle au sujet du niveau de développement du pays et du débat sur la révision de la constitution. Depuis, qu’il a montré ses penchants en faveur de Yayi Boni, sa réputation n’a pas survécu à cette forme de soutien au régime. Fait plus important aujourd’hui et qui n’a pas échappé non plus à la vigilance des observateurs, la nomination de son épouse à la Haac. Elle soulève les mêmes accusations et offre l’occasion de comprendre que les Holo et Yayi Boni tirent grand parti de leur entente faite sur le dos du peuple. Si cette nomination n’a rien à voir avec tout cela, elle a été faite tout au moins en prévision des actes et projets que Yayi Boni compte réaliser dans les tout prochains mois. Il sait que sans le concours de Théodore Holo et de sa Cour, ses espoirs de réviser la constitution du 11 décembre voleraient en éclats. La stratégie consiste alors à multiplier mieux que par le passé, des gestes de séduction pour renforcer la confiance entre eux et solidifier cette entente. Yayi Boni ne fait jamais rien au hasard. Il espère encore faire un coup contre la démocratie et réussir à servir les intérêts des Holo, ce qui est un moyen pour s’assurer un succès. Dans son projet de révision de la Constitution, le président de la République veut contracter des assurances et des soutiens qui ne lui feront pas défaut au grand jour. Et faire de Théodore Holo son premier soutien fait partie de ses plans clés. Nommer Gracia Noutais Holo en qualité de conseiller à la Haac, ramène à montrer au couple que « je reste ton ami ». En tout cas, ce choix de Yayi Boni sur l’avocate témoigne d’excellentes relations existantes entre les deux parties. Théodore Holo qui, sans doute l’a accueilli avec un sourire bienveillant, ne pratiquera pas l’ingratitude en signe de remerciement. L’on craint que cela nous entraîne dans des situations encore plus compliquées que les expériences déjà vécues à propos des décisions de la Cour constitutionnelle.
