Le Premier ministre éthiopien a foulé, hier lundi 23 juin, le sol béninois pour une visite d’Etat de deux jours. Objectif: réchauffer l’axe de coopération entre Cotonou et Addis-Abeba.
L’arrivée de Hailemariam Desalegn à Cotonou se veut une opportunité de relance de la coopération économique entre le Bénin et l’Ethiopie. Déjà au beau fixe au temps de son prédécesseur Meles Zénawi, l’actuel Premier ministre éthiopien entend marquer davantage les interventions de son pays en Afrique de l’Ouest en général et au Bénin en particulier. Accueilli hier par son homologue béninois, Boni Yayi, les deux personnalités se sont enfermées pour un tête-à-tête d’une heure d’horloge avant de tenir une séance élargie aux ministres des deux Etats. Les échanges entre les deux hommes devraient évoquer les questions bilatérales pour insuffler une nouvelle dynamique à la coopération entre le Bénin et l’Ethiopie. Ayant été respectivement présidents en exercice de l’Union Africaine, en 2012 et en 2013, Boni Yayi et son hôte ne devraient pas occulter les grands sujets de préoccupation en Afrique, en l’occurrence la situation sécuritaire au Nigeria et au Kenya, deux puissances continentales fortement ébranlées par les actes terroristes. Signe de la détermination des deux pays à se rapprocher davantage, il est annoncé par les services diplomatiques la signature de deux accords importants ce jour. L’un devait porter sur la création de la commission mixte de coopération Bénin-Ethiopie et l’autre sur un protocole de consultations politiques entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays. L’agenda de Hailemariam Desalegn à Cotonou sera marqué aujourd’hui par deux temps forts: la visite au Centre régional Songhaï à Porto-Novo et au port de Cotonou. Depuis une dizaine d’années, l’Ethiopie est devenue une puissance économique de l’Afrique de l’Est avec une croissance à deux chiffres. Le pays constitue l’une des destinations privilégiées des investisseurs étrangers, notamment turcs et asiatiques qui y délocalisent leurs unités de production. On est donc loin de l’imaginaire collective des années 80 qui présentait ce pays comme le berceau de la famine.«Nous avons beaucoup à apprendre de leurs expériences. Ce pays a un sens patriotique extraordinaire. Il a engagé une révolution verte avec des résultats exceptionnels. Et l’Ethiopie est devenue un pays exportateur de paix et de sécurité en Afrique», commente Nassirou Bako-Arifari, ministre béninois en charge des Affaires étrangères. Pour lui, cette visite est placée sous le signe d’échanges expériences. «Le Bénin a choisi d’honorer l’Ethiopie moderne d’autant qu’il est attendu que ce pays remplisse à l’horizon 2015, tous les huit objectifs des OMD», poursuit-il.
Hailemariam Desalegn fait grand croix
Le Premier ministre éthiopien est désormais admis au grade le plus élevé de l’Ordre national du Bénin : Grand croix. Cette distinction lui a été décernée hier par le président de la République, grand maître de l’Ordre, en marge d’un dîner de gala à son honneur. Cette décoration, indique Koubourath Océni, grande chancelière de l’Ordre national du Bénin, vient témoigner la reconnaissance de la fructueuse coopération entre le Bénin et l’Ethiopie et surtout saluer les efforts consentis par l’Ethiopie et son gouvernement pour l’enracinement de la paix en Afrique et dans le monde. «Le Bénin et l’Ethiopie jouissent d’une relation qui permettent aux deux dirigeants de se rencontrer et d’échanger pour placer les deux pays sur l’orbite de l’émergence. Le Bénin reste admiratif de l’ambition de l’Ethiopie», souligne-t-il.L’heureux récipiendaire n’a pas caché sa satisfaction de recevoir cette distinction. « Cette médaille n’est pas à moi mais au peuple éthiopien qui a beaucoup lutté pour l’indépendance des pays africains et l’émancipation des peuples du joug colonial. Nous avons le défi et l’opportunité de continuer à travailler pour éradiquer la pauvreté sur le continent», souligne-t-il. Le Premier ministre éthiopien rassure que grâce à la détermination des leaders africains, la renaissance du continent sera une réalité. «Le peuple éthiopien est prêt à coopérer avec le Bénin et échanger avec ce beau peuple. Cette visite permettra d’approfondir les relations entre les deux pays. L’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest doivent se rapprocher davantage», poursuit-il, saluant au passage le leadership du chef de l’Etat pour l’intégration du continent africain.Diplômé de Génie civil et titulaire de plusieurs diplômes supérieurs dans des universités européennes et américaines, Hailemariam Desalegn a servi pendant des années dans les universités éthiopiennes. Membre influent du Parti démocratique révolutionnaire d’Ethiopie, il a occupé plusieurs postes de responsabilité au sein du Parlement fédéral avant d’être nommé vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères d’Ethiopie. Il devient Premier ministre à la suite du décès de son prédécesseur, l’énigmatique Meles Zénawi, en septembre 2012. Hailemariam Desalegn a présidé les destinées de l’Union Africaine en 2013, à la suite du mandat du chef de l’Etat, Boni Yayi à la tête de l’organisation panafricaine
