Il était annoncé courant 12 juin, un réaménagement de l’actuelle équipe gouvernementale. Mais bien de contingences ont déjoué le projet fignolé par le Chef du gouvernement. Voyons !
Le Pardon de Yayi et la libération des détenus pour faits de « tentative d’empoisonnement » et « tentative de coup d’Etat » devaient s’accompagner d’une action d’envergure nationale ; la recomposition du gouvernement, intégrant cette fois-ci des acteurs de l’opposition, dans la dynamique de l’unité nationale.
De sources bien informées, des personnalités de l’autre camp dit de l’opposition auraient été contactées dans ce sens. Elles auraient donné leur accord de principe mais auraient monté les enchères.
Un parti de l’opposition déclarée aurait exigé de Dr. Boni Yayi, trois importants postes ministériels : le super ministère de l’économie et des finances, celui de la défense, de même que l’intérieur. Un autre a porté ses prétentions sur le ministère des affaires étrangères. Ces départements très sensibles devraient revenir dans ce jeu de partage de rôle, à l’opposition qui en aura le contrôle et la gestion. Et le Chef de l’Etat ne devrait se contenter que des quilles. Dès lors, le contrôle du pouvoir devrait basculer de l’autre côté, changeant de camp à l’effet de ce remaniement osé.
Si Boni Yayi acceptait cette proposition, que lui reviendrait-il ? Les seconds rôles, certainement !
L’opposition ne voulant s’assumer, a voulu s’inféoder, se corrompre avec le pouvoir dont il dit avoir le dégoût. Curieuse anecdote !
Il convient de prendre de recule face à cette attitude de politiques, qui surprend et étonne. D’ailleurs, il faut y comprendre beaucoup de choses.
Premièrement, le mutisme affiché par les acteurs de l’opposition face aux brulants et fumants dossiers, est bien calculé. Il vise des intérêts personnels cachés. Apparemment, personne ne se préoccupe de l’autre en cas de « difficultés ». Le danger dont on accuse Yayi suscite aujourd’hui des intérêts au point où il est difficile pour le Béninois convaincu de l’opposition de s’affirmer et de s’affranchir des problèmes du ventre. Quand on est opposant, on travaille pour amoindrir, du moins annuler les chances de gain de l’autre à une prochaine échéance électorale. On ne se saborde pas honteusement.
Deuxièmement, cette approche est dangereuse pour la majorité qui pourrait voler en éclats si cela se réalisait. Quel intérêt a-t-on à entretenir un courant si au finish, on est contraint à un partage du pouvoir avec ceux qui vous ont combattu farouchement ?
Le Chef de l’Etat, visiblement, ne peut céder aux prétentions trop prétentieuses (excusez du peu) de l’opposition dans cet appel et cette main tendue qui d’ailleurs, ne s’explique guère dès lors qu’on travaille à valoriser l’alternance en 2016 ? Ou bien veut-on devenir complice d’une situation dont on redoute la survenance ?
En clair, majorité présidentielle et opposition s’assument. Pas de tricherie ! Il faut laisser le pouvoir actuel conduire par ceux qui le portent et défendent ses idéaux. L’opposition ne doit sous aucun prétexte entrer dans des relations incestueuses et compromettantes. Si Yayi cédait à leurs intentions, accepteront-ils d’être aussi comptables de la gestion du régime actuel ? C’est aller à la confusion que faire droit à ce pacte qui se nouait clando sur le dos du peuple.