Par correspondances adressées au président de l’Assemblée nationale, les députés Nazaire Sado de la Renaissance du Bénin et Cyriaque Domingo de l’Union fait la Nation (repêché récemment par la mouvance) ont annoncé le retrait de leurs signatures respectives. Ils ne sont plus prêts à figurer sur la liste des parlementaires qui soutiennent la proposition de loi portant interdiction de grève aux magistrats. C’est ce qu’on peut retenir de leurs correspondances adressées respectivement les 24 et 27 juin 2014 au Président Mathurin Nago.
Deux passagers descendent. Sur les 45 députés signataires de la proposition de loi interdisant aux magistrats le droit de grève, deux viennent de désister. L’honorable Nazaire Sado justifie l’annulation de sa signature par le non-respect des idées soutenues au départ par les initiateurs de cette proposition de loi. D’après son courrier (voir copie ci-contre), l’idée avancée par les initiateurs de cette proposition de loi vise à mettre fin aux grèves perlées dans le secteur judiciaire, occasionnant la prolongation démesurée des compatriotes béninois dans les maisons d’arrêts. C’est en réalité cette idée qui a valu sa signature, dit-il. Mais avec les insinuations d’achat de conscience de tous les députés signataires de cette proposition de loi, l’honorable Sado a estimé mieux de se soustraire de cette liste. Pour rappel, des indiscrétions font état de ce que tous les 45 députés qui ont signé cette proposition de loi auraient reçu chacun deux (02) millions de nos francs (difficile de vérifier). Ceci comme stimulant pour un lavage de cerveau de leurs mandants. Le même doute a animé son collègue Cyriaque Domingo. Il estime qu’il vaut mieux se retirer, puisqu’il sait qu’il n’a rien perçu dans ce dossier. Mieux, l’ancien allié de l’Union fait la Nation indique que cette proposition de loi perturbe la quiétude, alors qu’elle a été initiée pour la paix.
Nazaire Sado, dans sa correspondance, a demandé à ses collègues de travailler plutôt dans le sens de l’amélioration des conditions des Magistrats qui sont aussi des citoyens. Lire les correspondances des deux députés concernés.
Thobias Gnansounou Rufino
(Br Ouémé/Plateau)
Nazaire Sado Porto-Novo, le 23 juin 2014
A monsieur le président de l’Assemblée nationale du Bénin
Objet : annulation de ma signature concernant la proposition de loi relative au retrait du droit de grève aux magistrats.
Monsieur le président,
Je viens porter à votre connaissance que j’annule ma signature à propos de la proposition de loi relative au retrait de droit de grève aux magistrats en République du Bénin.
En effet, en ma qualité de député, j’ai été approché conformément aux usages parlementaires par l’initiateur de ladite proposition de loi. Touché par l’argument selon lequel les grèves perlées dans le secteur judiciaire occasionnent la prolongation démesurée du séjour de nos compatriotes dans les prisons, j’ai apposé ma signature. C’est donc dans le seul souci de voir les affaires pendantes devant nos instances judiciaires être vidées au plus tôt pour fixer nos concitoyens sur leur sort que j’ai donné mon assentiment en toute conscience.
Malheureusement, cette proposition de loi fait l’objet de spéculations et suscite des insinuations d’ « achat de voix » et des soupçons de manipulations des députés dans l’optique de remise en cause de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Face aux soupçons persistants de supposées manipulations de représentants du peuple que nous sommes, j’ai décidé en toute responsabilité d’annuler ma signature, signe de mon appui désintéressé à ladite proposition de loi. Cette décision vise à démontrer aux citoyens qu’il n’y a aucune intention de nuire aux magistrats ou de régler des comptes.
Tout en continuant à croire à la bonne foi de l’initiateur et des autres collègues députés, je voudrais affirmer que tout en cherchant à dénier le droit de grève aux magistrats, la représentation nationale doit œuvrer dans le sens de trouver des solutions aux attentes légitimes des magistrats et renforcer l’indépendance du secteur judiciaire.
Convaincu que vous prendrez les mesures nécessaires pour donner une suite favorable à ma demande, je vous prie d’agréer, monsieur le président, l’expression de mes sincères salutations.
He Nazaire Sado
Domingo Cyriaque Porto-Novo le 27 juin 2014
Député à l’Assemblée Nationale
Tél : 95 06 45 22/97 98 08 43
E-mail : domingocy@gmail.com
A
Monsieur le Président de L’Assemblée nationale du Bénin
Objet : Annulation de ma signature concernant la proposition de loi relative au retrait de droit de grève aux magistrats
Monsieur le Président,
Je viens porter à votre connaissance l’annulation de ma signature à la proposition de loi relative à l’interdiction de droit de grève aux magistrats.
En effet, selon les dispositions de la constitution l’initiative de loi appartient aux députés et au gouvernement. C’est donc un droit pour moi d’initier seul ou avec mes collègues une proposition de loi. Tout ceci pour consolider l’unité nationale et la paix dans notre pays.
Mais c’est avec regret que je constate que la présente proposition au lieu de renforcer la cohésion nationale vient la perturber. Et pour ceux qui me connaissent je ne peux pas m’associer à une quelconque entreprise pour enlever un droit constitutionnel à une corporation telle que la magistrature.
J’ai alors ma conscience tranquille car je n’ai reçu un franc de quelqu’un pour apposer ma signature.
Pour finir, je suis ouvert à toute initiative de dialogue pour ramener la paix dans la maison justice.
Convaincu que vous prendrez les mesures nécessaires pour donner une suite favorable à ma requête, je vous prie, Monsieur le Président, de recevoir l’expression de ma salutation patriote.