Le député Rachidi Gbadamassi doit craindre pour sa liberté. Son implication dans les négociations secrètes pour le vote de la proposition de loi interdisant aux magistrats le droit de grève lui vaut de nouveaux ennuis judiciaires. 18 de ses anciens collaborateurs ont été convoqués le 2 juillet 2014 à la Cour d’Appel de Parakou pour être entendus dans l’affaire Coovi.
L’ancien maire de Parakou paiera donc cher son engagement pour l’interdiction prochaine du droit de grève des magistrats (Lire à la suite du papier, l’article 18 de la proposition de loi devant modifier la loi portant statut de la magistrature). Rachidi Gbadamassi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est en effet au cœur des négociations nocturnes initiées pour réduire au silence particulièrement l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), la bête noire du régime de Yayi Boni. Mais le sort de cet élu de la 8ème circonscription électorale semble désormais scellé. De sources informées, la Cour d’Appel de Parakou a convoqué de ses anciens collaborateurs pour le 02 juillet prochain. Ils devront être entendus dans le cadre de l’affaire Coovi du nom du juge Sévérin Coovi assassiné à Parakou en septembre 2005. Suspecté d’être le cerveau de ce meurtre, Rachidi Gbadamassi avait été arrêté et détenu pendant plusieurs mois avant d’être libéré. La Cour d’Appel avait même prononcé un non-lieu en novembre 2013 au profit de l’élu. Mais aujourd’hui, le dossier a pris une autre tournure. Avec la convocation d’anciens proches de l’ancien maire de Parakou, incontestablement lui-même sera aussi entendu. On apprend des mêmes sources, que de nouveaux éléments ont été découverts et pourront peser lourds contre Rachidi Gbadamassi.
AS
Article 18 nouveau :
Les fonctions judiciaires sont incompatibles avec tout mandat électoral ou politique. Toute délibération politique est interdite au corps judiciaire. Les magistrats sont inéligibles aux assemblées politiques.
Les magistrats, même en position de détachement, n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique. Toute manifestation d’hostilité au gouvernement de la République est interdite aux magistrats, de même que toute démonstration de nature politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions.
Les magistrats ne peuvent se constituer en syndicat, ni exercer le droit de grève. Il leur est interdit d’entreprendre toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions ou d’y participer.
Tout manquement par un magistrat aux dispositions du présent article est sanctionné par la mise à la retraite d’office.