Pascal Todjinou de la Cgtb, Paul Essè Iko de la Cstb, Dieudonné Lokossou de la Csa-Bénin, Noel Chadaré de Cosi-Bénin, Emmanuel Zounon de l’Unstb, Laurent Mètognon de Fesyntra-Finances. Ce sont là les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales qui ont annoncé hier leur soutien « ferme » à l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) dans la lutte à mener pour faire retirer la proposition de loi portant suppression du droit de grève, actuellement sur la table du parlement. Ils sont, en effet, 45 députés à signer cette proposition de loi, et ont été tous dénoncés hier au tribunal de première instance de Cotonou, où la rencontre entre le monde syndical et l’UNAMAB a eu lieu. De nombreux autres syndicats de base aussi étaient présents et annoncent soutenir les magistrats jusqu’au bout, dans ce nouveau combat. Michel Adjaka les a tous remerciés et leur a demandé d’être aux aguets pour les luttes à mener. «Merci pour vous tous pour avoir entendu notre cri de détresse », a-t-il dit. Lire ci-après les propos de plusieurs intervenants.
Lire Les propos de quelques secrétaires généraux
Pascal Todjinou, Sg Cgtb:« Est-ce que nous allons conclure aujourd’hui que le gouvernement de Yayi n’aime pas la paix ? »
« Courageux Adjaka Michel, félicitations. Félicitations, parce que vous êtes resté intraitable jusqu’à ce jour. Mes chers amis, moi je voudrais faire les statistiques pour montrer au peuple béninois comment nous le trompons. Il y a 45 députés qui ont signé la proposition de loi. FCBE, 32 signataires. Retenez vos souffles, l’Union fait la Nation, 5 signataires. Je dis bien l’Union fait la Nation. Donc l’Union fait la Nation détruit la justice. Finalement, je suis où ? Si la nation détruit la justice, qui va s’occuper de nous après ? Heureusement que la justice est restée indépendante. Le substitut de l’ex-procureur de la république Gbènamèto était ici dans cette salle pour me jeter en prison. Mais, j’ai été libéré parce que la justice est libre. Poursuivant les statistiques, Alias Amana a deux signataires, l’UB, 2 signatures, Affésou 1, Cauris 1, G13 Baobab 1 et puis Upr, 1. Je vous invite donc à lire ses statistiques pour savoir ceux qui sont en train de vouloir mettre en péril notre pays. J’ai, par ailleurs, une préoccupation majeure, le gouvernement de Boni Yayi est en train de finir avec une crise exceptionnelle, où toutes les organisations syndicales, même celles qui ont refusé, leurs syndicats de base étaient en mouvement. Alors, il se fait qu’on était en train de taire cela doucement, doucement, et le gouvernement trouve encore un autre motif pour soulever la population et les travailleurs. Est-ce que nous allons conclure aujourd’hui que le gouvernement de Yayi n’aime pas la paix ? On avait fini avec les douaniers, le Pvi, et aujourd’hui, les magistrats. Moi, je crois que nous ne sommes pas fermés au dialogue et qui va conduire à la suppression des grèves aux magistrats nous trouvera sur son chemin ».
Paul Essè Iko, Sg Cstb:« Si on vote cette loi, la grève va défendre la grève »
« Mr Michel Adjaka, vous êtes secrétaire général d’un syndicat qui est l’un des plus vaillants de notre pays. Parce que vous êtes un grand intellectuel. Les magistrats sont proches du pouvoir. Et s’ils se détachent pour la justice et pour la vérité, il faut les en féliciter. La Cstb vous félicite. La Cstb est toujours prête. C’est notre tasse de thé, quand il y a la lutte, on est toujours présent. Nous n’avons pas pu soutenir les douaniers quand ils subissaient la même épreuve, mais nous sommes aujourd’hui réveillés. Et Yayi va partir. Il faut qu’il parte. Parce qu’à la fin de notre grève, la Fesyntra-Finances et la Cstb se sont réunis et nous avons vu que l’obstacle principal à la satisfaction des revendications s’appelle Yayi Boni. Si on arrive à voter cette loi, la grève va défendre la grève. On fera de l’incivisme. Et s’il n’y avait pas eu l’incivisme, l’apartheid ne partirait pas. Que le président Yayi et ses députés le sachent, nous avons vaincu le PRPB qui refusait la grève. C’est parce que la grève n’existait pas que nous avons obtenu la grève. Cette proposition de loi est nulle et de nul effet. Ils la votent et le lendemain, nous ferons la grève. Le moment est venu pour que les blouses noires sortent ensemble avec nous dans les rues et dans les sit-in».
Dieudonné Lokossou, Sg Csa-Bénin:« Nous ne pouvons pas accepter que la politique vienne détruire l’édifice justice »
« La justice ne peut pas être détruite. Nous ne pouvons plus accepter ces genres de choses. On ne peut pas laisser les gens tuer la démocratie dans notre pays. Nous ne sommes pas dans un combat politique, nous sommes dans un combat social et nous ne pouvons pas accepter que la politique vienne détruire l’édifice justice. C’est pour cela que nous soutenons le combat que l’Unamab mène depuis longtemps. Ce n’est pas à travers des lois scélérates qu’on va étouffer la justice. Notre solidarité n’est pas à marchander avec vous. Nous devons agir scientifiquement, si les institutions que nous avons n’étaient pas au service de la présidence, on en serait pas là. Le droit de grève est un droit constitutionnel. Et si on arrivait à le supprimer pour vous magistrats, vous devrez pouvoir interpeller la Cour constitutionnelle pour vous rétablir dans vos droits. On va encore mettre cette cour à l’épreuve. Il faudra aussi saisir le Bureau international du travail. Votre cause est attendue. Et il faudrait qu’on fasse très vite une marche sur le parlement. Parce que si nous nous laissons faire et qu’on grignote petit à petit le droit de grève, on finira par nous l’arracher définitivement. Je ne vois pas pourquoi à quelques mois du départ du président de la république, on supprime la grève aux douaniers, aux forestiers, et on tente d’en faire de même aux magistrats. Est-ce une stratégie pour assurer la tranquillité à celui qui va lui succéder pour revenir et vivre en paix. Vous aurez en tout cas notre soutien de jour comme de nuit»
Noel Chadaré, Sg Cosi-Bénin:« Nous combattrons ceux-là qui œuvrent à la prédation des libertés »
« Je félicite le président de l’Unamab pour sa ténacité et sa lutte. Il est en train de faire un combat juste. Et pour cela, vous avez notre soutien. Si nous sommes ici, c’est au nom de la communauté de destin que nous avons. La Cosi-Bénin sera de tous les combats pour leur côté bon, mais d’aucun combat pour leur côté mauvais, pour paraphraser Victor Hugo. Au-dessus de la patrie, nous mettrons l’intérêt de la nation béninoise. Si tout est permis, tout n’est pas utile. Ce n’est pas parce qu’on est député et qu’il est permis de faire une proposition de loin, qu’on va aller dans ce sens pour arracher la liberté. Nous combattrons ceux-là qui œuvrent à la prédation des libertés. C’est ce que nous avons de plus cher dans notre pays. Nous avons tous l’obligation de rester debout et de dire non à ce qui est en train d’être programmé. Nous n’allons pas accepter qu’on retourne à une époque révolue et qui n’est pas récente »
Emmanuel Zounon, Sg Unstb:« Nous sommes en face d’une question stratégique et il faut trouver des solutions appropriées »
« Au lieu de soutenir une thèse, je préfère soutenir l’antithèse, parce que tout a été déjà dit. Dans tous les pays du monde, les gouvernements ont la possibilité d’interdire le droit de grève, sous deux formes, interdiction formelle ou restriction, et en cela, l’Oit n’a pas la possibilité de contrôler ou de sanctionner. C’est pourquoi, il ne s’agira pas pour nous de faire des discours ou des actions isolées. Nous sommes en face d’une question stratégique et il faut trouver des solutions appropriées. C’est pour cela que nous devons mettre en place un comité de combat et faire les mêmes actions. Si non, nous n’aurons aucun résultat et la loi sera votée. Tout chemin ne mène pas toujours à Rome. A moins qu’on soit au Vatican. Donc tant que nous qui sommes ici, nous n’allons pas nous mettre ensemble et mener le même combat. Nous allons échouer comme les douaniers, je le leur ai dit en son temps. Et ils en ont appris à leurs dépens. Nous ne devons donc plus commettre les mêmes erreurs. Ce n’est pas une affaire de Yayi va partir. Nous sommes venus ici pour combattre les députés, et nous devons commencer avant par discuter avec eux. Ils sont après tout, des hommes comme nous. En tout cas, nous vaincrons parce que notre cause est juste. Et le personnel de la justice est invincible ».