Le report sine die des élections locales, communales et municipales commence à agacer la communauté internationale. Celle-ci met d’ailleurs en garde Boni Yayi contre un éventuel report de l’élection présidentielle de 2016.
La communauté internationale met déjà la pression à Boni Yayi au sujet d’un éventuel report de la présidentielle de 2016. L’information est donnée par «La Lettre du Continent», n°685 du 25 juin 2014.
Dans ce numéro, la périodique informe que Fleur Pellerin, secrétaire d’Etat chargée du commerce extérieur, représentant le gouvernement français à la table ronde du Bénin à Paris (17-19 juin 2014), était porteuse d’un message de François Hollande à Boni Yayi. Un message de mise en garde quant à un éventuel report de la présidentielle 2016 au Bénin. Il faut rappeler que les élections locales, communales et municipales devraient se tenir au Bénin depuis mars 2013.
Mais bientôt un an et demi après, bien malin celui qui pourra donner la date de l’organisation de ces élections. Les législatives de 2015 se projettent aussi à l’horizon, sans une certitude d’être organisées à bonne date. Ensuite, il y aura la présidentielle de 2016. Toutes ces élections doivent être organisées entre 2015 et 2016. Ce qui pourrait donner des envies au gouvernement de repousser la dernière, la présidentielle de 2016.
Aujourd’hui, c’est parce que le gouvernement veut d’une Liste électorale permanente informatisée (Lépi) toilettée qu’il n’organise pas les élections locales, communales et municipales. La Lépi, selon la structure chargée de son toilettage, devrait être prête en novembre 2014. Ce qui, logiquement, devrait amener le gouvernement à organiser les élections locales et législatives dans la foulée. Mais demain, le même gouvernement pourrait prétexter d’un manque de moyens financiers pour reporter sine die l’organisation de ces élections. C’est désormais une habitude au Bénin. Ce qui ne serait pas sans incidence sur la présidentielle prochaine.
Seulement, cela ne devrait pas être le cas, anticipe déjà la communauté internationale, notamment la France. Le message de Hollande à Yayi va dans ce sens. Boni Yayi est prévenu par Hollande ; mais la Banque mondiale, elle, menace déjà. A la table ronde du Bénin à Paris, ses représentants, selon « La Lettre du Continent », auraient fait comprendre que les financements des projets présentés ne seraient pas débloqués sans la tenue des élections locales et municipales.
D’importantes révélations pour l’économie nationale
«La Lettre du Continent », dans le même numéro, publie d’autres informations relatives au Bénin, surtout à son économie. On y apprend que l’ambassadeur américain à Cotonou ne croit pas que Samuel Batcho, nouveau Directeur général du Port autonome de Cotonou, soit en mesure d’améliorer la lutte contre la corruption dans l’enceinte portuaire.
Une lutte à laquelle les Etats-Unis tiennent farouchement ; car la corruption constitue l’une des raisons ayant amené les Américains à priver, même si c’est provisoirement, le Bénin du 2è Compact du Mca. Afin de se rendre à Paris pour la table ronde, informe la périodique, Boni Yayi aurait préféré louer un avion privé pour son déplacement plutôt que d’utiliser son avion présidentiel.
Il craignait, selon le même canard, que suite à la sentence arbitrale de la Cour de justice de l’Ohada, Patrice Talon ne fasse saisir son avion. Toujours au sujet de l’homme d’affaires béninois exilé en France, «La Lettre du Continent » publie que Patrice Talon n’a jamais demandé pardon à Boni Yayi comme ce dernier l’insinue. Abdou Diouf a alors refusé de donner copie de la lettre de Patrice Talon au président béninois au motif que la lettre ne lui était pas destinée.
La désillusion pour bientôt
Ceux qui, au retour de la table ronde du Bénin à Paris, jubilent déjà et pensent que les solutions à tous nos problèmes sont désormais trouvées, seront bientôt déçus. La raison est qu’au Bénin, tous les indicateurs d’une nation véritablement démocratique sont au rouge. Comme la communauté internationale nous le rappelle déjà, l’organisation régulière des élections témoigne de la vitalité d’une démocratie.
Pourtant, depuis plus d’un an, les élections locales, communales et municipales auraient dû être organisées. Ce n’est pas le cas et personne ne sait quand elles se tiendront. Les législatives arrivent à grands pas. C’est dans quelques mois seulement. Et puis, la présidentielle de 2016. Le premier responsable de tout cela, c’est le premier magistrat du Bénin, le premier des Béninois, Boni Yayi. Il endosse toutes ces responsabilités. Ce qui fait penser que c’est inadmissible de ne pas croire ceux qui disent que Yayi ne veut pas partir.
On est obligé de leur accorder de crédit. Les élections ne sont pas tenues. Yayi ne choisit pas son dauphin, ceci à moins de deux ans de la fin de son second et dernier mandat. Mathieu Kérékou a manqué de choisir un dauphin. Il a été rattrapé par la réalité des choses. Il ne voulait ni de Bruno Amoussou, ni d’Adrien Houngbédji. Le choix du peuple, celui de Yayi, s’est finalement imposé à Kérékou. Yayi, aujourd’hui, qu’il veuille ou pas de Nago, de Koupaki, de Bio Tchané, de Gbian…, il va finalement se résoudre à la réalité. C’est ça la réalité d’une démocratie.
Le Bénin revient sur le tableau des exilés
Sous la révolution conduite par Mathieu Kérékou avant le renouveau démocratique, on a enregistré beaucoup d’exilés béninois. En un seul mandat, Nicéphore Dieudonné Soglo a corrigé la chose. Le Bénin ne comptait plus d’exilé sous Soglo. Mathieu Kérékou 2 a fait un effort sur ce plan. Aujourd’hui, il y a encore des exilés béninois. Le phénomène, malheureusement, est revenu. Et de plus belle. Lionel Agbo s’est exilé et on ne sait où il se trouve. Simon Pierre Adovèlandé est en exil au Ghana. Patrice Talon et Olivier Bocco sont obligés de se refugier en France.
Depuis l’arrivée de Yayi, Martin Rodriguez s’est aussi exilé. De mauvais indicateurs pour un pays qui veut du financement des organismes internationaux et des opérateurs économiques privés. Ils prendraient de gros risques pour leurs affaires. Quelles que soient les tentatives de Yayi, cela a de fortes chances de ne pas marcher. Par ailleurs, pour quelqu’un qui est à moins de deux ans de son départ, prendre l’initiative d’empêcher les magistrats de faire grève ne s’explique pas non plus.