Au terme de son second mandat électif, le Président de la République, son Excellence le Docteur Thomas Boni YAYI, partira-il ? Ne ruminerait-il pas de fortes velléités de s’accrocher au pouvoir, vaille que vaille ? Grosso-modo, c’est le menu, semble-t-il, de maintes conversations et discussions qui prospèrent dans certains médias et cercles du landerneau politique béninois.
Pourquoi donc cette préoccupation, certes d’intérêt national, agite-t-elle tant les esprits, alors même que le locataire du palais de la Marina devra jouir quelques mois encore des prérogatives régaliennes, requises par la Constitution, dans l’exercice de ses hautes fonctions de premier Magistrat de la République ?
La question mérite qu’on la pose, à examiner nombre de faits et gestes des principaux acteurs politiques, sur l’échiquier national. Et compte tenu de l’ampleur, de plus en plus sensible, d’un délétère climat de suspicion manifeste et de sourde frustration, il n’est guère possible de s’empêcher de s’inquiéter ou de s’interroger : la perspective de l’alternance politique, au sommet de l’Etat, à l’horizon 2016, représenterait-elle un nœud de vipères que se tissent les politiciens, mouvanciers et opposants confondus ? S’avérerait-elle un dangereux traquenard mortifère pour le peuple béninois ?
Troublants signes velléitaires de confiscation du pouvoir ?
Pour un attentif observateur de la geste politique nationale, il ne peut manquer d’indexer un étrange paradoxe entre maints discours officiels, qui tendent à rassurer sur la bonne foi du Prince, et la réalité d’une certaine pratique sectariste, partisane et clanique, qui consiste à n’avoir d’yeux et d’oreilles que pour ceux qui professent la même foi que soi, arborent les mêmes insignes d’identification ethno-tribale ou de conviction idéologico-linguistique, socioculturelle notoire. Il semblerait même que dans l’ombre se concocte et se trame un cynique plan machiavélique de violente répression de groupes tribo-ethniques antagonistes, que viendrait à prendre l’intolérable envie saugrenue d’exprimer publiquement leur furieuse exaspération ou leur sourde frustration trop longtemps contenue.
Les tragiques événements de la Bourse du Travail, le 26 décembre 2013, s’inscrivent-ils dans cette sinistre conjuration fielleuse ? Une certitude cependant : de troublants signes velléitaires de confiscation du pouvoir d’Etat par le clan aux Affaires, semblent se dessiner nettement à mesure que se précise l’imminence des échéances électorales, dont la présidentielle de 2016 constitue la clé de voûte. Il n’est que d’évoquer pêle-mêle :
- L’organisation de concours frauduleux, dont celui pour le compte du Ministère des Finances, vertement décrié de tous ;
- Le renvoi sine die de la tenue des élections communales et municipales ;
- Les difficultés qui handicapent l’apurement définitif de la Liste électorale permanente informatisée(LEPI) ;
- Le fameux complot d’empoisonnement et de coup d’Etat, indexant l’ « Affaire Talon » ;
- L’envoi au parlement d’un projet de lois, visant une conjoncturelle révision opportuniste de la Constitution du 11 décembre 1990 ;
- L’initiative d’une proposition de lois, destinée à priver les magistrats de la République de leur constitutionnel et inviolable droit de grève ;
- La collusion, apparente ou réelle, entre les hautes institutions républicaines, que traduit le déficit de transparence légale dans l’application des textes et le respect des principes cardinaux de séparation des pouvoirs, fondement-clé de toute vraie démocratie, universellement concevable, sûr garant d’un réel Etat de droit, respectueux des libertés individuelles, publiques, civiles et politiques ;
- la gouvernementale table ronde économique, à Paris !
- Etc.
L’Alternance démocratique : Nœud de vipères des politiciens ou mortifère traquenard pour le peuple?
Ȧ la lumière de tous ces faits, ostensiblement inquiétants, qui impressionnent l’opinion nationale et internationale, et à l’analyse des positionnements au sein de la classe politique : transhumance et jeux de chaises musicales, caractéristiques distinctives des partis et sensibilités politiques des Républiques bananières africaines, outré et insensé serait-il d’estimer que les politiciens béninois s’exercent dangereusement à s’effrayer, et s’efforcent follement à se façonner un terrifiant nœud de vipères, potentiel traquenard venimeux, funeste et incendiaire pour le peuple ?
Le malheur n’arrive pas qu’aux autres, dit-on souvent. Aussi la classe politique béninoise devrait-elle avoir constamment à l’esprit les tragiques rivalités conflictuelles, ethno-génocidaires, qui déstructurent maints pays africains, hypothéquant gravement leur marche ascensionnelle vers un progrès libérateur. Qui donc n’est pas conscient que ces stupides rivalités infantilistes, cyniquement orchestrées de toutes pièces par d’invisibles commanditaires mercantilistes, endeuillent et traumatisent les misérables masses populaires des villes et des campagnes ?
Ces innombrables masses malheureuses, innocentes victimes, subitement terrifiées, harcelées, pourchassées, brutalement contraintes à l’ignominieuse errance fatale, monstrueuse, inhumaine, envahissent éperdument les cruels sentiers sinistres de l’inexorable exil cauchemardesque, où viols, criminelles violences et expéditives exécutions horrifiantes, s’invitent avec démence aux funèbres rendez-vous cannibalistes des super civilisateurs humanistes du 21ème siècle ! Il fallait bien qu’Hitler se fasse des émules d’un tout nouveau genre : terroristes et anti-terroristes !!!
S’il était permis de jauger les engagements et actions de chacun des protagonistes de la geste politique nationale, tout au long de leur spécifique parcours individuel ; s’il était possible de mettre en exergue et de pointer les forces des uns et les faiblesses des autres, sous l’angle de leur qualitative contribution distinctive à l’évolution dynamique, bénéfique, et performante de la Nation ; ne parierait-on pas que la plupart de ces acteurs politiques, bon teint, bon genre, toutes sensibilités incluses, s’avérerait inéligible aux prestigieuses distinctions de l’Ordre national du mérite, et par voie de conséquence, se verrait ainsi disqualifiée à postuler effrontément de nouveaux mandats électifs ?
Combien, en effet, s’acquittent honorablement de leur importante charge constitutionnelle d’animation constructive, rationnelle, conséquente et méliorative de la vie publique ? Combien peuvent se prévaloir d’agir, d’œuvrer en permanence à la conscientisation, c’est-à-dire, à l’éducation, la formation et la sensibilisation des militants, d’une part, pour renforcer et élever tant leur intellectuelle capacité de rationnelle logique critique que leur compétence technique et professionnelle ; d’autre part, pour dynamiser leur patriotique conscience civique à travers l’adoption de comportements dignes, respectueux du bien public ? Combien s’activent sans relâche, par une efficiente veille citoyenne, à lutter énergiquement contre tous sentiments xénophobes, d’indexation clanique, ethno-tribale et régionaliste, de sorte à promouvoir, dans l’esprit de chaque militant, l’idéal salutaire de l’unité nationale, de l’indispensable solidarité fraternelle, intercommunautaire, transrégionale, par-delà les culturelles spécificités identitaires, précieuse source d’enrichissement mutuel ?
Bref, le bilan post-indépendantiste des 54 ans de pratique politique, aléatoire, dilettantiste, de calamiteuse gestion de la Chose publique, devrait induire un impitoyable procès contre les prédateurs et indélicats resquilleurs de la République. Ainsi le peuple, suprême instance décisionnelle du pouvoir d’Etat, les pourrait-il sanctionner sévèrement et fortement amender !
En conséquence, ne leur sera-t-il pas formellement interdit toute quelconque participation aux futures échéances électorales ? Car, en toute franchise, qui sont-ils vraiment ces mouvanciers et opposants qui s’agitent aujourd’hui sur la scène politique nationale ? Sont-ils subitement devenus amnésiques pour ignorer les vrais raisons, les causes profondes, du large plébiscite, en 2006, du ‘’nouveau venu qui ne connaît pas la maison‘’ ? Ce dernier n’a-t-il pas suffisamment appris à connaître la maison, au point de briller, en 2011, par un retentissant et spectaculaire K.O historique ? À quoi s’occupaient donc ces distingués et sémillants animateurs de la vie publique ?
Si le ridicule tuait, ils devraient tous faire profil bas, et se livrer, sans complaisance, à un drastique examen de conscience qui les déterminerait à renoncer à toute probable entreprise de positionnement électoral ou de quête d’un éventuel mandat représentatif, au niveau local ou national. Ainsi permettront-ils au peuple souverain de s’offrir l’opportunité d’ouvrir, enfin, une autre page lumineuse de son historique et gestative pérégrination, comme une vitale entité politique, indispensable dans le concert des Nations libres et dignes.
L’heure sonne, en effet, et il urge, d’une nouvelle prise de conscience collective, d’un nouveau sursaut national, comme celui qui a conduit à l’inoubliable Conférence des Forces vives de février 1990.
Impérative Nécessité d’un New-Deal politico-économique : l’irréfragable Devoir national de changer de République?
En réalité, il n’y a nulle extravagance à l’idée d’une conséquente révision normative de la Constitution du 11 décembre 1990. Que celle-ci, après 24 ans de mise en œuvre, puisse révéler des failles, d’indéniables insuffisances, cela ne relève que d’une manifeste évidence. Mais il devient forcément problématique toute velléité de révision constitutionnelle, strictement opportuniste pour les besoins de la cause, dans le cynique dessein de servir les obscurs intérêts d’un régime, de surcroit en fin de mandat.
L’optique judicieuse, justificatrice d’une révision constitutionnelle, pertinente et salutaire, ne s’inscrit et ne se conçoit que dans le cadre d’une conséquente réflexion intellectuelle approfondie, d’une minutieuse analyse scientifique, irrécusable, qui porte essentiellement sur les succès et les échecs de l’expérience politico-économique des principaux gestionnaires et animateurs de la vie publique, dans un Dahomey-Bénin ‘’souverain, libre et indépendant’’, depuis 1960 !
De ce point de vue, le constat paraît des plus amers, et implacable la sentence : 54 ans de chaotique expérience politico-économique et socioculturelle, sous la bannière de trois Républiques défaitistes et lacunaires, à savoir :
- La première République d’instable démocratie libérale, sous tutorat métropolitain (1960-1975) ;
- La deuxième République de psittaciste démocratie populaire, marxiste-léniniste (1975-1990) ;
- La troisième République d’inopérante démocratie libéralo-capitaliste, régie par l’actuelle Constitution en vigueur (1990-2016).
Du coup, se profile l’idéale raison objective, la noble Cause suprême, pour laquelle s’imposerait une nécessaire et impérative révision constitutionnelle : changer inexorablement de République ! Il faille donc en finir avec la troisième République, et prendre toutes les dispositions requises pour jeter les bases juridico-légales d’une quatrième République, plus crédible et performante, vraiment libre et indépendante, productive, innovatrice et talentueuse.
Mais alors, à cette précise tâche, d’une rare noblesse citoyenne, l’actuel régime en fin de mandat, prétendrait-il, en toute objectivité, s’y atteler, de façon responsable, consciencieuse, dans l’intérêt supérieur de la Patrie ?! Gageons que ce soit plutôt l’œuvre du prochain régime, censé assurer la transition vers la quatrième République !
Au total, sans vouloir jouer au visionnaire ou au prophète, il est clair et sûr qu’à l’horizon 2016, il se produira nécessairement une salvatrice alternance citoyenne au sommet de l’Etat.
Ce serait peut-être l’échéance propice qui permettra à la gent féminine de faire valoir, au plus haut niveau décisionnel de l’appareil étatique, ses compétences, son savoir-faire et sa prudente sagacité d’économe scrupuleux et de gestionnaire avisé du bien public. Vivement que le leadership féminin manifeste sa pugnacité à relever ce défi !
Par conséquent, l’on devrait se garder de douter de la parole d’honneur, maintes fois professée et réitérée, du chef de l’État, son Excellence, Docteur Thomas Boni YAYI, Président de la République.
Il convient en effet d’oser le courageux exercice d’une autre lecture positive de ses faits et gestes. S’il faille s’en tenir aux ressorts secrets et réelles motivations de la récente table ronde économique du Bénin à Paris, il est à parier que le Président de la République, entre autres objectifs vitaux, tenait à démontrer sur la scène internationale, ses intrinsèques capacités d’incontestable gestionnaire que conforte un manifeste leadership managérial, puissamment séducteur et conquérant.
Dès lors, étant donné l’adage : ‘’gouverner, c’est prévoir’ ’, stupide peut-il apparaître de penser qu’il se prépare, ainsi, une méticuleuse et magistrale sortie, ou une prestigieuse niche dorée, à l’internationale, pourquoi pas à la ‘’Diouf’’, dès sa descente du pouvoir en 2016 ?…. A l’instar des Anglais, wait and see !!!