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La Nation N° 6018 du 30/6/2014

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Assemblée nationale : Le gouvernement projette une croissance de 6% en 2015
Publié le mardi 1 juillet 2014   |  La Nation


Jonas
© Autre presse par DR
Jonas Gbian, le ministre de l’Economie et des finances


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En respect à la loi n°2013 du 27 septembre 2013 portant loi organique relative aux lois de finances, les députés ont suivi hier la présentation du gouvernement sur les orientations budgétaires pour la période 2015- 2017. C’est le ministre de l’Economie et des Finances, Jonas Aliou Gbian qui a fait cet exercice qui devient désormais une tradition annuelle.

La situation économique et financière sur la période 2011-2014, les perspectives économiques 2015-2017 notamment les orientations économiques du budget général de l’Etat, le cadrage macroéconomique à moyen terme 2015-2017, les objectifs de l’Etat en matière de dépenses publiques.

Ce sont les grands axes de la présentation du ministre de l’Economie et des Finances, Jonas Aliou Gbian, aux députés hier. Cet exercice est une innovation de la loi n°2013 du 27 septembre 2013 portant loi organique relative aux lois de finances. Laquelle oblige le gouvernement à présenter aux députés au plus tard le 30 juin de chaque année, la situation et les orientations budgétaires du pays. Selon le ministre Jonas Aliou Gbian, deux enjeux majeurs ont été pris en considération dans les projections budgétaires de 2015.

Ce budget intervient dans un contexte particulier. Il s’agit de l’entrée en vigueur du Tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO dès le 1er janvier 2015, l’arrivée à terme des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et la transition vers les Objectifs de Développement durable (ODD). Pour ce faire, l’Etat entend renforcer le potentiel de production de l’économie avec pour objectif d’amorcer à terme une véritable transformation structurelle. Pour y parvenir, le gouvernement annonce s’appliquer sur certains points.

Il entend mettre l’accent sur la promotion de l’emploi des jeunes, le renforcement du capital humain et des infrastructures de soutien à la production, la modernisation de l’agriculture, la promotion de l’agro-industrie, le développement local. Un point d’orgue sera aussi mis sur certains axes transversaux dont la promotion de la bonne gouvernance, le développement des archives, la réduction des inégalités de genre et la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques.
500 mille tonnes de coton en 2017

De même, pour 2015, les recettes budgétaires devront s’établir à 896,6 milliards FCFA contre 821,6milliards FCFA en 2014 soit une hausse de 9,1%. Les dépenses publiques sont projetées à 1128,7 milliards FCFA contre 960,2 FCFA en 2014 soit une augmentation de 17,5%, souligne le ministre de l’Economie et des Finances qui annonce l’enveloppe du Programme d’investissements publics de 2015 qui s’élèvera à 382,9 milliards FCFA.

Aux dires de Jonas Aliou Gbian, les perspectives 2015-2017 ont été élaborées en tenant compte des principales hypothèses telles que le niveau soutenu des cours des matières premières exportées dont notamment le coton, la production cotonnière qui passerait de 307 mille tonnes en 2013 à 400 mille tonnes en 2015 et devrait s’améliorer progressivement pour atteindre 500 mille tonnes en 2017.

A cela s’ajoutent l’augmentation des investissements publics avec la poursuite de la politique des grands travaux, l’amélioration du climat des affaires dans le but d’attirer les investisseurs privés vers les pôles de croissance et de densifier le tissu industriel.

Selon le ministre, au cours de l’année 2015, l’économie béninoise devrait commencer par bénéficier des retombées de la Table ronde tenue les 17, 18 et 19 juin derniers à Paris en France. Sur cette base, le gouvernement espère que la croissance devrait se consolider sur la période 2015-2017. Elle est projetée à 6% en 2015 contre 5,7 en 2014. L’inflation est maîtrisée au taux de 3% et devrait avoisiner 2% sur la période 2015-2017.

Toutefois, le ministre de l’Economie et des Finances a soulevé aux députés certaines incertitudes qui pourraient compromettre les prévisions. Il évoque la hausse plus que prévue des cours du pétrole, la persistance du délestage énergétique, la persistance des grèves, la lenteur dans la mise en œuvre des réformes structurelles.
Des indices d’insatisfaction

L’exposé du ministre Jonas Aliou Gbian n’a pas manqué de susciter des réactions de la part des députés. Pour Grégoire Laourou, ce débat est une innovation importante introduite dans le processus d’élaboration du budget pour une meilleure implication en amont des députés dans le processus budgétaire. Cet exercice, selon lui, montre que la démarche quoique inédite reste à être améliorée.

Pour cela, il souhaite le renforcement des capacités des députés et l’amélioration de la loi pour plus d’efficacité dans ce débat. Valère Tchobo, quant à lui, a voulu savoir la place que le gouvernement donne au volet sécuritaire au niveau des frontières avec les affres de la secte Boko Haram.

El Hadj Issa Azizou a félicité le gouvernement pour la cohérence des options prises pour le budget 2015-2017. Orou Sé Guéné propose à l’Etat d’accorder aussi une place de choix au désenclavement de certaines communes de grandes productions agricoles.

Le député Kakpo Zannou dit être resté sur sa soif par rapport au taux de croissance projeté à 6,5% en 2017. Ce qui l’amène à demander au gouvernement à quand au Bénin la croissance à deux chiffres tant annoncé. Pour son collègue Soulé Sabi Moussa, il faut mettre l’accent sur la formation pratique des jeunes qui leur permettrait d’aller rapidement à l’emploi.

Appréciant cette présentation, Félicien Chabi note que le gouvernement a opté pour la continuité budgétaire. Il pense qu’il faut approfondir la question de la promotion de l’emploi des jeunes. Gaston Yorou se dit pessimiste par rapport à la projection de 400 mille tonnes de coton pour la campagne 2014-2015.

Il propose au gouvernement d’être réaliste dans ses projections au regard des difficultés actuelles que connaît le secteur coton. Nourénou Atchadé s’est préoccupé de ce qui en est des recommandations faites par les députés lors de l’adoption du budget 2014 notamment celles liées à la vétusté des gendarmeries au niveau du ministère de la Défense nationale et les passeports biométriques.

Pour le député Eric Houndété de l’Union fait la Nation, son groupe parlementaire ne participera pas au débat. Et pour cause, il dit avoir noté un débat de niveau très bas et décousu pour un dossier aussi important touchant l’orientation budgétaire de l’Etat pour la période 2015-2017.

Il annonce que son groupe parlementaire va décortiquer la présentation du ministre de l’Economie et des Finances et faire ses suggestions en des lieux plus sérieux. Edmond Zinsou, pour sa part, a relevé une insuffisance de la présentation.

Il a noté que la présentation est restée muette par rapport au renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit. Son collègue Raphaël Akotègnon s’est appesanti sur la cohérence et la crédibilité des chiffres qui ont servi de base aux projections. Selon lui, ces projections sont biaisées étant donné que depuis 2009 les entreprises étatiques seraient sans bilan. Il regrette aussi qu’au lieu d’un débat sérieux on assiste à un simulacre d’échanges qui ne fait pas avancer l’Assemblée nationale.

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