M. Komi Koutché, ministre en charge de la communication, des technologies de l’information et de la communication était hier, mardi 1er juillet 2014, face à la presse à AZALAI Hôtel Cotonou. Au cours de cette sortie médiatique qui entre dans le Cadre de ses rencontres périodiques avec la presse Nationale et Internationale, le ministre Koutché a abordé deux grands sujets : la suite à donner aux résolutions issues de la table ronde de Paris et le niveau d’exécution des réformes au sein du ministère dont il a la charge. D’autres préoccupations, notamment cette rumeur qui fait état de ce que des députés auraient reçu de l’argent du gouvernement pour voter une loi ôtant aux magistrats des droits constitutionnellement reconnus, ont été abordées par le ministre.
Le sujet relatif aux retombées de la table ronde de Paris pour financer le développement économique du Bénin a été celui qui a le plus mobilisé toutes les attentions au cours de cette conférence de presse. Dans ses propos, le ministre Komi Koutché a rappelé le contexte dans lequel cette table ronde a été organisée. Il est aussi revenu sur les retombées de cette rencontre et surtout sur la suite qui lui sera donnée de façon concrète.
Contexte de la table ronde
Selon le ministre Komi Koutché, un certain nombre de facteurs déterminants ont présidé à l’organisation de cette table ronde de Paris. Il y a eu d’abord la vision « Bénin Alafia 2025 » qui veut qu’à l’horizon 2025, le Bénin soit un pays phare, bien gouverné, uni, de paix, à économie compétitive et émergente, de rayonnement culturel et de bien-être social. Il y a eu ensuite les différentes performances économiques enregistrées par notre pays. Il y a eu enfin la nécessité de mobiliser des ressources additionnelles pour booster la croissance économique du Bénin.
Depuis 2011, a révélé le ministre Komi Koutché, « le Bénin est passé, avec un taux de croissance qui est dans une tendance haussière de 3,5 % en 2011, 5,6 en 2013 et à 7 % projetés pour 2014 tel que cela ressort des documents de cadrage macroéconomique. Malgré ces efforts, a reconnu le ministre Komi Koutché, cette croissance reste encore insuffisante pour pouvoir permettre la réalisation des grandes ambitions du gouvernement, celles de procurer aux Béninois les conditions d’une vie meilleure. C’est donc fort de cette ambition que le gouvernement a décidé, au regard de ce que l’espace budgétaire du Bénin ne permet pas d’atteindre les objectifs de croissance, d’aller à cette table ronde de Paris pour pouvoir offrir à la communauté internationale la possibilité d’avoir une bonne visibilité sur toutes les occasions qu’il y a d’investir au Bénin et sur tous les atouts que le Bénin présente pour de potentiels investisseurs.
Les retombées de la table ronde
Cette table ronde qui s’est déroulée du 17 au 19 juin 2014 à Paris a été de l’avis du ministre Komi Koutché un grand succès. Le programme d’investissement structurant présenté par le Bénin a séduit la communauté internationale au point où les prévisions en matière de mobilisation de ressources ont été largement dépassées. Au total, au lieu des 2899 milliards de F Cfa attendus, ce sont 6300 milliards de F Cfa qui ont été promis par les bailleurs de fonds pour soutenir le développement économique du Bénin et porter sa croissance à deux chiffres. Au-delà des chiffres et des promesses, il est important de faire le point sur un certain nombre d’aspects, a dit le Ministre Koutché. Le premier aspect, a-t-il souligné, est l’adhésion observée des partenaires internationaux aux différents projets structurants présentés par le Bénin dans les domaines du Partenariat public-privé, du programme d’investissements publics et les projets à forte valeurs ajoutées portées par les privés. Le second aspect concerne l’accueil réservé aux investisseurs privés à la table ronde de Paris. Et le troisième aspect est l’engagement et la mobilisation des Béninois de la diaspora pour accompagner l’initiative du gouvernement.
Les retombées, et après ?
« Aller à une table ronde est une chose. L’autre est de concrétiser les acquis. Ce qui nous intéresse, c’est la suite », a dit le ministre Komi Koutché. Et pour cette suite, le ministre reste très optimiste dès lors que le Bénin a amené sur ce marché concurrentiel, où sont venus les plus grands bailleurs du monde, un produit qu’il a réussi à vendre à plus de 218 %. « C’est un motif de fierté pour les Béninois que nous sommes », s’est réjoui le ministre qui a toutefois reconnu qu’entre les intentions et la concrétisation des acquis, il n’y a que le comportement des hommes. Pour la suite donc, le gouvernement du Dr Boni Yayi pense pouvoir tirer profit de l’adhésion massive de la communauté nationale pour pouvoir mettre sur orbite les projets qui ont été identifiés. Et pour ce faire, le gouvernement entend travailler pour qu’à l’instar de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, le Bénin puisse aussi aller rapidement vers la mobilisation des ressources. « En tout et pour tout, sur l’horizon 2014-2018, en dehors des ressources déjà identifiées pour les projets en cours et des capacités internes de génération de ressources, nous allons tourner autour de 20 milliards de dollars. Des dispositions sont donc en train d’être prises pour que l’après table ronde soit le plus efficace possible. De façon concrète, il est prévu la mise en place d’un mécanisme très efficace débarrassé de tout «administrativisme» contre-productif devant conduire à la création d’une équipe essentiellement dédiée au suivi de la mobilisation des ressources promises avec bien entendu l’implication, non seulement des ministères sectoriels, mais aussi les ministères chargés traditionnellement de mobiliser des ressources pour l’Etat », a rassuré le ministre Koutché pour qui l’indicateur de performance de la cellule qui sera mise en place et qui sera directement rattachée au Président de la République sera essentiellement le taux de mobilisation des ressources.
Les réformes au MCTIC
Outre la table ronde de Paris, la conférence de presse de M. Komi Koutché a abordé aussi le niveau d’exécution des réformes au ministère de la communication et des TIC. Faisant le point de ces réformes, il est à retenir que les actions qui doivent échoir au 30 juin 2014 et qui concernent les grosses entreprises que sont Bénin Télécom SA et Libercom ont été exécutées avec les diligences requises. Au niveau de Bénin Télécom par exemple, le ministre Komi Koutché a révélé que tout ce qui relève des diligences du ministère de la communication pour les deux schémas approuvés par le conseil des ministres sur appui des experts internationaux en TIC a été fait. Pour ce qui est de Libercom, l’appel d’offres pour l’ouverture du capital social de cette entreprise est en cours en ce moment. La question du passage de l’analogique au numérique n’a pas été occultée.
Le développement : une affaire de tous
Voilà donc de façon globale les différents points abordés par le ministres au cours de sa sortie médiatique, la troisième du genre au cours de l’année 2014 pour faire le point des grandes actions menées par le gouvernement et en même temps se prononcer sur ce qui se fait dans son ministère. Et comme on pouvait s’y attendre, cette introduction liminaire n’a pas manqué de susciter des interrogations auprès des journalistes. Pourquoi une table ronde alors que le Président Boni Yayi est à deux ans de la fin de son mandat ? Combien a coûté la table ronde de Paris ? Qu’en est-il réellement de l’absence du patronat béninois à cette table ronde ? Que ferait le gouvernement si les fruits de cette table ronde ne tiennent pas la promesse des fleurs ? Les questions liées à la sécurisation des investissements ont-elles été abordées au cours de cette table ronde de Paris ? Que pensez-vous du bruit qui a couru et qui a fait état de ce que le gouvernement a versé de l’argent à certains députés pour qu’ils votent une loi qui ôte aux magistrats des droits constitutionnellement reconnus ? Voilà autant de questions posées par des professionnels des médias présents à cette conférence de presse. A chacune de ces questions, des réponses appropriées ont été apportées.
Profitant de l’occasion qui lui a été offerte, M. Komi Koutché a appelé à l’esprit de patriotisme de chaque Béninois pour que quel que soit ce qui nous oppose à tel ou tel, le recours en termes de solutions ne soit pas les actions qui peuvent écorcher l’image de notre pays, étant entendu que la question du développement pour un pays concerne tout le monde.