Le 25e dossier dont la Cour d’assises de Cotonou a connu samedi dernier, est une affaire qui dépasse l’entendement. Un père qui abuse sexuellement en série de ses propres filles, toutes des mineures. Pis, il les fait avorter. Le dernier cas va lui coûter cher. Henri Tchatcha, le papa vicieux et sans pudeur, sera inculpé des crimes de viol sur mineures par ascendant et de complicité d’avortement. Il a comparu samedi 28 juin dernier à la barre présidée par Geneviève Boko Nadjo qui a bénéficié du concours des magistrats Gervais Déguénon et Georges Toumatou ainsi que de quatre jurés tirés au sort. Vu la sensibilité de cette affaire qui touche les bonnes mœurs, la cour a ordonné le huis clos de l’examen du dossier conformément à la loi.
Le résumé des faits présenté par le président de céans renseigne que Henri Tchatcha a, au nombre de ses enfants, deux filles, les nommées A. et B., âgées respectivement de 16 et 13 ans. Ces filles étaient confiées à la garde de leur mère, mais leur père Henri Tchatcha a fini par récupérer A. . La nommée B. âgée de 13 ans l’a rejoint, à son tour, en 2006. Au cours d’une nuit, elle aurait été réveillée par sa grande sœur qui lui aurait demandé de regagner le salon pour regarder un film pornographique. Mais contre toute attente, elle y trouva son père en tenue d’Adam. Elle aurait refusé de se déshabiller comme l’exigeait celui-ci et se serait enfuie pour s’enfermer dans sa chambre.
Une troisième fois, Henri Tcha-tcha aurait demandé à sa fille de se rendre dans sa chambre où il l’aurait rejointe aussitôt, et aurait réussi à l’immobiliser, la bâillonner, avant d’abuser sexuellement d’elle. Par la suite, elle aurait constaté qu’elle n’a plus eu ses règles. Son père lui aurait fait ingurgiter une potion avant de lui faire subir un curetage. Suite aux douleurs pelviennes, elle se serait enfuie chez sa mère à qui elle a raconté les faits. Celle-ci porta plainte contre Henri Tcha-tcha. Interpellé, il reconnaît les faits qui lui sont reprochés tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur, avant de se rétracter au cours de l’interrogatoire au fond. Le bulletin n°1 de l’accusé ne porte mention d’aucune condamnation.
Aux termes du rapport d’expertise, l’accusé Henri Tchatcha n’était pas en état de démence au moment des faits. Le rapport d’enquête de moralité ne lui est pas favorable. Après les débats au cours desquels les filles ont défilé et déposé à la barre, les étapes des réquisitions et des plaidoiries tous tenues à huis clos, la cour déclare Henri Tchatcha coupable des crimes de viol sur mineures par ascendant et de complicité d’avortement. Elle le condamne à la peine de 10 ans de travaux forcés contre les 20 ans que requérait le ministère public représenté par Cyriaque Edouard Dossa. Après 7 ans 8 mois passés en détention préventive, l’accusé Henri Tchatcha poursuit son séjour en prison pour environ deux ans quatre mois. Tous ces détails ont été inscrits au registre par Me Angeline Soares Tossa, greffier d’audience.