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Le Matinal N° 4380 du 30/6/2014

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Echange entre le ministre de la communication et la presse :Les vérités que cache la Table ronde de Paris
Publié le mercredi 2 juillet 2014   |  Le Matinal


Rencontre
© Ministère par DR
Rencontre entre le Ministre de la Communication et les organisations professionnelles des médias au Bénin
Mardi 03 Septembre 2013, Ministère de la Communication, Cotonou : Le ministre Komi Koutché rencontre les médias du Bénin Photo : Le Ministre de la Communication M. Komi Koutché


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Comme il est de coutume, depuis quelque temps, Komi Koutché, ministre de la communication, des technologies de l’information et de la communication était hier face à la presse béninoise. Avec les journalistes, à Azalaï Hôtel de la plage (Cotonou), le ‘’porte-parole du gouvernement’’ est revenu sur la Table ronde organisée à Paris en juin dernier. Malheureusement, il a manqué des précisions nécessaires au sujet de cet évènement. Ce qui laisse entrevoir trop de non-dits autour de cette escapade parisienne aux allures dépensières.


Assez de non-dits sur cette fameuse réunion tenue à Paris, les 17,18 et 19 juin 2014. Il s’agit du montant total du budget qui a servi à l’organisation de ce séjour et de ce que cachent les vraies intentions des partenaires. D’abord, pour ceux qui ont suivi le direct hier (sur la télévision nationale), plus question de rappeler que le ministre de la communication a esquivé la question d’un journaliste qui voulait savoir ce que cette ‘’messe de Paris’’ a coûté au Trésor public du Bénin. Komi Koutché a été fier de pouvoir dire au peuple béninois que le gouvernement est allé au-delà des attentes (plus de 200% de mobilisation) ; mais il n’était pas gêné de ne pouvoir pas dire le montant total des dépenses effectuées dans l’organisation de ce ‘’voyage touristique du Gouvernement’’. Evidemment, il avait raison ; puisqu’il n’en sait rien. Il n’a fait que répéter ce qui lui a été dicté par qui de droit. Et cela ne surprend personne ; car les Béninois sont déjà habitués à ce gouvernement qui vit dans l’improvisation. Que pouvait dire le Ministre de la communication en réponse à la question du journaliste si, même au Trésor, on ne sait pas ce que la Table ronde de Paris a coûté ? Komi Koutché est un homme intelligent et s’il connaissait vraiment ce chiffre, il n’aurait pas peur de le publier. Eh bien voilà des ‘’commerçants’’ qui sont de retour d’un marché mais ne savent pas combien ils ont dépensé. Ils ont pris le soin de noter les recettes et ont calculé les bénéfices (218%) sans connaître les dépenses engagées. on n’ose pas le dire ; mais tout le monde a déduit hier l’incapacité d’un gouvernement dirigé par un banquier qui peine toujours à rassurer sur sa gestion des finances publiques. Tenez-vous tranquille ! Le budget de cette Table ronde ne sera jamais arrêté. En tout cas, pas avant le départ de Yayi Boni. Des factures vont toujours continuer par venir et des régularisations se feront jusqu’à jamais. Au même moment que les journalistes hier, le peuple a suivi le ministre qui disait qu’il y a eu plus de participants que d’attendus. En voilà un justificatif. « Dans une salle de deux cents (200) personnes, il y avait près de 400 », selon le ministre Koutché.
La seconde vérité est celle relative aux intentions des partenaires. Si le gouvernement veut se faire sincère, il doit pouvoir dire au peuple béninois que toutes les intentions ne sont pas nouvelles. Parmi les invités, la plupart sont de vieux partenaires techniques et financiers du Bénin. Ils avaient l’habitude de venir en aide à ce pays dans plusieurs domaines. Ils ont leur budget habituel établi sur une période donnée. Pour la période 2014-2018, retenue pour atteindre les objectifs fixés par la table ronde, il y avait déjà, au niveau de ces partenaires, des fonds à mobiliser au profit du Bénin. Il y en a qui ont même démarré depuis l’année dernière. Et puisqu’ils sont invités, il fallait qu’ils viennent dire quelque chose pour flatter l’égo du Chef de l’Etat. Tout ce qu’ils ont avancé comme chiffre n’est rien d’autre que ce qu’ils avaient depuis longtemps misé sur cette même période. Rien de nouveau. En exemple, le Fonds européen de Développement (Fed) qui n’a rien apporté de plus que ce qui était prévu dans le 11è accord (11è Fed). Il en est de même pour d’autres partenaires ; notamment la Boad, la Bad et l’Union Européenne. Aucun franc de plus que ce qui était budgétisé pour être alloué au Bénin habituellement. C’est-à-dire que même sans Table ronde, ces partenaires enverraient les mêmes montants et ceci, sur la même période. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, il faut retenir que la Table ronde, au lieu d’apporter un plus au Bénin, n’a fait que soutirer des ressources au Tresor public, surtout avec les fonds utilisés pour son organisation.

Les exemples de la Côte d’Ivoire et du Sénégal

Komi Koutché a bien fait d’évoquer en exemple, les cas du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. D’abord, on devrait avoir honte de s’inspirer de ces gouvernements (tous deux neufs, par rapport à Yayi Boni). Et puisque le ministre de la Communication en a parlé, il est bien de lui rappeler qu’en Côte d’Ivoire, il n’y a pas eu Table ronde (pas de cette façon). Le Président Ouattara s’était déplacé pour Paris où il est allé présenter les opportunités d’affaires que regorge la Côte d’Ivoire. Il a demandé à tous investisseurs intéressés de venir pour un partenariat gagnant-gagnant. C’est ainsi que de leur propre gré, les investisseurs viennent depuis l’année dernière se présenter au gouvernement ivoirien pour des offres. Et comme l’a su bien dire le ministre Koutché ; les intentions se concrétisent déjà. Avec ce qui s’est passé à Paris en juin dernier, il y a une différence ; car pour le Bénin, personne ne s’est ajouté de nouveau, mais on a forcé la main aux partenaires traditionnels qui nous ont brandi ce qu’ils avaient prévu pour le pays. Pour faire court, la scène de Paris se résume à ceci : « voici ce que j’avais prévu pour ton pays sur la période 2014-2018. Je n’en ai pas plus ». Pour venir flouer les Béninois, on a totalisé ces prévisions pour dire avoir réalisé 218 % de ce qui est attendu.

Les Présidents Ouattara et Sall sont venus au pouvoir tout récemment et ont tôt fait d’initier des campagnes de mobilisation de fonds pour le développement de leurs pays respectifs. Yayi est leur doyen et a même une référence (ancien président en exercice de l’Union Africaine). Si aujourd’hui, il s’inspire de ces jeunes homologues et organise une Table ronde à la veille de sa retraite, ce n’est pas voir une grande ambition. Mieux, il s’agit de pays dont on ne peut comparer les réalités économiques par rapport au Bénin. Ils ont de la ressource à vendre aux investisseurs. Le Bénin a quoi à vendre à part la terre ? Sur quoi les investisseurs peuvent-ils compter pour venir injecter leur argent au Bénin ? Rien. Et comme l’a dit Abraham Lincoln, « on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».

Mythe autour du départ de Yayi en 2016

Hier mardi 1er juillet 2014, le ministre Koutché l’a encore dit. On n’invente rien ; car les téléspectateurs câblés l’ont suivi en directe. A la question de savoir s’il y aura un suivi pour la concrétisation des intentions des supposés investisseurs après 2016 (car Yayi et sa clique partiront), le ministre de la Communication répond en substance : « ….qui va partir ? On ira où ? On ne va nulle part. Nous serons là... ». Et pour se rectifier, il ajoute : « nous sommes aussi des Béninois et seront dans le pays. Les régimes changent, mais les hommes restent ». Ces déclarations ne rassurent pas toujours. Y-a-t-il quelque chose qui se trame contre la démocratie béninoise ? Peut-on comprendre qu’un coup se prépare contre la loi fondamentale du Bénin dans les prochains mois ? Sinon, en quoi cela dérange le ministre ‘’porte-parole du gouvernement’’ de répondre simplement que même après eux, le prochain régime va poursuivre les réformes ? Pourquoi s’insurger contre le fait qu’on dise qu’ils « partiront » ? S’ils sont venus, n’est-ce pas qu’ils doivent partir ? Après Abiola, Gbadamassi et autres, voilà un ministre du gouvernement qui n’a pas pu rassurer l’opinion nationale et internationale de ce que Yayi partira en 2016.

Félicien Fangnon

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