Les 77 communes que compte le Bénin sont à l’heure du bilan. Qu’elles soient ordinaires ou à statut particulier, il est venu le moment de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur afin d’évaluer le chemin parcouru. En décembre 2002, s’organisaient les premières élections municipales et communales de l’ère du renouveau démocratique. A l’époque, les attentes étaient immenses d’autant plus que la décentralisation avait été présentée comme la solution au mal du sous-développement de nos différentes localités. Une décennie après, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs.
Sitôt installés, les différents conseils communaux et municipaux, au lieu de se préoccuper du mieux-être de leurs électeurs, ont passé le clair de leur temps à entretenir des rivalités internes préjudiciables à l’accomplissement de leur missionA la vague de destitution des maires, a succédé celle de leur ralliement à la cause du pouvoir sur fond de mendicité à l’endroit du gouvernement. Se trouvant dans l’incapacité de réaliser les promesses électorales sur la base des ressources propres des communes, les élus locaux n’ont pas trouvé mieux que de quémander à tue-tête et de manière constante l’appui de l’Exécutif dans leurs initiatives.
Or, les collectivités territoriales disposent de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Le législateur leur a conféré ainsi le droit de mettre en valeur leurs potentialités économiques afin que les affaires locales soient gérées au mieux, quitte à combler le gap au moyen des emprunts, de l’intercommunalité ou de la coopération décentralisée… La liste n’est pas exhaustive. Malheureusement, il n’en est rien.
Le constat le plus récurrent, c’est que les réalités du pouvoir central sont simplement transposées au niveau local. Le soutien au chef de l’Etat occupe une part non négligeable dans l’agenda des élus locaux alors que leurs mandants attendent d’eux des actions salvatrices. Comme les membres du gouvernement, les maires prennent plaisir à circuler dans des véhicules officiels, avec les gyrophares actionnés et les sirènes hurlantes, pour se rendre d’une manifestation à une autre. Pendant qu’ils goûtent avec délectation aux délices du pouvoir, les chantiers du développement sont abandonnés au grand dam des populations.
De même, l’éternelle question du transfert des compétences et des ressources a annihilé nombre d’efforts et étouffé dans l’œuf de multiples initiatives. Ce sujet qui fâche est toujours d’actualité et nécessite des réflexions pointues pour qu’il ne soit plus remis sur le tapis comme une ritournelle. La 3ème génération des maires sera connue dans les prochains mois. Avant d’en arriver là, le mieux serait que le processus de décentralisation soit repensé pour des résultats nettement différents de ceux enregistrés jusqu’ici. C’est à ce prix que ce processus déchaînera véritablement l’espoir.