Les nouveaux membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena) ont été installés dans leurs fonctions par le président de la Cour constitutionnelle, le Professeur Théodore Holo. C’était hier mercredi 02 juillet 2014, au siège de la Haute juridiction à Cotonou, en présence des chefs d’Institutions de la République et personnalités politiques.
L’enceinte de la Cour constitutionnelle a été prise d’assaut hier par un nombre impressionnant d’acteurs politiques à divers niveaux.
Présidents d’institutions de la République, membres du Gouvernement, députés et personnalités politiques ont massivement fait le déplacement pour assister à la prestation de serment des cinq nouveaux membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Après la mise en place des invités et la lecture des textes relatifs à leur installation, la main droite levée vers le ciel, Emmanuel Tiando, Moïse Bossou, Basile Fassinou, Freddy Houngbédji et Geneviève Boko Nadjo ont respectivement déclaré ce qui suit : « Je le jure… ».
Ainsi, ils ont pris l’engagement, devant Dieu et devant les hommes, d’accomplir loyalement leur mission qu’est l’organisation des prochaines élections au Bénin pendant les sept prochaines années. Conscient des enjeux des différentes élections, le président de la Cour constitutionnelle, Théodore Holo les a invités à faire preuve de professionnalisme et de rigueur d’esprit dans l’exercice de leurs fonctions.
« …Vous devez faire preuve d’indépendance et de professionnalisme dans l’exercice de votre mandat, car de ces qualités dépendent la paix sociale et la stabilité des institutions de notre Nation. Votre fonction est essentielle dans le déroulement de notre processus électoral. Vous devez donc être des experts et des professionnels compétents et intègres ; vous devez surtout être des commissaires responsables ayant une conscience aigüe de votre mission… », leur a-t-il recommandé. Poursuivant son allocution, Théodore Holo a souligné que l’organisation des élections législatives de 2015 est impérative pour les membres de la Cena.
Jules Yaovi Maoussi
Discours d’installation du président Holo
Excellences,
Madame, Messieurs les Membres de la Commission Electorale Nationale Autonome,
Honorables Invités,
Mesdames Messieurs,
Permettez-moi de prime abord de vous présenter mes vives félicitations pour votre désignation pour siéger au sein de la Commission électorale nationale autonome (Cena), organe essentiel de notre paysage institutionnel depuis l’ère du renouveau démocratique pour l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles.
Le choix porté sur vous par notre Institution parlementaire est la preuve de la confiance que placent en vous ceux qui vous ont désignés pour accomplir, au sein de cette Commission, la mission essentielle pour la vie démocratique de notre Nation que constitue l’organisation des consultations électorales en toute sincérité et en toute transparence. En effet, et vous le savez tous, l’essence même de la démocratie est l’élection, c’est-à-dire le choix des gouvernants par les gouvernés pour un mandat afin d’exercer, en leur nom, pour un temps, le pouvoir d’Etat. Partout dans le monde, toute élection est l’occasion d’une rude compétition sur la base des règles consensuellement admises.
Mais lorsqu’il s’agit d’entrer en compétition pour exercer le pouvoir d’Etat, les acteurs politiques, et l’expérience l’a amplement prouvé, cherchent souvent sinon toujours à circonvenir les règles établies pour mieux assurer leur victoire. Ces pratiques peu orthodoxes engendrent souvent des tensions susceptibles d’affecter la stabilité et la paix sociale. C’est pourquoi le législateur a opté pour la mise en place d’une structure indépendante des pouvoirs politiques et des acteurs en compétition pour organiser les consultations électorales.
Excellences,
Madame, Messieurs les Membres de la Commission électorale nationale autonome,
Mesdames Messieurs,
C’est donc dans le souci de garantir la sincérité du scrutin que notre pays a désormais admis d’en confier l’organisation à la Cena, organe neutre et indépendant. Cette option comporte des exigences. C’est pourquoi vous devez Madame et Messieurs, faire preuve d’indépendance et de professionnalisme dans l’exercice de votre mandat, car de ces qualités dépendent la paix sociale et la stabilité des Institutions de notre Nation.
Votre fonction est essentielle dans le déroulement de notre processus électoral. Vous devez donc être des experts et des professionnels compétents et intègres ; vous devez surtout être des Commissaires responsables ayant une conscience aigüe des obligations de votre mission.
En effet, pendant la durée de votre mandat, vous aurez à conduire avec rigueur les différentes consultations électorales qui constituent les cycles normaux de notre vie démocratique.
Dans quelques mois, il s’agira pour vous d’organiser, non seulement les consultations locales, mais aussi juste après les élections législatives pour renouveler le mandat des députés. Ces opérations électorales, je ne vous apprends rien, devront se conclure pour la fin du mois d’avril 2015, la nouvelle législature devant impérativement entrer en fonction au plus tard le 15 mai 2015 conformément aux prescriptions de l’article 80 de notre Constitution.
Madame et Messieurs,
Les élections législatives ne sont pas plutôt terminées que vous devrez déjà vous remettre à l’ouvrage pour organiser l’élection présidentielle dans le respect de la Constitution qui dispose en son article 47 que « le premier tour du scrutin de l’élection du Président de la République a lieu trente jours au moins et quarante jours au plus avant la date d’expiration des pouvoirs du Président en exercice » qui intervient le 5 avril 2016 à minuit et aussi dans le respect de l’article 42 de la Constitution qui prescrit que « Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ».
C’est dire donc, Madame et Messieurs les membres de la Cena, que rien ne saurait justifier le report de ces deux élections capitales qui constituent les moments forts de notre vie démocratique depuis les premières consultations électorales législatives et présidentielles de 1991.
Madame, Messieurs,
C’est du respect de ces échéances électorales que notre pays continuera d’être une référence en Afrique ; c’est à ce prix que notre Etat continuera à être un modèle de démocratie apaisée.
Je ne doute pas un seul instant que vous ayez une grande conscience de vos obligations ; je suis aussi persuadé que vous saurez relever ces défis et faire face à ces enjeux en vue de la préservation de la paix sociale. C’est fort de cette conviction qu’il me plaît, au nom des Conseillers à la Cour constitutionnelle, selon l’expression consacrée, « de prendre acte de votre serment et de vous renvoyer à l’exercice de vos fonctions. ».
Je vous remercie.
Impressions
Alassane Zoumarou, ancien député : « …on peut espérer que c’est une Cena digne de nom. »
« Mes impressions sont très bonnes parce que nous avons désormais une Cena véritablement autonome, indépendante et permanente. C’est intéressant au lieu de changer les Cena chaque fois.
On a connu des Cena politiques qui n’ont fait que les jeux des politiciens. Aujourd’hui, on peut espérer que c’est une Cena digne de nom. Par rapport à la cérémonie, c’est le discours du président de la Cour constitutionnelle qui m’a beaucoup édifié en ce sens qu’il fait injonction aux nouveaux membres de la Cena de préparer les élections à bonne date.
Dans ce pays, on ne sait plus où nous sommes. Les élections locales, on ne sait pas quand elles vont se dérouler. Les élections les plus importantes sont en train de venir. Le président de la Cour a alors fait injonction aux membres de la nouvelle Cena de les organiser à bonne date. C’est très important et ça nous rassure. »
Geneviève Boko Nadjo, membre de la Cena : « …je crois que le Bénin entre dans une nouvelle ère »
« J’ai une impression de légitime fierté parce qu’avec l’institutionnalisation de cette Cena permanente, je crois que le Bénin entre dans une nouvelle ère de consolidation de sa démocratie et de l’Etat de droit. Vous avez suivi le Professeur Théodore Holo, je ne veux pas le paraphraser. Son discours contient tous les éléments de notre mission. Je crois qu’on va s’y employer pour qu’au bout de sept ans, vous puissiez véritablement conclure à ce que les fruits ont tenu la promesse des fleurs.
Comme lui, je pense qu’il faut que les élections se tiennent à bonne date. C’est une vraie caractéristique de l’Etat de droit. On vient de commencer. Laissez-nous travailler. C’est au pied du mur qu’on reconnaît le vrai maçon. »
Amissétou Affo Djobo, ancienne députée : « …Je ne me fie pas au discours politique du Pdt de la Cour… »
"C’est la première fois que nous avons une Cena permanente. Vu la qualité de ses membres, je crois que nous allons amorcer un autre pont d’organisation de nos élections dans notre pays, le Bénin. Je ne veux pas me fier au discours politique du président de la Cour constitutionnelle pour baser ma confiance aux membres de la Cena. Le fait que cette Commission est composée de cinq membres dont une femme de poigne, je crois que nous pourrons espérer que les choses se passent désormais autrement en matière d’organisation des élections dans notre pays.
En plus, je voudrais dire que cette prestation de serment des membres de la Cena a eu lieu pendant le mois de Ramadan, mois d’intenses prières des musulmans et de tout le peuple béninois. Je crois que ces prières vont les accompagner dans la mission qui est désormais la leur, afin qu’ils soient éclairés pour se mettre véritablement au travail dans l’intérêt général".
Docteur Basile Fassinou, membre de la Cena : « …je me battrai pour que les textes de la République soient respectés ».
"Mes impressions sont bonnes comme dans toutes les cérémonies officielles. Il ne s’agit pas de partir d’une installation officielle pour dire que tout va bien. En tout cas, la cérémonie s’est bien déroulée. Vous voyez que ça s’est passé dans une ambiance conviviale.
Mon espoir est que cela continue de cette manière. Pour relever le défi d’organisation des élections, moi, personnellement dans un groupe que vous connaissez, ma personne ne suffit pas pour prendre une décision. En ce qui me concerne, je me battrai pour que les textes qui régissent notre institution soient respectés. Et, vous aurez à le constater.
En 2001, j’ai déjà participé à ce niveau à l’organisation d’une élection présidentielle. C’est pour vous dire que je me battrai pour que les textes de la République soient respectés. Je ferai tout ce qui est de mon ressort dans ce sens.
Je dirai enfin qu’il faut que la lenteur dans l’actualisation de la Lépi soit corrigée et que la liste prévue en novembre soit prête en août ou octobre pour que nous puissions rapidement organiser les élections locales".