Les cinq membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA) désormais permanente sont officiellement installés. La cérémonie de leur installation a été placée hier mercredi 2 juillet sous l’égide des membres de la Cour constitutionnelle en présence des présidents des institutions de la République, des membres du gouvernement, des députés à l’Assemblée nationale, des acteurs politiques et des parents et amis des récipiendaires..
Conformément aux dispositions de la loi n°2013-06 portant Code électoral au Bénin, les cinq membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA) ont pris fonction. Ils ont chacun prêté le serment prévu à cet effet.
Main droite levée et dirigée vers le ciel, Moïse Bossou, Basile Fassinou, Fréddy Houngbédji, Emmanuel Tchiando et Geneviève Boko Nadjo ont chacun juré de bien remplir fidèlement et loyalement, en toute impartialité et équité les fonctions dont ils sont investis, de respecter en toutes circonstances les obligations qu’elles imposent et de garder le secret des délibérations auxquelles ils ont pris part.
La prestation de ce serment consacre ainsi leur entrée officielle en fonction pour un mandat de sept ans non renouvelable. Lequel serment a été reçu par le président de la Cour constitutionnelle qui en a pris acte avant de les renvoyer à l’exercice de leurs fonctions.
Le président Théodore Holo a saisi l’occasion pour présenter ses vives félicitations aux cinq récipiendaires. Il leur a rappelé l’importance de la CENA dans un état démocratique. Selon lui, la CENA est un organe essentiel pour l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles.
«Le choix porté sur vous par notre institution parlementaire est la preuve de la confiance que placent en vous ceux qui vous ont désignés pour accomplir, au sein de cette commission, la mission essentielle pour la vie démocratique de notre nation que constitue l’organisation des consultations électorales en toute sincérité et en toute transparence», martèle le président de la Cour constitutionnelle.
«L’essence même de la démocratie est l’élection, c’est-à-dire le choix des gouvernants par les gouvernés pour un mandat afin d’exercer, en leur nom, pour un temps, le pouvoir d’Etat», souligne-t-il avant de reconnaître que partout dans le monde les élections ont été toujours des moments d’une rude compétition.
Théodore Holo a invité les cinq membres de la CENA à faire preuve d’indépendance, d’intégrité, de rigueur, de compétence et de professionnalisme dans l’exercice de leur mandat. De ces qualités dépendent la paix sociale et la stabilité des institutions du Bénin, poursuit-il.
Les défis en instance
Le président de la Cour constitutionnelle a mis l’accent sur les défis qui les entendent. Il leur a rappelé l’organisation dans quelques mois des consultations locales, communales et municipales. Juste après ils auront à organiser les élections législatives pour renouveler le mandat des députés actuels qui arrive à terme le 15 mai 2015.
Pour Théodore Holo, ces opérations électorales devant avoir lieu avant la fin du mois d’avril 2015. A peine les élections législatives terminées, la CENA aura à faire encore à une autre patate chaude : l’élection présidentielle de 2016.
Et ceci dans le respect de la Constitution qui dispose en son article 46 que «Le premier tour du scrutin de l’élection du président de la République a lieu trente jours au moins et quarante jours au plus avant la date d’expiration des pouvoirs du président en exercice» qui intervient le 5 avril 2016.
Et aussi, conformément à l’article 42 de la Constitution qui prescrit que «Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois.
En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels». En faisant le rappel de ces articles de la Constitution, le président de la Cour constitutionnelle a voulu marteler que «rien ne saurait justifier le report de ces élections capitales qui constituent des moments forts de notre vie démocratique depuis les consultations électorales législatives et présidentielles de 1991». C’est du respect de ces échéances électorales que le Bénin continuera d’être une référence en Afrique et un modèle de démocratie apaisée, conclut Théodore Holo.
Les impressions de quelques personnalités
A la fin de la cérémonie d’installation officielle des nouveaux membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA), quelques personnalités livrent ici leurs impressions.
Propos recueillis par Thibaud C. NAGNONHOU et Bertrand HOUANHO (Stag
Alassane Zoumarou, ancien député à l’Assemblée nationale
«On peut faire confiance aux nouveaux membres de la CENA » «J’ai une très bonne impression de ce qui vient de se passer.
J’ai personnellement pris partie pour une CENA permanente, indépendante et non politisée. Et c’est ce à quoi nous venons d’assister ce jour. Le discours du président de la Cour constitutionnelle m’a beaucoup plu en ce sens qu’il a donné injonction aux nouveaux membres de la CENA de préparer les élections à bonne date. C’est très important parce que là on ne sait plus sur quel pied nous dansons. Les élections locales et communales ont été repoussées jusqu’à quand on ne saurait le dire. Je connais la majorité des membres de la CENA qui ont prêté serment. C’est des gens de grande valeur. Je pense qu’on peut leur faire confiance».
Melvina Iroko, Société civile «On peut applaudir d’avance cette CENA»
« Mes impressions sont naturellement bonnes.
Pour la première fois on a une CENA qui sera permanente et à voir la qualité des hommes et de la femme qui siègent on ne peut que se réjouir, applaudir d’avance et se dire qu’on aura très prochainement de bonnes élections.
Ma présence ici se justifie en ce sens que Geneviève Boko Nadjo qui a été plébiscitée au sein de cet organe est membre du Compendium des compétences féminines béninoises dont je suis la présidente. Je suis donc venue soutenir cette vaillante dame dont les compétences ne sont plus à démontrer».
Léa Hounkpè, Secrétaire administrative permanente de la CENA
«On a plus d’amis quand on est membre de la CENA» «L’installation des nouveaux membres de la CENA est attendue depuis. C’est une joie pour le pays parce qu’enfin nous allons dans la permanence au lieu de renouveler les membres de cette institution à la veille de chaque élection.
Au niveau du Secrétariat administratif permanent de la CENA (SAP/CENA), on attendait particulièrement cette installation pour passer service aux nouveaux membres. Conformément à la loi, le SAP/CENA n’existera plus avec cette installation. Nous avons eu un mandat de cinq ans.
Nous avons joué notre match pendant les cinq ans. Nous avons fait des prolongations et maintenant le match est fini. Nous sommes très fiers du bilan de ma mandature au SAP/CENA. Comme conseil, je dirais aux nouveaux membres qu’à ce poste on n’a plus d’amis. Sinon, ce serait foutu.
Il faut vraiment être impartial pour la paix du pays. En tout cas, pour ma part, c’est avec grande fierté que je veux passer le témoin. Au cours de mon mandat, je n’ai été l’amie d’aucun camp, ni de gauche, ni de droite. J’ai bien fait mon travail».
Orou Toro Orou Guiwa, membre du gouvernement
«C’est un grand évènement»
«L’installation ce jour des membres de la CENA est la preuve que la démocratie est en marche chez nous. Les mots du président de la Cour constitutionnelle sont assez clairs et sans ambages. C’est un grand événement. Nous sommes en train d’évoluer vers la tenue effective des élections.
Le législateur a bien fait de mettre en place une CENA qui soit indépendante des pouvoirs politiques. On a eu des difficultés en ce qui concerne les élections locales et ça se comprend dans la mesure où nous avons une Liste électorale permanente informatisée (LEPI) qui avait des problèmes d’arrimage de bureau de vote et des électeurs. Quand il s’agit d’une élection législative, la circonscription électorale est assez large.
Pour le cas de l’élection du président de la République, la circonscription électorale est unique. Mais s’agissant des élections locales, c’est différent. Le fait de ne pas pouvoir voter pour son candidat là où on est inscrit amène des problèmes.
C’est pour cela qu’on est en train de corriger la liste électorale et la correction prend du temps. C’est cette lenteur qui explique le report sine die des élections municipales et communales encore que constitutionnellement, il n’y a pas de délai pour les élections communales.
Ce qui n’est pas le cas des élections législatives et présidentielles. La Constitution du 11 décembre 1990 est bien claire là-dessus. Le problème de report ne se posera jamais en ce qui concerne ces deux dernières élections».
Nicaise Fagnon, député et membre du COS-LEPI
«J’ai aimé le discours du président de la Cour constitutionnelle»
«Je suis content parce que je viens d’assister à une cérémonie qui a martelé les dispositions constitutionnelles quant à l’organisation à bonne date des élections parce que quand nous Béninois nous parlons, nous oublions souvent les textes.
Le président de la Cour constitutionnelle a rappelé que les échéances constitutionnelles en matière d’organisation d’élections, législatives et présidentielles ne doivent pas souffrir de modification. Ce n’est pas parce que la Cour a dit que sans la LEPI, il n’y a pas d’élection que les gens devront aller à la dérive.
Ce que la Haute juridiction a dit est juste, notamment parce que les élections communales sont des élections de proximité. La correction de la LEPI est nécessaire et c’est ça que le Parlement a démarré en faisant voter les lois sur les unités administratives et les centres de vote.
Lesquels centres de vote ont donné lieu au repérage des coordonnées géographiques et à la codification. Ce qui veut dire que chaque centre de vote à un numéro d’identification. Ce qui n’était pas le cas par le passé. Ensuite, la correction permet aujourd’hui d’arrimer chaque électeur à son lieu de résidence et à un centre de vote proche de sa localité.
Avec cette installation, nous sommes suffisamment conscients de la responsabilité qu’est la nôtre au sein du Conseil d’orientation et de supervision de la LEPI (COS/LEPI). Si nous avons dit que la version corrigée de la liste sera prête au plus tard fin novembre 2014 prochain, c’est compte tenu de certaines réalités. Nous ne voulons pas avoir à corriger une liste électorale qui soit encore susceptible de contestations.»
Amissétou Affo Djobo, ancien député à l’Assemblée nationale
«Je souhaite que ces nouveaux membres de la CENA marchent sur leur serment» « Je me réjouie que nous soyons arrivés à bout du processus avec l’installation ce jour des membres de la CENA. Je félicite tout ce qui a été fait au niveau parlementaire malgré que nous ayons eu quelques frayeurs.
J’étais très indignée de voir qu’il n’y avait pas une femme parmi les membres que les politiciens ont désignés et grâce aux magistrats nous avons pu avoir la femme. Je pense qu’avec l’installation de la CENA les membres du COS/LEPI vont se mettre au travail afin que nous puissions avoir des élections.
On a déjà un an et demi de retard par rapport aux élections communales. Notre souhait est que les législatives se fassent à bonne date ainsi que la présidentielle de 2016. Je ne vais pas commenter le discours du président de la Cour constitutionnelle parce que je ne fais plus foi aux allocutions des hommes politiques. Je fais foi à ces cinq membres de la CENA qui ont été installés.
Et je souhaite que Dieu les éclaire en ce mois de Ramadan où ils ont prêté serment pour qu’ils marchent vraiment sur leur serment et que nous puissions véritablement connaître au Bénin des élections sincères, libres et transparentes».