La justice est décidée à faire la lumière sur l’assassinat du premier président de la Cour d’appel de Parakou. Elle a ouvert à cet effet, mercredi 2 juillet 2014, des assises supplémentaires à Parakou pour la manifestation de la vérité. Le procès, selon la présidente de la Cour, Huguette Balley Falana, vise à trouver le criminel qui a ôté la vie à un magistrat de ce rang.
Séverin Coovi, magistrat, précédemment président près la Cour d’appel de Parakou, retrouvé mort à bord de sa voiture est à la recherche de son assassin. Pour la manifestation de la vérité, 9 ans après sa mort, des assises supplémentaires sont organisées à la Cour d’appel de Parakou. 75 témoins sont convoqués pour éclairer les juges sur l’auteur du crime. L’affaire est intitulée « Dossier n°015/Pg-06 : Ministère public contre Adétona Clément, Moussé Raïmi et Amadou Ramane », tous inculpés d’assassinat. A l’ouverture du procès, Huguette Balley Falana, présidente de la Cour déclare : « Les présentes assises revêtent une particularité en raison de la qualité de la victime qui se trouve être le premier président de la Cour d’appel de Parakou. Elle a pour but, la manifestation de la vérité. » Invité à comparaître, le premier inculpé sur la liste, Clément Adétona, cuisinier de la victime au moment des faits, contredit ses propos de l’enquête préliminaire. Il rejette toutes les accusations portées à son encontre. Il ne reconnaît pas les faits. Le mis en cause précise qu’à l’enquête préliminaire, il n’était pas dans ses états normaux. « On m’avait fait prendre des stupéfiants notamment des Kola. Je n’étais pas conscient quand j’affirmais tout ce qui a été transcrit sur les procès-verbaux de l’enquête préliminaire. » L’accusé ne s’arrête pas sur ces déclarations. « Je vous assure que la vérité sera dite », a-t-il confié à la barre à l’étonnement des avocats de la partie civile. Pour certains, il faut déporter l’accusé au domicile du président pour agir sur sa conscience. Ces déclarations qui contredisent fortement toutes les révélations faites à l’enquête préliminaire, donnent du fil à retordre à la Cour composée de Huguette Balley Falana, au poste de président, Pascal Dakin, représentant le ministère public, Me Brice Dossou en qualité de greffier et MM Edouard Ignace Gangny et Aleyya Baco Gouda, tous deux assesseurs. Les plaidoiries de l’avocat conseil du mis en cause vont dans le même sens que celui du client Clément Adétona. Mais les réquisitions du ministère public le culpabilisent d’un délit de crime. A la suite de Clément Adétona, c’est le gardien de la victime, Boni Yarou Kora qui a comparu. Les populations venues très nombreuses pour assister à l’audience, ont eu droit à un procès houleux et une première journée très chaude.
Beaucoup d’absences pour un procès sous haute sécurité
L’enceinte de la Cour d’appel de Parakou était bondée de monde à l’occasion des assises supplémentaires. C’était bien prévisible au regard de la nature du dossier. C’est à juste titre que des dispositions sécuritaires particulières ont été prises à cet effet. La foule de curieux était encadrée à chaque 10 m² par des militaires, gendarmes et policiers. Sur les 75 témoins convoqués, seulement une vingtaine a répondu à l’appel. Certains cas d’absence ont été justifiés. C’est l’exemple de Michel Lolo Chidiac, qui pour des raisons de santé n’a pas pu faire le déplacement. On note également des cas de décès notamment Bello Moumouni qui a tiré sa révérence en 2007. Mais de toutes les absences, celle du député Rachidi Gbadamasi a été très remarquable. L’élu du peuple, jadis présumé principal accusé dans ce dossier de meurtre et blanchi par la Justice, a brillé par son absence à la surprise générale des populations.
Jean-Claude Kouagou et Blaise Okpara (Br Borgou-Alibori)