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Le Matinal N° 4383 du 3/7/2014

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Démocratie- Justice-élections libres et liberté de presse:Les inquiétudes soulevées par les Usa sur le Bénin
Publié le vendredi 4 juillet 2014   |  Le Matinal


Atelier
© Ambassade par DR
Atelier sur la justice pénale transatlantique
Mardi 04 Février 2014, Bénin Marina Hôtel, Cotonou : Haut fonctionnaires et membres des gouvernements Béninois et Américain participent à la cérémonie d`ouverture du séminaire sur la justice pénale transatlantique principalement destiné à des pays de la CEDEAO. Photo : Son Excellence Michael Raynor, Ambassadeur des Etats-Unis près le Bénin


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Dans la soirée d’hier jeudi, Michael Raynor, Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique près le Bénin a délivré un message à plusieurs sens, à l’endroit du gouvernement et le peuple béninois. C’était à sa résidence, dans le cadre de la célébration de la fête de l’indépendance de son pays.

Comme témoins, il y avait le ministre Arifari Bako, Théodore Holo, président de la Cour constitutionnelle, Joseph Gnonlonfoun, Médiateur de la République, le Chef d’Etat major général des armées, les Préfets et plusieurs autorités béninoises.

C’est un signal fort qui a été lancé hier au Président de la République et son gouvernement. Les Etats-Unis ont profité de cette cérémonie pour rappeler au Bénin, les bases de leur collaboration.

Et si l’appel est pris en compte, la justice et la presse en sortiront glorieuses. Même si ce n’était pas l’intention, l’Ambassadeur a délivré un message qui coïncide avec une situation douloureuse que vit le peuple béninois depuis peu.

« …l’une des raisons pour lesquelles il est si facile pour les Américains de se sentir à l’aise ici au Bénin, est que le peuple des Etats-Unis et le peuple du Bénin partagent certaines valeurs fondamentales. Comme les Américains, le peuple du Bénin croit en la démocratie multipartite, et en des élections libres, équitables et organisées à bonne date ».

Ce passage du discours de l’Ambassadeur dit tout. Point n’est besoin de rappeler que la démocratie béninoise est en difficulté depuis peu (privation des libertés, menace sur la séparation des pouvoirs et menace sur les libertés de presse…).

Michael Raynor peut dire ne pas délivrer son message dans ce sens, mais il vient de parler à un moment où au Bénin, au lieu de cinq ans, les maires viennent de faire plus de six ans. Nous sommes à la veille des législatives et l’outil dit principal pour organiser les élections en République du Bénin est loin d’être disponible. Il y a seulement une semaine, un journaliste est sorti de prison pour délit de presse. Il y en a dans le pays qui sont sous condamnation.

Point n’est besoin d’évoquer le projet de loi, portant Code de l’information qui maintient l’emprisonnement des journalistes au Bénin. Et s’il est permis d’aller vers l’arrière, on peut évoquer le cas de la bastonnade des syndicalistes qui ont voulu protester le 27 décembre 2013. Bref, les bases de collaboration entre le Bénin et les Usa, évoquées par l’Ambassadeur sont menacées. Et cette insistance, sur ce que tout le monde savait déjà, est une manière d’attirer l’attention de qui de droit et inviter indirectement à une prise de conscience.

Il vient ainsi de rejoindre Théodore Holo, Président de la Cour constitutionnelle qui, dans son message le mercredi, à l’occasion de l’installation des membres de la Commission électorale nationale autonome (Cena) avait déjà récité au Président de la République les passages de la Constitution béninoise qui prévoient l’organisation à bonne date des élections en République du Bénin. Plus loin dans son message, l’Ambassadeur Raynor a poursuivi : « nous croyons en l’importance de systèmes judiciaires indépendants et intègres.

Nous croyons à la liberté de la presse et à la liberté d’expression. ». Ici encore, on peut retenir trois choses. Le système judiciaire. Il y a longtemps qu’il est paralysé au Bénin à cause de certaines revendications que le gouvernement a refusé de satisfaire (alors qu’il ne s’agit pas d’augmentation de salaires, ni de primes). On en était là quand, contrairement au système démocratique auquel sont attachés les Usa, des députés décident de retirer aux magistrats leur droit de protestation, d’association et même d’éligibilité politique.

Tous ces droits qu’on tente de retirer aux magistrats sont pourtant prescrits par la Constitution béninoise. Alors, on en déduit que la loi fondamentale du Bénin est en voie d’être violée. Et le message de Raynor vient à point nommé. Pour ce qui est du troisième point, il s’agit de la presse et plus haut sa menace a été décrite.

Le risque que court le Bénin en cas de récidive

« Ces convictions que nous partageons créent de nombreuses opportunités entre nos deux pays pour l’engagement et le progrès. Depuis la célébration de la Fête de l’indépendance l’année dernière, le coût des projets du gouvernement américain au Bénin s’élève à environ soixante millions de dollars, soit près de trente milliards de francs Cfa.

Ce niveau d’investissement n’aurait pas été atteint sans notre collaboration continue et notre vision partagée de la démocratie renforcée par la bonne gouvernance, l’égalité du sexe, l’éducation, la santé et le développement économique… ».

C’est le même Ambassadeur qui a poursuivi son message sur les rapports ente le Bénin et son pays. Il faut y comprendre qu’il s’agit d’une mise en garde contre une éventuelle menace sur la démocratie (très chère aux Usa). Si le Bénin ne revoit pas aussitôt sa gouvernance (malade) et ses comportements vis-à-vis de la démocratie (en danger), il est clair qu’il aura piétiné ses liens de relation avec les Usa. Conclusion : c’est tout le pays qui en subira les effets.

Dans le même discours, le mot « jeunesse » est revenu plusieurs fois. L’accent a été mis sur cette génération. Pour l’Ambassadeur, il est important de tenir compte de la jeunesse pour assurer le développement ; car, a-t-il justifié, elle a été importante pour la libération des Usa et son émergence.

Tout le monde sait aujourd’hui ce que le pouvoir actuel fait de la jeunesse. Alors que cette génération est en souffrance (chômage, délinquance, manque d’éducation, mauvaise orientation, exclusion …), on a pris l’habitude de s’amuser avec elle. C’est cette jeunesse qui a été victime des concours frauduleux organisés puis annulés récemment. C’est elle qui est marginalisée dans la gestion du pouvoir (faible représentation au gouvernement et dans les grandes instances de décision) et c’est encore elle qu’on utilise abusivement pour faire de la politique.

Lorsqu’on a envie de répondre à des adversaires politique, c’est cette jeunesse (à jeun) qu’on réunit au Palais de la Présidence de la République pour parler. La jeunesse béninoise est souvent sollicitée pour les marches de soutien et autres…Les Etats-Unis sont représentés au Bénin et fait certainement tous ces constats. Ce message de l’Ambassadeur vient montrer au gouvernement, la voie à suivre pour bien gérer les jeunes.

Les réponses du ministre Bako à l’Ambassadeur

Prenant la parole, Nassirou Arifari Bako, ministre des affaires étrangères, n’a pu contredire le messager des Usa. Il s’est contenté de jeter des fleurs à ce grand pays et revenir sur les actions du gouvernement dans le cadre de cette coopération bilatérale. Il a nourri le vœu de voir le Bénin se renouveler le second compact du Millenium challenge account.

La fête d’hier a été ouverte par la coupure de gâteau, marquant le 238ème anniversaire de l’indépendance des Usa. Sa majesté, le roi de Savalou a profité de l’occasion pour offrir à l’Ambassadeur une sculpture (symbolique) en guise de reconnaissance à la contribution des Usa pour le développement du Bénin.

Félicien Fangnon

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