L’une des étapes importantes du mandat de la Commission électorale nationale autonome (Cena) qui va siéger durant sept ans, c’est la désignation de son président. Personne ne doute des différentes compétences qui la composent, mais on se demande si enfin l’on choisira l’homme qu’il faut pour conduire ce challenge. En attendant de connaître le successeur de Joseph Gnonlonfoun, président de la précédente Cena, la question est sérieusement débattue dans de nombreux cercles.
A peine installée, la nouvelle Cena doit déjà se projeter dans la désignation de son président. Ce n’est pas le premier chantier auquel elle va s’attaquer, mais c’est un exercice qui se révèle souvent périlleux et parfois une véritable aubaine pour voir confie les rênes de l’Institution à une personnalité aux ordres du gouvernement. L’expérience a régulièrement conduit le pays à des consultations électorales contestées qui laissent le champ libre à des tensions. Sur la liste des membres désignés pour organiser les prochaines élections, des personnalités répondant à ce profil ne manquent pas. Mais pour l’instant on ne va pas s’attarder sur cette faiblesse de notre pratique électorale. Ce qu’on a constaté, est que dans leur majorité les observateurs ont accueilli avec respect et espoir, la désignation des différentes personnalités devant siéger dans une Cena qui se veut plus professionnelle et impartiale. On aurait souhaité qu’elle soit technique avec la présence en son sein, des spécialistes des questions électorales. Cependant, on ne néglige pas l’expérience déjà capitalisée en matière d’organisation des élections par certains membres. C’est le cas de Geneviève Boko Nadjo. Magistrate, elle a œuvré à l’organisation des législatives de 1999 en qualité de membre de la Commission électorale départementale (Ced). En 2001 pour la présidentielle et 2003 pour les députations, elle a été membre suppléant à la Cena. De plus, Geneviève Boko Nadjo est titulaire d’un master en management des élections. Dans le même registre, il faut inscrire Basile Fassinou. Ce titulaire d’un doctorat d’Etat en médecine, a également un passé riche en expérience dans le domaine de management des élections. Membre de la Ced Littoral en 2001, de la Cena pour le compte des consultations électorales de 2007 et 2008. Au sein de sa coalition politique, l’Union fait la Nation, il a conduit la gestion du processus électoral. Il faut souligner qu’il a une connaissance approfondie dans la mise en œuvre de la Lépi. Quant aux autres membres au palmarès presque vierge sur le terrain de la gestion des élections, ils sont entre autres crédités d’un bon niveau intellectuel et pour quoi pas d’une expérience dans la conduite des affaires publiques et en ce qui concerne les usages des Institutions de la République. Il s’agit bien évidemment de Emmanuel Tiando et Moïse Bossou, qui ne l’oublions pas sont des enseignants du supérieur. Freddy Houngbédji, fils de Adrien Houngbédji, président du Parti du renouveau démocratique (Prd) fait aussi partie de cette prestigieuse liste. Il tire parti de la personnalité emblématique de son père, un homme de poigne. Tel père, tel fils ? Freddy a l’opportunité de le prouver désormais. Avocat de profession, il a eu la chance d’avoir travaillé au cabinet de Me Saïdou Agbantou, ancien président de la Cena.
Eviter de tailler des textes sur mesure
Si la très attendue, élection du prochain président de la Cena devra se dérouler sur la base des règles équitables pour tous, beaucoup applaudiront. Mais lorsqu’il s’agira de tailler sur mesure les textes régissant cette désignation, la crédibilité de l’Institution prendra un sérieux coup. C’est d’abord de la qualité des textes, qui doivent être inclusifs et non exclusifs qu’on déduira de la suite du processus. Il faut que les cinq membres fassent beaucoup plus preuve d’exemplarité en évitant de mettre en œuvre les indices qui divisent et suscitent la suspicion. Dans de pareilles circonstances où les membres en présence peuvent se faire confiance, il vaut mieux que le choix du président de la Cena se déroule comme un jeu d’entente, au lieu qu’elle devienne une compétition enlevée très souvent de mauvais goût. Certains trouveront que Basile Fassinou et Geneviève Boko Nadjo incarnent mieux les espoirs que les Béninois placent en la Cena. D’autres au contraire soutiendront que ce sont Emmanuel Tiando, ou Moïse Bossou. Très peu de gens souhaiteront qu’on confie les rênes de la Cena à Freddy Houngbédji. Tout cela n’est qu’un espoir éphémère. Le seul véritable espoir de renaissance qu’il faut nourrir, c’est la capacité de la nouvelle institution permanente à organiser des élections de bonne qualité qui inspirent confiance à tous. C’est de rêver de voir cette Cena montrer sa capacité à devenir un système de référence dans la sous région, objet d’identification et d’admiration pour tous les Béninois. C’est le défi auquel, les différentes Forces vives de la Nation doivent inviter le prochain président de la Cena et toute son équipe.