Les fidèles musulmans observent depuis le samedi 28 juin le carême. Cette période de privation rime avec la cherté des fruits, un élément clé pour la rupture. Les vendeuses réalisent alors des bénéfices et les musulmans en font les frais.
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Le carême musulman a commencé depuis le samedi 28 juin dernier. Cette période de privation va de pair avec la cherté des fruits. Et déjà, banane, papayes, oranges, pommes, ananas… ont vu leurs prix grimpés. Les oranges qui se vendaient à 25 F Cfa l’unité sont maintenant cédées à 50 F voire 75 F Cfa l’unité. Les bananes qui étaient à 100 F Cfa l’unité, sont vendues à 200 F voire 225 F Cfa. Même constat du côté des autres fruits qui ont doublé voire triplé de prix. Les ménages musulmans fustigent la recherche du profit qui anime un bon nombre de commerçants de ces fruits durant ce mois de Ramadan. Pour certaines vendeuses, ce n’est pas forcément la recherche du profit qui justifie cette flambée des prix. Selon elles, c’est la loi du marché qui se manifeste sur le terrain. « Nous ne sommes pas des exploitants. Nous sommes des revendeuses donc, nous revendons les fruits en fonction de leurs prix d’achat. Si nous prenons par exemple le régime de banane qui se vendait à 1500 F ou 2000 F Cfa, on nous vend actuellement ce même régime à 3000 F voire 3500 F Cfa. Il faut payer le transporteur et celles qui nous aident à vendre. Vous comprenez aisément qu’on n’exagère pas en augmentant un peu le prix des fruits », a expliqué dame Solange Gbégamey. Si chez certaines vendeuses, la flambée des prix se justifie, ce n’est pas le cas chez d’autres. Animées par l’esprit mercantile et la cupidité, certaines revendeuses calculent le début des carêmes pour s’approvisionner en fruits. C’est le cas de Yvette, une revendeuse de fruits qui achètent les fruits bien avant le début des carêmes pour les revendre cher après. « Qui dit commerce, dit forcément profit. Et il faut avoir du flair et les tactiques pour faire le maximum de profit. Le fait de vendre cher les fruits pendant la période des carêmes n’est pas un vol. C’est la loi du marché. Quand la demandes est plus forte que l’offre, il faut en profiter. On sait que nos frères et sœurs musulmans ont besoin des fruits pour rompre leur jeûne. Certains en ont besoin tôt le matin pour démarrer aussi le jeûne. Forcément, ils vont en acheter… », a précisé dame Rebecca. A chaque période du Ramadan, les prix des fruits et légumes grimpent. Cette flambée des prix touche également les oignons, les pommes de terre, l’ail, la salade, les carottes et autres. D’où la grogne de certaines ménagères qui ont du mal à remplir leur panier. « Tout est cher sur le marché. Les gens pensent que le mois de Ramadan vient avec de l’argent et ils veulent prendre leur part, mais ce n’est pas vrai. Au contraire, c’est une période d’énormes dépenses. Et nous sommes obligés d’y faire face », s’exclame dame Rissicatou.
Aucune structure de régulation des prix
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Ainsi, tous les fruits de grande consommation connaissent en période de carême une augmentation vertigineuse au niveau des prix, au grand dam des musulmans qui ne peuvent pas se plaindre car, il n’y a aucune structure de régulation en la matière. « C’est dommage car, chacun se lève et fixe son prix. Dans certains pays comme Djibouti, l’Etat fixe un plafond à ne pas dépasser au niveau de chaque fruit en période de Ramadan. Tout vendeur indélicat qui vendra ses fruits au-delà de ce plafond est puni par la loi. Il faudrait que cela arrive dans notre pays », a souhaité El Hadji Imorou. Pour certains jeunes musulmans, à défaut de consommer beaucoup de fruits, ils choisissent un seul fruit et continuent le reste de la rupture de carême avec de la bouille. « Pour ne pas trop dépenser, je prendre une seule orange pour rompre le jeûne, c’est largement suffisant. Après avoir sucé cette orange, je prends la bouille avec du "Atta". Parfois, je prends une banane pour rompre mon jeûne. Je n’ai pas assez d’argent à gaspiller en prenant beaucoup de fruits », a expliqué Gafarou. Si au niveau des jeunes musulmans, il faut observer une certaine discipline financière pour traverser cette période, ce n’est pas le cas chez des musulmans d’un certain âge. « En tant que chef de famille, vous devez rompre le jeûne avec tous les membres de la famille. Il faut donc vous rassurer que tout le monde a bien rompu le jeûne. Donc, j’achète suffisamment de fruits pour que tout le monde puisse en trouver. Parfois, cela me coûte jusqu’à 5000 F Cfa, mais ce n’est rien car, c’est un mois de grandes bénédictions. Il faut donc poser des actes de générosité pour avoir assez de bénédictions. Donc, la cherté des fruits ne peut pas nous empêcher de faire le carême », a expliqué El Hadj Imorou.
Certes, la cherté des fruits n’empêche pas le carême, mais elle occasionne une saignée financière au niveau des ménages musulmans.
